MISSION TO MARS de Brian De Palma (2000)

MISSION TO MARS

Titre original : Mission to Mars
2000 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h54
Réalisation : Brian De Palma
Musique : Ennio Morricone
Scénario : Jim et John Thomas, Graham Yost

Avec Gary Sinise, Tim Robbins, Don Cheadle, Connie Nielsen et Jerry O’Connell

Synopsis : 2020. La NASA envoie pour la première fois une équipe d’astronautes sur Mars. Mais peu de temps après leur arrivée, ils sont confrontés à un phénomène surnaturel d’une puissance terrifiante et toutes les communications sont coupées. Une deuxième mission est envoyée à leur recherche…

Tous les réalisateurs, dans leur carrière, font des faux pas. Selon certains, Brian De Palma les accumules depuis la moitié des années 90, en enchaînant des films de commandes. Trois ans après un remarquable Snake eyes, œuvre parfaite du point de vue de la mise en scène, De Palma se lance dans un nouveau projet, qui n’étais pas le sien à la base. Un film à gros budget (90 millions de dollars), produit par Disney, et écrit principalement par Jim et John Thomas. Deux scénaristes connus des amateurs de genre, puisqu’ils sont responsables des scénarios des deux Predator. Mais qu’est ce que ça pourrait bien donner pour un film Disney ? Il en est de même pour De Palma, plutôt habitué à traiter de personnages véreux (Tony Montana dans Scarface, Rick Santoro dans Snake eyes) ou lâches et voyeurs (Body double, Pulsions) et à des fins pessimistes ? Et pourtant, c’est bien à cet exercice que De Palma va se laisser tenter. Et il faut dire que le début enlève immédiatement toutes nos craintes. Une fête avant le départ sur Mars, nous faisons la connaissance de l’équipe : Jim (formidable Gary Sinise, déjà présent dans Snake eyes), Woody (Tim Robbins), Luke (Don Cheadle), Terri (Connie Nielsen) et Phil (Jerry O’Connell). L’interprétation est dans le bon ton, et De Palma s’amuse à nous présenter ses différents personnages à l’aide de plans séquences et autres effets de styles provenant de son cinéma. Cette ouverture ne laisse aucun doute : De Palma s’est approprié le film. Et ce sera le cas durant toute la première heure.

On reconnaîtra certains thèmes provenant purement de lui, et cette première heure passe à la vitesse de l’éclair, accumulant les instants de génie. La première expédition part sur Mars, et disparaît dans un nuage de poussière non-naturel. Dans cette première partie sur Mars, très courte, on pourra saluer la qualité des effets visuels, assez bluffant. Cette première partie reste très courte, et une seconde expédition est envoyée pour les secourir et savoir ce qui s’est passé. Les personnages sont très bien définis, et les acteurs s’en sortent à merveille. Durant leur voyage, relativement court, De Palma va laisser planer sa caméra, lui donnant une élégance comme à son habitude, et les scènes en apesanteur seront vraiment magnifiques. Puis arriveront les complications pour l’équipe. Sans doute la meilleure partie du métrage. Trou dans la coque forçant l’équipe à sortir dans l’espace pour colmater, baisse d’oxygène, ordinateurs en panne, rien ne se déroule comme prévu, et tout le monde va faire de son mieux pour arriver à destination rapidement, vivants, et surtout, ne pas devenir une nouvelle équipe qu’il faudra de nouveau secourir. Mais, suite à une explosion, toute l’équipe devra quitter la navette, et en combinaison, tenter de rejoindre la sonde tournant autour de Mars pour pouvoir se poser. La partition d’Ennio Morricone, sans être du niveau de celle des Incorruptibles, du même De Palma, convient parfaitement et s’accorde aux scènes. C’est dans une scène d’anthologie, où l’équipe perdra dans l’espace un de ses membres, se sacrifiant pour permettre aux autres de rejoindre la planète en vie, que le film atteindra son apothéose, une heure après son commencement. Pas à dire, Mission To Mars, pour une simple œuvre de commande, frappe fort, et on pourrait presque croire que le film était destiné pour De Palma. Mais…

