ON THE RUN (亡命鴛鴦) de Alfred Cheung (1988)

ON THE RUN

Titre original : Wang Ming Yuen Yang – 亡命鴛鴦
1988 – Hong Kong
Genre : Polar
Durée : 1h28
Réalisation : Alfred Cheung
Musique : Violet Lam
Scénario : Alfred Cheung et Wong Wang Gei

Avec Yuen Biao, Pat Ha Man-Jik, Charlie Chin, Ida Chan, Lee Heung-Kam, Lo Lieh, Yuen Wah et Phillip Ko Fei

Synopsis : Après le meurtre de son ex femme dans un restaurant, Ming, officier du service politique de la police de Hong Kong, part sur les traces de Di, mystérieuse tueuse à gages. Il va rapidement tomber sur la tueuse, à qui il devra s’associer pour survivre et échapper à leurs ennemis communs, commanditaires du meurtre de son ex femme.

On The Run est un film que j’ai découvert tardivement, tout comme son réalisateur au final. Réalisé par Alfred Cheung, réalisateur connu de comédies légères (son Mariage Blanc – Paper Marriage était très sympathique) mais également souvent acteur et scénariste, On The Run débarque en 1988, et c’est une vraie claque, surtout que l’équipe responsable de ce petit bijou ne présageait absolument pas un tel film. En effet, à la production, on trouve Sammo Hung, à la réalisation et au scénario donc, Alfred Cheung, Yuen Biao dans le rôle principal, et beaucoup d’autres artistes qui ne sont pas forcément dans leur milieu « naturel », comme par exemple Charlie Chin en flic ripoux froid et manipulateur au possible. Qu’il est loin le rôle de l’éternel dragueur arnaqueur dans lequel il s’était quelque peu enfermé, notamment avec la saga des My Lucky Stars (bien qu’il ne participa pas à tous les opus, loin de là). On The Run est donc un polar comme on savait si bien les faire dans les années 80. Un film noir, très noir, sans une seule note d’humour, sans scènes d’action stylisées au possible, sans combats tellement chorégraphiés qu’ils en perdent toute crédibilité. On The Run est un film froid, brutal, réaliste, et au final, humain, et intéressant sur bien des points. Pourtant, autant dans le fond que dans la forme, On The Run est un film policier tout ce qu’il y a de plus classique. Yuen Biao interprète un flic, Heung Ming, en plein divorce. Son ex femme fréquente le commissaire Lui (Charlie Chin donc), et s’apprête à immigrer au Canada. C’est la rétrocession, sujet principal du métrage par ailleurs. Sur le papier, l’ensemble est donc très classique, mais plusieurs choix artistiques (mise en scène, jeu d’acteurs, musique) ainsi que les développements des différents personnages amènent On The Run bien au delà du classique polar urbain.

Car le film baigne dans une ambiance particulièrement réussie, prenante, voir envoutante si l’on rentre dedans, et ce dés son premier plan introductif, où nous voyons Pat Ha Man-Jik de dos, en train de fumer une cigarette, avec la vue de sa fenêtre sur Hong Kong de nuit s’illuminant en arrière plan, sur la sublime partition musicale de Violet Lam. En un seul plan, l’ambiance est posée, et On The Run va nous scotcher pendant presque 90 minutes à notre fauteuil. La mise en scène est tout simplement à tomber par terre, chaque plan est impressionnant de maîtrise, chaque scène a son utilité et l’ensemble est parfaitement rythmé. L’histoire, classique de base, va bien au delà des espérances finalement, en développant parfaitement les personnages. Si On The Run est si prenant et impressionnant, c’est bel et bien pour son ambiance hypnotique d’un côté, pour ses personnages développés avec subtilités, et pour le sous texte se cachant derrière cette intrigue épaisse comme du papier à cigarette. Yuen Biao trouve simplement son meilleur rôle, il peut enfin s’exprimer, montrer ce qu’il sait faire en tant qu’acteur, plutôt que de donner des coups de pieds (mais dieu sait qu’il est doué aussi à ce niveau). Les autres acteurs ne sont pas en reste, puisque Pat Ha Man-Jink est juste exceptionnelle (et très belle) en tueuse à gages ultra précise, tandis que Charlie Chin est parfait à contre-emploi. Tous les personnages sont subtils, et le film tient largement sur leurs épaules. Ming, joué par Biao donc, est en proie au chômage à l’avenir, son service allant être fermé, et il fait durer le divorce afin de pouvoir émigrer aux Etats Unis avec son ex femme. Pat Ha Man-Jink est une tueuse froide, qui cache plutôt bien ses sentiments. L’amitié qu’elle entretiendra avec la fille de Ming est touchante dans sa simplicité. Quand à Charlie Chin dans le rôle du flic ripoux, profitant de son statut afin d’amasser de l’argent le plus vite possible. Tous les personnages sont en proie à la rétrocession, qui plane, se fait lourde.

Alfred Cheung met ses personnages en valeur, et en plus de nous livrer une mise en scène solide et sans bavure, et surtout sans effets de styles inutiles, il filme ses personnages de la meilleure manière qui soit. Une scène aussi simple qu’une discussion entre deux personnages prend de suite une autre signification, beaucoup plus intime, grâce aux choix du réalisateur. Il a bien sur s’entourer, puisque la photographie de son équipe, rappelant fortement tous les polars de la bonne époque, est tout simplement à tomber, et met en valeur l’émotion devant se dégager de certains plans. De nombreux plans, voir scènes restent instantanément en mémoire, comme ce plan où Yuen Biao et Pat Ha sont cachés derrière une porte dans la planque des méchants. Mais nommer tous ces petits moments inoubliables serait bien trop long, car On The Run en regorge. Réaliste dans le traitement de ses personnages, simpliste dans le déroulement de son intrigue, intéressant dans son propos, On The Run n’en fait pourtant jamais trop et reste réaliste surtout à tous les niveaux. Quand la violence ou la tension débarquent, le film ne s’éloigne jamais de son côté réaliste : les ennemis rechargent, les coups sont portés avec violence pour survivre, les balles tuent, les blessures s’infectent. Grâce au talent de son réalisateur, de son compositeur, mais de son trio d’acteurs principaux, le film s’avère tout simplement être un des fleurons du genre, une petite perle, qui sous l’extrême simplicité de son intrigue, cache un nombre incalculable de choses intéressantes. Alfred Cheung prouve, en sortant du domaine de la comédie, qu’il a un talent immense.

Les plus

Yuen Biao dans son meilleur rôle
Charlie Chin à contre-emploi
Une mise en scène exemplaire
La superbe musique

Les moins

La scène finale coupée de certaines copies

En bref : On The Run est un film superbe, prenant du début à la fin, baignant dans une ambiance parfaitement réussie et maîtrisée, offrant à ses acteurs leurs meilleurs rôles.

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