THE THING de Matthijs Van Heijningen Jr. (2011)

THE THING

Titre original : The Thing
2011 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h43
Réalisation : Matthijs Van Heijningen Jr.
Musique : Marco Beltrami
Scénario : EricHeisserer d’après John W. Campbell Jr.

Avec Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Ulrich Thomsen, Eric Christian Olsen et Tront Espen Seim

Synopsis: La paléontologue Kate Lloyd part en Antarctique pour rejoindre un groupe de chercheurs norvégiens ayant trouvés un vaisseau extraterrestre emprisonné dans la glace. Ils découvrent également un spécimen prisonnier dans la glace qui semble être été éjecté du vaisseau après le crash. Seulement rapidement, la créature est libérée de la glace, créature pouvant imiter  la perfection tout organisme vivant…

Faire un remake n’est jamais une chose aisée. Le public récent et lambda n’ayant en général jamais vu l’œuvre originale, et le public un peu plus cinéphile et âgé adule l’œuvre originale. Au lancement de la production de The Thing, ce sont tous les fans qui ont criés au scandale (moi le premier). Pour calmer le jeu, l’annonce d’un remake se changea finalement assez rapidement en l’annonce d’une préquelle. Le jeu fut calmé pendant un temps. Les premières images apparurent rapidement sur le net, et finalement, on pouvait se poser des questions : que fait une femme dans cette histoire censée se dérouler quelques jours avant le film culte de Carpenter de 1982. Un film qui n’a pris aucunes rides et qui reste encore aujourd’hui un monument de terreur, et tout simplement un chef d’œuvre. Il aura fallut attendre un long moment avant de voir débarquer une bande annonce de la dite préquelle. Une bande annonce plutôt réussie au final. Une réalisation n’ayant pas l’air trop mauvaise, de nombreux hommages (pompages) au film de Carpenter, une bonne ambiance musicale. Bref, on y croit. Puis quelques semaines avant la sortie du film, quelques teasers américains apparaissent et là, c’est le drame. En dévoilant beaucoup trop, on se rend compte malheureusement que la chose du titre a l’air d’être tout de même beaucoup numérique, et donc pas franchement convaincante ou effrayante. Quoi qu’il en soit, il faut voir la bête pour pouvoir juger. C’est ainsi qu’accompagné de deux amis fans du métrage de Carpenter, nous nous sommes aventurés dans la salle à nos risques et périls, sans attendre trop du métrage pour ne pas être trop déçus. 1h40 après, le verdict ! C’était finalement pire que ce à quoi je m’attendais. Explications en détail et analyse du métrage. Au commencement donc, un superbe plan d’ouverture sur l’Antarctique. La glace à perte de vue, le froid, et un petit véhicule. En un plan, on se dit qu’au moins, visuellement, ça a de la gueule. Nous voici à l’intérieur du véhicule, en compagnie de trois Norvégiens (et non, ils sont bien Norvégiens et pas Suédois finalement). Premières lignes de dialogues avec blague sexuelle s’il vous plait. En quelques instants, on remarque la différence entre le public visé, l’année de production du métrage et la mentalité. D’ailleurs, la dernière partie du métrage nous le prouvera : The Thing version 2011 tient finalement beaucoup plus du slasher que du film fantastique, tout en étant bien plus un remake qu’une préquelle. Disons malgré tout que les 20 premières minutes parviennent à créer l’illusion, et même à plaire, en temps que film à part. Car les grandes « innovations » du métrages, ou disons la nouveauté plutôt, seront dans cette première partie.

