PROMETHEUS de Ridley Scott (2012)

PROMETHEUS

Titre original : Prometheus
2012 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 2h04
Réalisation : Ridley Scott
Musique : Marc Streitenfeld
Scénario : David Lendelof

Avec Noomi Rapace, Michael Fassenbender, Charlize Theron et Idris Elba

Synopsis : Une équipe d’explorateurs découvre un indice sur l’origine de l’humanité sur Terre. Cette découverte les entraine dans un voyage fascinant jusqu’aux recoins les plus sombres de l’univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l’avenir de l’humanité les attend.

Prometheus, il était attendu au tournant. D’abord annoncé comme étant la préquelle d’Alien, au final, Ridley Scott décida lui-même de s’en éloigner., tout en réalisant son film dans la même univers. Toujours est-il que son métrage était sans aucun doute le film le plus attendu de cette année 2012 aux côtés de The Dark Knight Rises et de quelques autres petits métrages. Et en début de métrage, oui, on y croit. Avant que tout ne retombe, minute après minute. Après nous avoir livré une impressionnante scène d’ouverture nous rappelant bel et bien devant quel genre de métrage on se trouve, Ridley Scott et son scénariste, David Lendelof, décident de détruire eux même leur film instant après instant. Enfin, surtout le scénariste au final. Ridley, comme c’est le cas depuis plusieurs années, livre une réalisation tout à fait honnête, mettant bien en valeur ses décors et travaillant ses cadrages, au service de scénarios beaucoup moins intéressants, il faut bien l’avouer. Les Associés, Kingdom of Heaven, Robin des Bois. Des films sympathiques, mais vite vus, vite oubliés. Revenir au film de science fiction, et donc, à son heure de gloire (Alien, Blade Runner), c’était l’occasion pour Scott de revenir sur le devant de la scène. Oui, sauf que ça, c’est sur le papier, parce qu’à la vision de son métrage, c’est une autre histoire. Soyons clair, les 20 premières minutes de son métrages, à la réalisation classe et aiguisée, font preuve d’un manque flagrant d’imagination, tant l’idée de base ressemble comme deux gouttes d’eau à Alien VS Predator. Oui oui, cet horrible film, ce carnage cinématographique dont Paul Anderson ne pouvait être que l’unique responsable. Un groupe de personnages, pour la plupart des scientifiques (et un androïde, faut pas oublier l’hommage à Alien premier du nom), sont briefés par un vieux papy et partent à l’aventure sur une lointaine planète pour découvrir les origines de la vie. Bien entendu, ils partent sans arme bien qu’en destination d’un monde inconnu sur lequel le danger peut, et surtout va rôder, puisqu’on le sait, au cinéma, les lointaines planètes sont toujours peuplés de formes de vies très hostiles. Quelques instants plus tard et la présentation rapide des personnages passées (rapide car sur environ 15 personnages, seuls 2 sont développés), nos personnages arrivent sur la planète et commencent à explorer.

Ridley Scott fait preuve d’une vraie rigueur dans sa mise en scène, sublimant ses décors. C’est gigantesque, c’est sombre, c’est mystérieux, c’est bien foutu. Nos personnages explorent, assez stupidement, et les situations grotesques se succèdent. L’homme avec la carte est le seul à se paumer dans les tunnels, tout le monde retire son casque car l’air est respirable mais personne ne se pose la question de savoir de quoi l’air est constitué sur cette planète. Bref, pour des scientifiques, il faut l’avouer, ils ne sont pas tous très futés. La palme revient à tous les personnages secondaires, au traitement inexistants. Pour la plupart, on ne retiendra pas leur nom, rien. Certains paraissent intéressants, en surface, avant d’être totalement laissés de côté et de n’être finalement que des coquilles vides. Ce sera le cas par exemple de Charlize Theron, à la beauté froide, qui passé quelques scènes, ne servira plus à rien du tout au sein du scénario, et ce jusqu’à ce que le scénariste, ne sachant plus quoi faire de tous ces personnages creux, pète littéralement un câble et nous livre des scènes impressionnantes visuellement mais totalement dénuées d’enjeux et d’intérêt. Pour autant, autant être honnête, la première heure de Prometheus, malgré ses erreurs d’écritures enfantines, tient debout. Le spectacle visuel est assuré, c’est un fait, la tension est là, l’ensemble mystérieux, Michael Fassenbender et Noomi Rapace crèvent l’écran et sont parfaitement dans le bon ton. On pourra même signaler un score musical plutôt réussi privilégiant l’ambiance. Malheureusement, c’était oublier les antécédents du scénariste. Et oui, pauvre de nous, rappelons nous que monsieur Lendelef était déjà coupable de Cowboys & Aliens, sympathique, mais qui passé sa première demi-heure perdait beaucoup de son intérêt, mais surtout, la série télévisée Lost. Oui, il prouve encore une fois avec Prometheus qu’il a certes parfois de bonnes idées, mais que passé l’idée de base, il avance bien souvent à l’aveuglette. En résulte des scénarios longs, creux, qui perdent tous leurs intérêt au fur et à mesure.

