LA MÉLODIE DE LA RANCUNE (女囚さそり 701号怨み節) de Hasebe Yasuharu (1973)

LA MÉLODIE DE LA RANCUNE

Titre original : 女囚さそり 701号怨み節
1973 – Japon
Genre : Drame
Durée : 1h28
Réalisation : Hasebe Yasuharu
Musique : Kaburagi Hajime
Scénario :  Shinohara Tooru

Avec Kaji Meiko, Tamura Masakazu, Kanei Yumi, Tsukata Hiroshi et Watanabe Yayoi

Synopsis : Matsushima Nami est toujours poursuivie par la police. Elle trouvera refuge auprès d’un homme travaillant dans le milieu du porno, qui va tout faire pour l’aider, ayant déjà subit par le passé la torture policière.

Après un troisième opus assez mal aimé mais pourtant plus que correct et intéressant sur bien des points, la Toei ne veut pas en rester là avec la saga Sasori, et décide de lancer la même année, 1973 donc, la mise en chantier d’un nouvel opus, sans Itô Shunya, le réalisateur des trois premiers films de la saga. Heureusement pour eux, Kaji Meiko, jouant Matsushima Nami, et interprétant le thème principal, est toujours de la partie. Ce sera d’ailleurs sa dernière participation à la saga, avant qu’elle ne commence la saga Lady Snowblood pour la Toho la même année. Et si le troisième opus, très recommandable, possédait déjà des défauts avec une baisse de rythme, ce quatrième opus continue de baisser en qualité, sans pour autant être un mauvais film ou un film honteux. Son seul grand défaut est de venir après les trois opus de Itô, qui avait su réaliser trois films d’exploitations tout en sublimant le genre grâce à une mise en scène et une ambiance vraiment unique, donnant une âme à ses métrages. La Mélodie de la Rancune prend directement le chemin de la facilité, autant dans son scénario que dans sa mise en scène (mais surtout son scénario). On peut dire adieu à l’ambiance si particulière, prenante et onirique créée par Itô Shunya, on se retrouve ici devant une mise en scène beaucoup plus simple. Par moment, le réalisateur tentera de retourner à cette ambiance si particulière, mais sans parvenir à atteindre le même degré, le même résultat (mais sans que cela soit honteux non plus). Le film se découpe donc en trois parties. La première partie nous montre encore une fois la suite de Sasori face aux forces de l’ordre, toujours plus décidés à la rattraper pour la ramener en prison, pour la condamner après tous ces crimes à la peine de mort. D’un côté, nous suivons Sasori, toujours jouée par la divine Kaji Meiko, dans une ambiance faisant encore illusion. Mais d’un autre côté, l’histoire rajoute un nouveau personnage avec ce jeune homme, ancien homme de gauche tabassé et torturé par la police, depuis reconverti dans le cinéma pour adultes.

Un personnage qui d’un certain point de vue, trouve sa place dans l’univers de Sasori, mais d’un autre côté, l’histoire et le réalisateur se centrent par moment beaucoup sur ce personnage, laissant Sasori elle même de côté, et déséquilibrant ainsi un peu l’histoire. Le cinéaste aime ce personnage, le film sous toutes les coutures, et pendant que Sasori l’attend dans leur repère, la caméra s’attarde sur cet homme, et la relation qui lie les deux tourtereaux. Relation pouvant surprendre venant de Sasori, mais après tout, le troisième opus nous aura déjà bien surpris en nous montrant par moment qu’elle pouvait « tenter » d’avoir une vie normale, avec un travail, un appartement. Avoir une relation est un pas de plus vers une certaine normalité. Pas totalement inutile donc, mais assez mal exploité par moment, proposant donc des baisses de rythme. Cette première partie possède de bonnes scènes mais pêche surtout par l’envahissement de ce nouveau personnage. Lorsque celui ci finira par trahir Sasori, la livrant à la police, le film retourne alors à un univers très proche de celui du premier opus. Sasori se retrouve à nouveau enfermée en prison. Cette seconde partie sera finalement aussi déséquilibrée que la première, car si l’on retrouve le personnage de Sasori rancunier comme autrefois, quelques images surréalistes et quelques bonnes séquences ayant leurs places ici, le réalisateur, Hasebe Yasuharu ne semble que respecter un cahier de charge sans se soucier du reste. Un film d’exploitation pur et dur en quelque sorte.

Les acteurs semblent alors y croire un peu moins, et toute la partie se déroulant en prison sera sans réelle saveur. Pas franchement désagréable non plus car rythmé et avec quelques bonnes idées, mais absolument sans surprise. Le réalisateur se contente de reprendre des situations déjà vues, et ce n’est pas en changeant le chef de prison par une femme qui changera grand chose. C’est sans aucun doute dans ses moments que Itô Shunya nous manque le plus, lui qui avait en réalisant La Femme Scorpion un an plus tôt seulement surpassé le genre ultra codifié des femmes en prison. Il faudra vraiment attendre la dernière partie du métrage, celle de la vengeance, comme toujours, pour que l’on retrouve en quelque sorte le vrai univers de Sasori, et les meilleures scènes du métrage. La scène de la pendaison par exemple sera techniquement magnifique, rappelant les précédents opus, mais n’atteindra toutefois jamais leur force, la faute à un réalisateur parfois hésitant dans l’action de ses personnages, les rendant assez floues. Il est dommage de voir la saga continuer ainsi, mais pour autant, nous retrouvons tout de même le cœur de la saga, avec ces hommes et policiers véreux, ses gardiens de prisons (ici, gardiennes) sans cœur, Kaji Meiko faisant une Sasori unique et quelques scènes bien trouvées, surtout dans sa dernière partie, la seule chose qui manque au métrage est finalement une âme, celle insufflée dans la saga par Itô Shunya. Kaji Meiko quittera alors la saga après cet opus, ce qui n’empêchera pas la Toei de lancer en 1976 un nouvel opus : La Nouvelle Femme Scorpion – Prisonnière N°701. Opus continuant d’abaisser la saga vers le bas.

Les plus

La même recette fonctionne encore en parti

Kaji Meiko

Des scènes magnifiques

Les moins

Changement de réalisateur

Quelques égarements dans l’histoire

En bref : Itô Shunya laisse sa place, on y perd au change, mais ce quatrième opus de la saga Sasori reste d’un bon niveau.

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