LES NUITS ROUGES DU BOURREAU DE JADE de Julien Carbon et Laurent Courtiaud (2011)

LES NUITS ROUGES DU BOURREAU DE JADE

Titre original : Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade
2011 – France / Hong Kong
Genre : Thriller
Durée : 1h38
Réalisation : Laurent Carbon et Laurent Courtiaud
Musique : Seppuku Paradigm
Scénario : Laurent Carbon et Laurent Courtiaud

Avec Frédérique Bel, Carrie Ng, Carole Brana, Stephen Wong, Jack Kao, Amamiya Kotone et Maria Chen

Synopsis : Hong Kong, de nos jours. Carrie est obsédée par les châtiments du Bourreau de Jade. Exécuteur du premier Empereur de Chine, il torturait ses victimes à l’aide de redoutables griffes et d’un poison provoquant un plaisir extatique mortel. Avec la complicité de son amant, Carrie explore des perversions sadiques inouïes et rêve de redonner vie à la légende en mettant la main sur la potion maudite. Surgît alors Catherine, une Française recherchée par Interpol et détentrice à son insu du précieux élixir, caché dans une antiquité qu’elle entend bien écouler. Le destin les réunit par l’entremise de Sandrine, trafiquante d’art, tandis que l’objet suscite aussi la convoitise d’un mafieux Taïwanais, Monsieur Ko…

Un film français tourné à Hong Kong, voilà qui attire tout de suite l’attention, surtout quand l’on se penche sur les différents membres de l’équipe et sur le passé des deux réalisateurs. Julien Carbon et Laurent Courtiaud, qui se connaissent depuis 1990, signent là leur tout premier métrage. Ils ne sont pas inconnus pour autant, ayant livrés le scénario de Running Out of Time de Johnnie To dès 1999, ou encore Black Mask 2 (aie) de Tsui Hark. Outre To et Hark, ils seront aussi passés devant la caméra pour un court caméo chez Wong Kar-Wai dans le chef d’œuvre In The Mood for Love. Il n’est dés lors pas étonnant de retrouver dans leur premier film un côté très contemplatif rappelant Wong Kar-Wai et parfois des idées étranges venues d’ailleurs sans raisons qui personnifient par moment si bien le cinéma de Tsui Hark, autant dans ce qu’il a de meilleur, et de pire. Pour les acteurs, un casting mi français mi Hongkongais, avec la belle Frédérique Bel (Camping, Vilaine), Carrie Ng (City on Fire, Naked Killer, The Lovers) ou encore Maria Chen (Dead or Alive 3 de Miike Takashi). Et pour compléter l’équipe, Seppuku Paradigm (Martyrs, Eden Log) s’occupe de la musique et Man-Ching Ng (Infernal Affairs 2 et 3) de la photographie du film. Une grande équipe qui n’annonce que du bon, quand les deux réalisateurs veulent se lancer dans l’aventure du thriller violent et pervers en rendant hommage aux maîtres du genre, tels que Argento (enfin, celui d’avant, plus celui de Mothers of Tears ou Giallo…), Brian De Palma et j’en passe. Au final, oui, on retrouve bel et bien du Argento, du De Palma, du Kar-Wai, du Hark, des scènes violentes, d’autres contemplatives, et si l’intention est louable et le résultat visuelle du niveau des ambitions, le film nous laisse avec un gros arrière goût, la faute à de nombreux défauts qui viennent parasiter, sur la durée, la vision du métrage.

Car oui, Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade est magnifique. Les plans sont étudiés, la photographie est belle, Carrie Ng est sublimée à l’écran, l’ambiance est lourde et prenante au départ. Car oui, au départ, le métrage commence et est immédiatement immersif. Magnifiques plans, Hong Kong sublime de nuit, on nous présente Carrie Ng, et en un éclair, les réalisateurs nous offrent une scène de torture assez SM et violente, qui ne laisse augurer que du bon. Puis en un instant, le film dévie et se focalise sur Catherine (Frédérique Bel), recherchée par Interpol, en possession de l’élixir du Bourreau de Jade. Les deux femmes sont vouées à se rencontrer dès le départ, et quelques autres personnages feront alors leurs apparitions, et puis là… et bien plus rien. Après une demi-heure en beauté, contemplative, parfois crade et lourde de sens, sans oublier quelques hommages (appuyés avouons le), les deux personnages se rencontrent, une courte scène violente et sadique vient nous faire tourner le visage, et les réalisateurs semblent s’arrêter là. Le scénario, simple, qui n’était qu’un prétexte, n’évoluera plus et n’aura plus rien de franchement intéressant à nous raconter. Frédérique Bel, qui se montrait plutôt convaincante en début de film, montre finalement ses limites et n’est plus du tout crédible dans son rôle. On sera même surpris de certaines réactions de son personnage. Blessée, au bord du malaise, elle retrouve de l’énergie en un éclair et on ne parlera plus une seule fois de sa blessure, comme superficielle. Les deux réalisateurs semblent s’en moquer, bien trop occupés à travailler le visuel de leur film.

Car oui, d’autres hommages suivront. Une scène de torture mi-parcours nous réveillera et nous fera penser à tous ces films extrêmes, et il faut bien avouer que visuellement, la scène va loin, très loin. Au détour de quelques scènes, on ne coupera pas au split screen, marque de fabrique de Brian De Palma, et la façon dont Carrie Ng manie ses griffes dans certaines séquences n’est pas sans rappeler Freddy Krueger. Mais toutes ces inspirations ne peuvent pas camoufler sur 1h38 le vide qui se cache derrière les images, aussi belles soit-elles. Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade prend alors des allures de magnifique coquille vide. Ce chassé croisé pour la possession de l’élixir ne fonctionne jamais pleinement, et en misant quasi tout sur l’ambiance, les deux réalisateurs parviennent même par moment à ennuyer, et c’est bien dommage. Pas manchots avec une caméra, ils ne dépassent pas leurs ambitions, et livrent un film qui pourrait faire office de carte de visite, visuellement du moins. À voir une fois !

Les plus

Des scènes de tortures prenantes
Un visuel très léché
Des hommages (très appuyés certes)
Carrie Ng

Les moins

Frédérique Bel qui ne convient pas
Très creux
Parfois un peu long

En bref : Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade est magnifique, mais assez creux, et donc par moment assez laborieux. Dommage.

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