On nous présente les nouveaux personnages, dont celui de Kate Lloyd, jouée par la magnifique Mary Elizabeth Winstead (vue par exemple dans le génial bien que scénaristique faible Scott Pilgrim). On se rend compte en quelques instants de quelques unes des grandes qualités du métrage. La réalisation n’est pas si mauvaise, le scénario ne prend pas beaucoup de risques mais reste fidèle (pour le moment, je parle bien des 20 premières minutes) et rythmé, la direction artistique n’est pas mauvaise. Oui, tout ce qui s’agît des éclairages, des décors, c’est sublime (ils avaient du pognon il faut dire). La musique est au départ plutôt discrète. Bref, The Thing version 2011 a tout l’air d’un film de genre honnête qui n’a pas l’ambition et ne dépassera de toute façon jamais son ainé, bref, un film qui se voit et s’oublie. Malheureusement, très rapidement, la bête s’éveille, et le drame s’apprête à survenir. Première grossière et monumentale erreur, le film ne perd pas de temps et nous révèle la chose en intégralité, en gros plan, et souvent. Bien que, en relativisant, la première apparition de la bête fait illusion. Camouflée dans le noir, faite en latex, elle fonctionne, voir peut impressionner, surtout pour qui n’a pas vu le film original. C’est directement après cette séquence que le film perd toute crédibilité en un temps record. De son statut de préquelle, le film passe en un rien de temps au statut de remake débile et… oui con tout simplement. Remake con en laissant au vestiaire tout ce qui faisait la force du film de Carpenter. La plus grande aberration du métrage restera dans un premier temps son scénario, s’amusant à reprendre point par point les grands moments du film de Carpenter. Oui, on retrouvera les lances flammes (qui tombent en panne exactement au même moment que dans le film original), l’idée du test sanguin, un test un poil différent mais oh combien ridicule, l’autopsie (réussie ceci dit). Seconde aberration finalement : la chose en elle-même, ou plutôt ce truc, cette masse numérique assez ignoble. Troisième aberration : le scénario. Ah non merde, déjà dit. En plus de copier maladroitement le film de Carpenter, celui-ci se précipite si bien que passé 45 minutes de film (la scène du test en fait), le film n’a tout simplement plus rien à raconter, et tente alors de s’éloigner du film de Carpenter en se transformant en slasher du pauvre dans un premier temps, puis dans une copie de Alien VS Predator dans la forme… Là on commence à avoir envie de pleurer. Mais une nouvelle aberration vient s’additionner à tout ça, aberration que l’on est dans l’obligation de comparer avec le film original : le score musical. Dans l’original, la musique était du grand Ennio Morricone (même si on sentait quand même énormément la patte de Carpenter sur l’ensemble du score). Une musique nuancée, discrète, stressante, qui rentre en tête pour ne plus nous lâcher. Un travail de maître (ou vu les circonstances, de maîtres). Ici, Marco Beltrami (la saga Scream, Mimic, Max Payne) a la dure tâche de devoir passer après.

Coupons court à tout suspense, le score musical est ignoble, fait dans le but unique d’énerver le fan du film original, de nous faire sursauter dés qu’il se passe quelque chose, non pas parce qu’on a peur mais parce qu’on nous explose les tympans, et surtout d’accentuer exactement tout ce qu’il se passe à l’écran. Une grosse déception, même si pas la plus grosse du métrage. Enfin, revenons au film en lui-même. Peu de temps après la libération de la bête, le film entre dans sa seconde partie, celle que l’on qualifiera de remake bête et méchant. Les situations sont les mêmes, mais là où dans le film original, Kurt Russell et le docteur de la base mettront plus de la moitié du film à comprendre la chose et donc a imaginer un test pour déterminer qui est humain ou pas (l’un des passages les plus marquants), laissant donc place à une paranoïa extrêmement réussie, la nouvelle version prend une direction autre. Il faut contenter un nouveau public et gagner en rythme. Ainsi, la chose est souvent à l’écran, faite d’un « magnifique » numérique bien lisse et peu réaliste. Elle se tort dans tous les sens, court, saute, vole (non mais presque). Le fait de nous remettre le son original de la bête dans le métrage ne nous rendra pas clément pour autant, il faut le dire, à part à de rares occasions, la bête est ratée. Ce truc, Cette chose est ratée. Les attaques se succèdent, et dans le meilleur des cas, le film ressemble à un slasher. Dans le pire des cas, le réalisateur a du demander des conseils à Michael Bay car on ne comprend pas ce qu’il se passe à l’écran. « La bête attaque, donc là tu prends la caméra, et tu fais haut bas droite gauche bas haut droite, comme dans un jeu vidéo ! ». Ouais… Le point de non retour est atteint lors de la fin de cette seconde partie, avec le fameux test, arrivant donc très rapidement, vers 50 minutes. On imagine devant l’absurdité totale du test le scénariste s’élevant de sa chaise en écrivant la scène en pensant qu’il a trouvé là une idée de génie. Ce qui n’est absolument pas le cas bien entendu, étant donné qu’il s’agît bel et bien là d’une des idées les plus ridicules du métrage, que je ne dévoilerais pas. Quoi que, un indice, un titre sur le score musical correspond à cette scène et s’intitule « Open your mouth ». Non, ce n’est pas le titre d’un nouveau porno, quoi que ça aurait sans doute été de meilleure qualité. Bref, le test en lui-même est d’un ridicule, totalement assumé, qui fait bien peur, mais qui malheureusement nous marquera à vie. Si vous êtes de bonne humeur, vous en rigolerez et penserez qu’il s’agît du meilleur moment de ce nanar, si vous êtes de mauvaise humeur, ce souvenir vous hantera à vie.