Et oui, il y a un mais. Et un gros. A peine remis de nos émotions de la première heure, sublime à tout point de vue, arrive la seconde moitié du métrage. Et tout change radicalement. L’équipe se pose sur Mars. Et immédiatement, le film, comme le scénario, semblent tourner à vide, et c’est l’ennui qui gagne. Les trois survivants vont rejoindre le vaisseau de la première équipe, et ils ne trouveront qu’un seul survivant, leur ami Luke. Ensembles, ils vont tenter de résoudre l’énigme de Mars. Et c’est d’un ennui. Pire que tout, c’est la niaiserie et le ridicule qui vont envahir cette seconde partie, enlevant tous nos espoirs, et nous laissant un goût fortement amer dans la bouche. Comment est-il possible de saboter un film à ce point, après un début si magistral ? C’est là qu’on se rappelle qu’il ne s’agît finalement que d’un film de commande, d’un film Disney. Les acteurs auront bon tout faire pour rendre ce qui se passera crédible, les évènements sont si ridicules que plus rien ne fonctionne, et qu’on en vient à vouloir arrêter le visionnement. Brian De Palma à la mise en scène n’y changera pas grand-chose, sa réalisation reste correcte en tout point, mais c’est le fond qui s’avère nul. Si la première heure marquera les esprits, il est fort à parier que la seconde marquera bien plus malheureusement, par son imbécillité, sa naïveté, sa niaiserie et son bon message made in Disney. On pourra comprendre pourquoi De Palma a été intéressé par le projet, mais on n’en pardonnera pas pour autant tous ses points faibles.

Les plus

Très bonne mise en scène
De bons acteurs
La première heure captivante

Les moins

Le final
La seconde heure moins intéressante
Un final qui sent bon Disney

En bref : Une première heure magistrale oubliée, la faute à une seconde beaucoup moins bonne.

4 réflexions sur « MISSION TO MARS de Brian De Palma (2000) »

  1. Je viens de revoir le film – ça faisait bien 18 ou 19 ans… Et j’ai lu ta chro pour le coup. Je te rejoins sur la plupart des points.

    Ça reste plaisant surtout pour la première heure (super plan séquence d’intro, de bons moments dans l’espace…) mais certaines choses ne marchent pas (des notes de Morricone qui ne collent pas, des dialogues, l’écriture, la fin…). Triste mais on frise le ridicule parfois, alors qu’un Cameron a réussi un coup presque similaire à la fin de THE ABYSS. Mais lui, avec maestria.

    1. Hmmm, dommage, je devais le revoir aussi, pour le réhabiliter, moins motivé maintenant. Surtout si tu partages en 2020 mon avis sur ma vieille chro originellement écrite en 2006 ou un truc du genre.

      1. Tu avais bien ciblé l’un des gros problèmes du film (il y en a d’autres cependant) : la deuxième partie moins intéressante. A mon sens SPOILER le scénario pose un gros souci. Dès les 15 premières minutes du film, on assiste à la mort des trois astronautes, on a l’assurance que l’attaque n’est pas un phénomène naturel, et on voit la structure en forme de tête d’extraterrestre ! Ça casse tout suspense je trouve. Le film aurait dû conserver une part de flou justement pour ménager sa deuxième partie. On se serait posé des questions : est-ce que Don Cheadle est fou ? Dit-il la vérité ? A-t-il tué ses coéquipiers ? Etc. En bref il y aurait eu quelque chose à raconter d’un point de vue cinéma…

        1. Tu vois mon lointain souvenir est tellement flou que je ne saurais même pas parler de la structure en forme extraterrestre, aucun souvenir, le vide. Pour Don Cheadle, oui, j’ai des bribes pour la seconde partie, mais ça ne va pas plus loin….
          Après, même si j’avais pas trouvé ça moyen, je n’ai pas souvenir d’un film ennuyeux, donc bon, je ne souffrirais pas non plus à le revoir pour en reparler plus distinctement.

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