THE GIRLFRIEND EXPERIENCE de Steven Soderbergh (2009)

THE GIRLFRIEND EXPERIENCE

2009 – Etats Unis
Genre : Drame
Durée : 1h17
Réalisation : Steven Soderbergh
Musique : Ross Godfrey
Scénario : David Levien et Brian Koppelman

Avec Sasha Grey, Chris Santos, Peter Zizzo, Timothy J. Cox et Timothy Davis

Synopsis: Chelsea est call-girl de luxe à Manhattan. A ses clients, elle offre bien plus que de banales relations sexuelles : elle leur propose d’être pour eux la compagne d’un soir. Chelsea est convaincue de maîtriser sa vie. Son business marche bien, elle gagne 2000 dollars de l’heure et son petit ami accepte même sa manière de vivre. Mais quand on multiplie les rencontres, on ne sait jamais sur qui l’on va tomber…

Girlfriend experience est le nouveau film de Steven Soderbergh. Après sa saga des Ocean’s eleven (enfin, et twelve et thirteen), et son film en deux parties sur Che Guevara, il revient à un cinéma beaucoup plus personnel et avec beaucoup moins d’ampleur. Tourné avec une petite caméra numérique pour seulement 1,7 millions de dollars, Soderbergh s’entoure pour son film d’une équipe réduite, tourne à New York, et décide de mettre en relation deux thèmes, de manière plutôt expérimentale, qui pourra dérouter pas mal de spectateurs. Beaucoup de ses choix pourront dérouter d’ailleurs. Déjà, le tournage en numérique. S’il prouve qu’il maitrise parfaitement cette technologie, certains choix pourtant pourront surprendre, voir choquer. Dans le rôle principal de Chelsea, nous retrouvons Sasha Grey, actrice jusque là œuvrant dans le porno qui fait ses premiers pas dans un cinéma plus traditionnel. Pour l’histoire, Soderbergh traite de deux sujets, le premier étant bien sur les peines de cœur et autres soucis auxquels Chelsea se retrouve confrontée, et d’un autre côté, nous avons les récentes élections présidentielles aux Etats Unis, et la situation financière là-bas. Girlfriend Experience captive dés ses plans d’ouverture, si l’on parvient à rentrer dans l’ambiance visuelle et sonore spéciale  du métrage. Au départ simple, le film nous présente les deux personnages, Chelsea, gagnant beaucoup d’argent, voulant être la meilleure dans sa branche, attirante, sophistiquée, et son petit ami, entraineur sportif, gagnant plutôt bien sa vie également. Ensembles, ils vivent dans un très grand appartement, des règles sont fixées entre les deux. Le bonheur en quelque sorte. Mais très rapidement, le spectateur se rend compte que le film est un puzzle, morcelé. Les scènes s’enchainent dans un ordre non chronologique, et ce qui aurait pu gaver et faire peur dans ces premiers instants se révèle finalement envoutant, malgré quelques faiblesses par ci par là.

Soyons clair, en divisant son histoire en deux parties, en adoptant le point de vue de Chelsea, fréquentant des hommes riches qui ont des craintes face à l’économie actuelle du pays, et de son copain, fréquentant également ce genre de personnes mais ne faisant pas parti du même monde, le film ne parvient pas à garder la même puissance sur toute sa durée, et surtout, pas dans toutes ces scènes. Partant en week-end à Las Vegas, Chris, le petit ami, se met à fréquenter des personnes riches parlant des élections, et ces passages, pour la plupart filmés dans l’avion, s’avèrent très vite répétitifs, et la caméra, passant d’un personnage à l’autre, n’est pas convaincante, la luminosité changeant régulièrement lors du passage en face d’un hublot. Les passages où Chelsea, fréquentant comme clients le même genre de personnages, dialogue avec eux et écoute leur crainte comme s’ils étaient ses petits amis, s’avèrent bien plus convaincants et poignants. Le film perdra de sa force donc lors de ces passages, lors de ce voyage à Las Vegas, mais se rattrapera bien sur le reste, tant le personnage de Chelsea s’avère plus passionnant. Non pas que celui de Chris ne le soit pas, mais il prend vraiment de l’ampleur lorsqu’il se retrouvera en conflit avec sa copine. Au delà de ça, nous suivons donc les péripéties de Chelsea, entre son petit ami, ses riches clients, et un journaliste qu’elle rencontrera dans un restaurant. Durant quelques jours, Soderbergh s’attache à son personnage, et nous montre toutes les difficultés qu’elle devra surmonter dans ce genre de business, de la mise en page de son site internet, les clients qui demandent parfois des choses étranges, ceux auxquels elle peut s’attacher, et bien sur, Chris, avec qui elle sort depuis deux ans, qui respectent sa vie, mais qui impose pourtant ses limites. Au cours de ces cinq jours, la vie de Chelsea se retrouve bouleversée par pas mal d’événements, et devra y faire face, parfois en faisant de durs choix. Soderbergh prend beaucoup de distance avec ses personnages dans la mise en scène, beaucoup de dialogues seront filmés de loin, en caméra fixe et en long plan séquence, laissant les acteurs, souvent en improvisation, s’exprimer du mieux qu’ils le peuvent.

Une chose est sure, si Soderbergh parvient à réaliser un vrai film d’auteur, même si certains le catalogueront de confus et long, il parvient à toucher au but tout en restant neutre vis à vis de certains sujets, ce qui fait vraiment plaisir. Il traite son sujet avec une certaine simplicité, le scénario en lui même est simple, et c’est la mise en scène et le montage qui ramènent le plus le film vers un côté expérimental bienvenu. Arrivé à la fin de la séance, The Girlfriend Experience parait finalement bien rapide, 1h15 paradoxalement bien trop courtes, malgré quelques passages de trop, et l’on aurait aimé que Soderbergh continue quelque peu son histoire en se focalisant plus sur ses points forts. Mais, outre avoir vu un bon film, l’on ressortira de la séance convaincu de deux choses. La première, que Soderbergh peut faire autre chose que du cinéma commercial et tenter de faire, osons le mot, du cinéma plus intimiste et honnête. Qu’il connaît bien son boulot de metteur en scène, et le prouve une fois de plus avec l’utilisation de la HD, et marie tout cela à une bande son sublime de Ross Godfrey, tout en nuance, et ayant elle aussi quelque chose d’assez hypnotisant et convenant à merveille aux égarements des personnages. Et bien entendu, le film permet de faire exploser à l’écran le talent de Sasha Grey, actrice porno commençant une carrière plus classique cette année avec 3 films (outre ce film, il y a Smash Cut, un film d’horreur avec David Hess et Quit). Si elle ne mérite certes pas l’oscar de la meilleure actrice, elle fait preuve d’une très grand naturel face à la caméra et surtout nous prouve qu’elle peut faire quelque chose de totalement différent et avec beaucoup plus de subtilité. Aucun doute qu’elle reste une actrice à suivre.

Les plus
Mise en scène sublime
Acteurs dans le bon ton
Bonne bande son, discrète mais travaillée
Les moins
Un rythme très lent
Les passages dans l’avion, longs

En bref : Si le film n’est pas parfait et souffre de quelques scènes répétitives, il se révèle au final être une expérience réussie et inattendue, et une grande réussite visuellement, musicalement et au niveau de l’interprétation.

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