Malheureusement débarque alors la troisième partie du métrage, la dernière, celle virant au slasher et au sous Alien totalement raté et inintéressant. Le rythme s’emballe, la chose traque tout le monde dans la base un par un, si bien qu’on oublie rapidement qui est qui, qui est mort comment et dans quel ordre. Un comble il faut bien l’avouer. La chose prend toutes les formes imaginables pour poursuivre ses proies, car dans l’Antarctique, personne ne vous entends crier… Le métrage tente tant bien que mal de continuer de placer des hommages au film original pour expliquer certaines situations (le corps à deux tête) mais ça tombe bien souvent à plat. Et quand on se dit que ça ne peut pas être pire et que le temps nous semble long, le film nous balance un dernier acte digne d’un Alien VS Predator, mais en encore plus ignoble. Vous n’arrivez pas à l’imaginer ? C’est normal, ça semblait tellement dur. Mais encore une fois pourtant, tout n’est pas à jeter, les décors sont soignés, tout comme la direction artistique. Mais ça ne fonctionne juste pas et on a juste envie que ça se termine. Quand le cauchemar prend en effet fin, l’équipe responsable nous donne enfin ce qu’on attendait, l’hommage ultime, qui fera plaisir, rendra également perplexe, mais donnera une envie certaine : se refaire le film de Carpenter aussitôt rentré chez soit. Une scène après générique reprenant le thème de Morricone (ça, faut avouer qu’après avoir fait pleurer nos oreilles pendant 1h40, ça fait plaisir), et nous montrant les secondes se déroulant juste avant la scène d’ouverture du film de Carpenter. On jubile, mais c’est aussi là que les nombreux trous de scénario du film ressortent : on retrouve des choses ou personnes que l’on avait littéralement oublié depuis plus d’une heure, des événements arrivent comme un cheveu sur la soupe. Oui, on peut le dire, ce nouveau The Thing, si on ne doit citer qu’un seul de ces défauts, est incroyablement mal écrit. Soit écrit dans la précipitation, soit écrit par quelqu’un qui n’a pas compris et ne connaît pas vraiment le film original, soit pire, écrit par un scénariste se prenant pour un génie incompris. Ce qu’il n’est pas.

Les plus
De très beaux décors
De bons acteurs
La première attaque de la chose
Les moins
La chose souvent numérique
Le scénario
Un remake vulgaire en milieu de parcours
Un final raté et ridicule

En bref : The Thing, version 2011, malgré quelques qualités, est un film bénéficiant d’une équipe compétente (ouais faut le dire, c’est bien éclairé, bien cadré la plupart du temps, les décors sont beaux) mais souffrant d’un scénariste qui ne sait pas vraiment faire son travail, d’un réalisateur qui a cru à son film et d’un musicien qui a cru que ce serait génial de tout accentuer. Une déception doublée d’un mauvais film.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Loving movies

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading