RESIDENT EVIL de Paul Anderson (2002)

RESIDENT EVIL

Titre original : Resident Evil
2002 – Etats Unis
Genre : Adaptation ratée
Durée : 1h40
Réalisation : Paul Anderson
Musique : Marco Beltrami
Scénario : Paul Anderson d’après le jeu vidéo de Capcom

Avec Milla Jovovich, Michelle Rodriguez, Eric Mabius, James Purefoy et Martin Crewes

Synopsis : Dans un immense laboratoire souterrain, ont lieu des recherches ultras secrètes, supervisées par des centaines de scientifiques, l’alarme retentit, tout le monde croit à une simple simulation d’évacuation. Mais bientôt, l’horreur les rattrape. Un virus hautement mortel se propage à un rythme effréné dans les couloirs : en quelques minutes, il met fin à toute vie humaine. Au même moment, Alice se réveille dans un somptueux manoir. Ignorant comment elle a pu atterrir là, elle fait la rencontre de Matt, un policier. Avant même qu’ils n’aient pu trouver une explication logique à ces phénomènes étranges, un groupe d’intervention militaire débarque de nulle part et les oblige à les suivre. Ces derniers ont reçu l’ordre d’infiltrer le laboratoire et de neutraliser la Red Queen, le superordinateur devenu fou que l’on tient pour responsable du désastre…

A l’époque, on l’attendait de pied ferme cette adaptation du jeu Resident Evil. D’abord annoncé sous la direction de George Romero, le constat était déjà moins intéressant lorsque c’est finalement Paul Anderson qui reprend le projet, en tant que scénariste et réalisateur. Un réalisateur aux idées visuelles parfois intéressantes et ultra léchées, mais au talent de scénariste très limité. Pour cause, son meilleur film, Event Horizon, n’a pas été écrit par ses soins. Et Resident Evil va souffrir de ce défaut, d’autant plus que le projet était surveillé par les nombreux fans du jeu vidéo. Et au final, lors de sa sortie au cinéma début 2002, le constat fut sans appel, le résultat n’était pas à la hauteur des ambitions du projet, et de l’attente des fans, pour la bonne et simple raison que Paul Anderson a choisi une voie que peu auraient choisis. Celle de la difficulté, en trahissant le jeu de base. Au lieu d’offrir aux spectateurs un film où un ou deux personnages sont seuls dans une ville infestée par des zombies, une ville tout à fait normale, Anderson nous pond un film de zombies dans un complexe scientifique technologique. Là où le jeu, qui s’inspirait des films de Romero, était sanglant, Anderson nous offre un film la plupart du temps très clean. Là où le joueur se retrouvait à contrôler des personnages avec peu d’armes dans des lieux où l’immersion et le danger sont immédiats, Anderson fait durer le plaisir et nous met en personnages principaux des militaires entraînés et armés de mitrailleuses, en enchaînant des situations soient improbables et ridicules, soit bien trouvées mais bien trop clean. Mais tout n’est pas à jeter dans son métrage, même si la déception est de mise. Anderson dés le départ emprunte donc la voie de la difficulté, en choisissant de nous expliquer ce qui se passe en quelque sorte avant les jeux, en nous expliquant la propagation du fameux virus-T. Là où chaque jeu commençait dans un environnement banal (un manoir pour le premier, la ville pour le second et troisième, un village pour le quatre), Anderson place directement son film dans un complexe hi-tech, comme s’il passait directement à la fin d’un des jeux pour placer ses personnages avec des armes avancées, comme le joueur à la fin d’un jeu. Mais le décalage est tellement grand qu’on se demande si Anderson ne s’est pas trompé d’adaptation, ou s’il a déjà joué à un jeu en entier.

L’ouverture du film est pourtant une belle mise en bouche et promet beaucoup, en nous montrant le complexe se faire contaminer par le Virus-T, et l’ordinateur contrôlant tout le laboratoire devenir meurtrier et éliminer toute présence. Un début astucieux et prenant. Mais passé ces cinq premières minutes, le constat change, vers le bas. Alice (Milla Jovovich) se réveille chez elle, dans un somptueux manoir, amnésique. De quoi continuer à être confiant, puisque le manoir était le lieu principal du premier opus sur console. Mais rapidement, tout change, tout bascule. Des militaires débarquent en fracassant la fenêtre, sur fond de grosse musique métal, et embarquent Alice vers le Hive, le laboratoire où l’ordinateur a tué tout le monde. Même si les lieux pourraient être un peu semblables, la différence avec le jeu vidéo est grande, d’autant plus que dans ce métrage, la peur ne viendra jamais. Oui, jamais, un comble pour une adaptation d’un jeu d’horreur qui parvenait à être gore et à faire peur, deux choses que le film ignore totalement, Anderson préférant faire un film pour jeunes, rythmé comme il se doit, bien réalisé et propre cependant. Au niveau des personnages, le constat est un peu le même, puisqu’en choisissant de raconter ce qui se passe avant les jeux vidéos, aucun des personnages ne provient du matériel de base. Cela aurait pu être pas mal, mais voir Alice faire du kung-fu contre des chiens zombies, d’autant plus que Milla Jovovich n’est pas une grande actrice, cela fait un peu mal tout de même. Pourtant, sur l’ensemble du métrage, on peut déjà reconnaître une qualité indéniable, voir deux, à Paul Anderson. Sa réalisation n’est franchement pas mauvaise et s’avère même de très bonne qualité, même s’il abusera par moment de certains plans similaires, mais en plus, même si le jeu est trahit, vu indépendamment, son film tient la route, contrairement aux autres adaptations de l’époque (genre Super Mario Bros) et même à venir (les films de Uwe Boll), même si depuis, Silent Hill avec son respect total du jeu enterre toutes les adaptations (et fut détruit par le second opus). Certaines séquences sont même très efficaces, comme celle des lasers dans le couloir, très réussie.

Mais Anderson décide de ne pas trahir à 100% le jeu et va donc y intégrer quelques éléments. A part le manoir du début et le complexe scientifique dans lequel se termine chaque épisode sur console, il y met, bien entendu, les zombies, même si ceux ci arrivent tardivement (alors qu’ils sont là dés la première image jouable dans les jeux), et quelques autres ennemis, comme un Licker (expérimentation génétique) ou des chiens zombies. Mais souvent, alors qu’il place des petites choses comme ça comme pour faire plaisir aux joueurs, il trahit une nouvelle fois l’esprit. Ainsi, Alice donnera des coups de pieds sautés retournés aux chiens zombies, le Licker va muter après avoir bu du sang et sera capable de poursuivre un train en marche ou même de caser des vitres blindées. Surtout que son film sera résolument très clean, pas de gore, peu de sang, des zombies qui ne sont pas vraiment en décomposition, la déception continue d’être là. D’autant plus que le rythme parfois soutenu du métrage redescend par moment. Si on souhaite retrouver toute l’ambiance des jeux vidéos, ce n’est pas pour tout de suite, d’autant que chaque suite à ce métrage va continuer de s’éloigner, et qu’Alice deviendra le personnage principal de la franchise et plongera dans le ridicule le plus complet par la suite. Resident Evil, premier du nom, a pourtant ses bons côtés, comme encore une fois une réalisation de très bonne facture et quelques bons moments, mais c’est bien peu. Le pire est à venir (Resident evil Apocalypse), mais le meilleur est également à venir (Resident evil Extinction).

Les plus

Bien réalisé
La scène des lasers
La scène d’ouverture

Les moins

Très différent du jeu
Bien trop clean
Milla Jovovich 

En bref : Une adaptation ratée de plus, mais ayant pour elle une mise en scène intéressante, quelques scènes rondement menées, et qui tient la route si on oublie le jeu de base, contrairement aux précédentes adaptations.

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