Prometheus, c’est ça. Malgré ses défauts, le spectateur accepte très facilement la première heure, où certes, il ne se passe pas grand chose (rien?) mais qui sait faire monter la tension grâce à des artifices de mise en scène accomplis. Mais passé la moitié du métrage, et THE scène hommage au premier Alien, dont tout le monde parle déjà sur internet et n’est plus un secret pour personne (la scène de la césarienne), tout se tire en sucette, pour de bon, sans retour en arrière possible. Les personnages inutiles meurent les uns après les autres, ça, ce n’est pas un mal vous me direz, mais les scènes sont pour la plupart mal amenées, ou peu passionnantes (la scène avec le lance flamme, juste là pour éliminer une partie du casting). Pire, le montage devient étrange, passant d’une scène à une autre sans logique, comme si ce qui venait de se passer quelques minutes avant n’avait jamais eu lieu, bombardant ainsi le métrage d’incohérences toutes plus énormes les unes que les autres (hop, une césarienne, quelques agrafes et la scène suivante, je cours partout sans soucis et tout le monde se moque de ce qui vient de se passer). Scott et Lendelef nous réservent du lourd, du très lourd et ne reculeront devant rien. Si bien que la dernière demi-heure sera un gros pompage forcé du premier Alien. On retrouvera tout ce que l’on aime, tellement mal amené que l’on parviendra à le détester, et ce jusqu’à un plan final à pleurer. Scott est-il responsable ? En parti. Lendelef ? Oh que oui, il faudrait même le brûler vif pendant plusieurs années et le torturer pour avoir osé écrire un scénario aussi peu consistant et surtout aussi peu respectueux de l’univers dans lequel il tente de se développer. Les producteurs ? Ils sont sans aucun doute à blâmer également. Constamment durant cette dernière demi-heure, on se retrouve presque à imaginer comment le film à été pensé, entre un réalisateur voulant faire son film à part, un scénariste qui ne sait pas où il va et des producteurs voulant absolument relier Prometheus à la saga Alien par tous les moyens. Prometheus a donc le cul entre deux chaises, et se révèle être un film bâtard, même si divertissant et bien réalisé.

Les plus

La réalisation, propre et maîtrisée
Deux acteurs principaux au top
Une ou deux scènes vraiment réussies
Bonne ambiance dans la première partie

Les moins

Des incohérences à en pleurer
La moitié des personnages inutiles
Des problèmes de continuité
Dernière demi-heure ratée

En bref : Premier opus d’une nouvelle saga et à la fois préquelle se déroulant dans l’univers d’Alien, Prometheus souffre dans un premier temps d’un scénario bâtard fleurant bon l’amateurisme total. Les scènes se suivent parfois sans raisons, les situations stupides s’enchaînent, le tout jusqu’à un final totalement risible et forcé rattachant le métrage à Alien sans se soucier de la cohérence ou du respect de l’œuvre originale. Au milieu de tout ça, Michael Fassenbender et la réalisation de Ridley Scott surnagent.

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