EVIL DEAD (The Evil Dead) de Sam Raimi (1981)

EVIL DEAD

1981 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h25
Réalisation : Sam Raimi
Scénario : Sam Raimi
Musique : Joseph Loduca

Avec Bruce Campbell, Ellen Sandweiss, Richard DeManincor et Betsy Baker

Synopsis: Un groupe de jeunes décident de partir s’installer dans une petite maison en forêt. Après avoir évité une collision avec une camionnette et traversé un pont en fort mauvais état, ils parviennent enfin à leur destination. Ils s’installent tranquillement dans la maison. Plus tard, dans la soirée, Ash et son ami Scotty trouvent au fin fond du sous-sol de la maison, un enregistreur magnétique, une étrange dague, et un curieux ouvrage. En écoutant la bande, ils apprennent que la forêt qui entoure la maison serait le repère de démons qui, par la récitation à voix haute de certaines incantations, auraient le pouvoir d’investir les corps des être vivants et de les plier à leur volonté. L’enregistrement, réalisé quelques années plus tôt par le professeur Knoby, se poursuit et enchaîne sur divers mots et expressions, incompréhensibles pour nos cinq amis. Bientôt, Cheryl est possédée par un démon et va s’attaquer à ses amis…

Le début des années 80 est, pour le cinéma d’horreur, une période très juteuse, avec l’apparition de très nombreuses licences (Vendredi 13 en 1980, la saga des Freddy en 1984, Hurlements en 1981) et de talentueux réalisateurs, et la confirmation que certains noms sont des valeurs sures (Carpenter, Cronenberg, Fulci, Argento). 1982 était une année forte, avec la sortie de The thing de John Carpenter sur les écrans, mais également la sortie de Evil dead. Tourné pour une somme ridicule (350 000 dollars) par un réalisateur inconnu, le film déclencha toute un phénomène autour de lui, devint rapidement culte et fut suivit quelques années plus tard par une suite remake, puis par une nouvelle suite au début des années 90. Pour beaucoup, c’était également la naissance d’un réalisateur culte à ranger aux côtés des Carpenter et autres réalisateurs du genre. Si Evil Dead demeure bel et bien un petit bijou du cinéma de genre, encore aujourd’hui, grâce au talent de sa mise en scène (le scénario étant relativement vide et simple, finalement comme beaucoup de films de l’époque) et son ambiance, le talent de Sam Raimi, lui, est tout relatif, comparé à d’autres artistes étant restés au fur et à mesure fidèle à leurs idées et au genre qu’ils affectionnent avant tout, alors que Raimi lui a préféré retourner sa veste et se laisser aller à des délires soit sympathiques, soit ratés, en devenant producteur. Comme si son âme de réalisateur avait été dévorée par la puissance que ces projets lui ont donné. Mais revenant à Evil Dead, le film qui nous intéresse ici. Evil Dead se raconte en quelques lignes seulement. Cinq jeunes sont dans un chalet perdu dans la forêt vont être les victimes d’un démon invisible qui va les posséder les uns après les autres. Ce n’est donc absolument pas à ce niveau là que l’on cherchera le génie ou le point fort du film.

Quelques minutes à peine après le début du métrage, nos cinq jeunes (deux hommes et trois femmes) arrivent dans le petit chalet qu’ils ont loués pour y passer le week-end. L’endroit est cerné par la forêt, le seul accès étant un tout petit pont en bois qui menace de s’écrouler, le chalet est petit, tout en bois et possède une cave renfermant quelques secrets que ces jeunes gens n’auraient pas du découvrir. Mais ils vont tout de même y découvrir le livre des morts (hommage à l’écrivain H.P. Lovecraft), un étrange poignard et une bande enregistrée. On s’en doute rapidement qu’il ne faut pas écouter la bande, mais comme nous sommes dans un film d’horreur, la bande sera écoutée et va réveiller l’esprit des démons qui sommeille dans la forêt. Evil Dead peut alors vraiment commencer et nous montrer ce qu’il a à nous proposer. Et c’est là que le film va prendre toute son ampleur, par la qualité de la mise en scène et la lente instauration de son ambiance sombre. Le scénario minime de toute façon ne va plus évoluer une fois les démons réveillés, si ce n’est une pseudo histoire d’amour entre le personnage principal, Ash (Bruce Campbell, la révélation du film, que l’on reverra dans quasiment tous les films de Sam Raimi et dans l’excellent Bubba Ho-Tep) et sa dulcinée, qui sera reprise dans Evil Dead 2. Les attaques de démons ne seront pas forcément nombreuses, mais suffisamment prenantes et originales pour marquer les esprits. L’ambiance elle sera soignée, avec de nombreux plans subjectifs des esprits dans la forêt (ce qui sera la grande marque de fabrique de la trilogie), forêt filmée avec brio, avec de la fumée en permanence, le tout accompagné de la musique de Joseph Lo Duca (qui retravaillera plusieurs fois avec Raimi, et sur le sketch de Christophe Gans pour Necronomicon), sublime partition, soit douce lors de certains morceaux au piano, soit intrigante. Le tout nous enfonce dans une ambiance oppressante offrant au réalisateur de nombreuses possibilités pour surprendre le public, que ce soit dans les attaques ou tout simplement dans ces cadrages pour instaurer l’ambiance, ce qu’il fera avec brio lors de certains passages.

Mais pour le public d’aujourd’hui, outre son histoire banale et limitée, Evil Dead souffrira d’un autre grand défaut : ces effets spéciaux. Avec son faible budget, son lieu unique, Raimi n’avait pas vraiment de grandes possibilités au niveau des effets visuels, et si certains s’en sortent magnifiquement bien (le final notamment, ou même quelques scènes de meurtres), certains effets s’avèreront eux bien sommaires, ce qui paraitra bien plus flagrant lorsque la caméra de Raimi s’attardera sur ceux ci. Des erreurs, Evil Dead en a, et plus d’une. Son histoire limitée tenant sur un simple bout de papier peut irriter et décevoir, mais pourtant, on n’en retiendra principalement que du bon, celle d’une œuvre bricolée au système D, mais faite avec un vrai amour pour le genre, avec énergie et passion, ce qui permet à Evil Dead de rester, même encore aujourd’hui, un petit monument du genre, avec ses défauts et ses qualités, certes, mais proposant une ambiance unique que le réalisateur n’aura pas su retrouver depuis. De nombreuses scènes resteront dans les mémoires, tel le final ou cette femme se faisant violer par des branches dans la forêt, ou tout simplement le pauvre Ash se prenant de grosses giclées de sang en plein visage durant tout le film. Coup d’essai, coup de maître, mais aucunement pas la naissance du réalisateur culte que  tout le monde continue d’acclamer.

Les plus
Une mise en scène astucieuse
L’ambiance
Flippant
Les moins
Des effets vieillots aujourd’hui

En bref : Une ambiance unique et oppressante dans un métrage au scénario limité, aux effets parfois limités également, mais ayant un charme inouïe et au statut de film culte.

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