HAPPY TOGETHER (春光乍洩) de Wong Kar-Wai (1997)

HAPPY TOGETHER

Titre original : 春光乍洩
1997 – Hong Kong
Genre : Drame
Durée : 1h36
Réalisation : Wong Kar-Wai
Musique : Danny Chung
Scénario : Wong Kar-Wai

Avec Tony Leung Chiu-Wai, Leslie Cheung, Chang Chen, Gregory Dayton et Ng Man-Tat

Synopsis : Deux amants, Lai et Ho, quittent Hong Kong pour l’Argentine. Leur aventure tourne mal et ils se quittent. Lai retourne à Buenos Aires et travaille comme aboyeur dans un bar à tango pour économiser l’argent de son retour à Hong Kong. Ho réapparait et s’installe chez Lai.

Avec Happy Together en 1997, Wong Kar-Wai continue d’explorer ses  thèmes de prédilection, en livrant son film le plus simple depuis bien longtemps. Car Happy Together est un film linéaire. Bien que le destin de trois personnages va se croiser encore une fois, il aborde un style beaucoup plus simple et donc abordable à ceux qui n’adhérais pas au style de Wong Kar-Wai. Passé ce petit changement, Happy Together possède toutes les qualités des autres métrages du réalisateur, et fait encore mouche, en évoquant une nouvelle fois l’amour, la passion, le rejet, les regrets, le chagrin. Pour une fois, après les histoires croisées qu’il nous avait offertes dans ces quatre précédents métrages, il nous propose de n’en suivre qu’une seule, linéaire donc. L’histoire de deux amoureux originaires de Hong Kong, qui se retrouvent en Argentine. Une histoire que bon nombre d’entre nous ont déjà connus : on s’aime, on s’embrouille, on s’éloigne pour mieux revenir ensuite, on doute, mais au bout du compte, on s’aime, et on souffre de toutes ces petites querelles qui nous pourrissent peu à peu la vie. Quand il nous lance dans son récit, Wong Kar-Wai fait le choix de nous plonger dans un noir et blanc contrasté des plus réussi pour la première partie de son récit, ou après une scène sensuelle assez surprenante, il nous présente les deux personnages de son histoire alors qu’ils sont séparés. Lai travaille dans un bar à tango dans l’espoir d’économiser assez d’argent pour pouvoir rentrer chez lui, à Hong Kong. Il vit dans un petit appartement peu cher en banlieue.

Encore une fois, Wong Kar-Wai se tourne vers Tony Leung Chiu-Wai pour jouer le personnage principal. Un personnage sérieux, peu dragueur, qui aime, et ne demande qu’à être aimé en retour. Ho lui est l’exact opposé. Dragueur, n’hésitant pas à se battre s’il le faut, aimant aller où il le veut, quand il le veut. Pour le jouer, Wong Kar-Wai retrouve Leslie Cheung, dans un rôle finalement assez similaire à celui qu’il incarnait dans Nos Années Sauvages sept ans plus tôt. À la différence près qu’il est homosexuel, bien entendu. Les deux acteurs livrent des performances tout simplement incroyables, pour des rôles pourtant difficiles, passant par une palette d’émotions très différente, et dans des scènes où ils seront parfois très proches, comme le montre la scène d’ouverture. Très rapidement, ces personnages qui s’aimaient se retrouvent, pour tout recommencer à zéro, comme le dit si bien Leslie Cheung. Comme pour oublier le passé et tenter de se reconstruire un avenir, jusqu’à ce que l’envie de changer et de se sentir libre de tout se présente à nouveau à lui. Les deux sont opposés, s’attirent par moment, pour mieux se séparer ensuite. Ils ont des buts différents, des envies différentes, et leur couple n’est voué qu’à l’échec, mais pourtant, par moment, ils s’y raccrochent, tous les deux. Les conflits entre les deux personnages sont alors totalement au cœur du récit, constamment, et ce seront ses conflits qui permettront finalement aux personnages d’exister, d’aimer, d’être tendre, comme de s’insulter par la suite et de quitter l’appartement en claquant la porte.

Toujours filmé caméra à l’épaule comme les deux films précédents du réalisateur, la mise en scène de Wong Kar-Wai et l’éclairage magnifique de Christopher Doyle encore une fois met parfaitement en valeur ce couple que l’on a plaisir à suivre, que l’on a plaisir à voir passer par toutes ces émotions, pour nous les faire ressentir à nous aussi, pauvre spectateur prit dans cette aventure qui pourtant, ne fait que tourner en rond, inlassablement. Un film où l’on peut passer facilement du rire enfantin aux larmes devant les prestations sans failles de Tony Leung Chiu-Wai et de Leslie Cheung, parfaits. Si en effet, le film peut, narrativement en tout cas, paraître bien plus simple que ce que le réalisateur nous avait habitué par le passé, il reste un moment simple, un petit moment d’émotion plus qu’une histoire, et ces émotions restent avec le spectateur quoi qu’il arrive, même après une rupture. Le film remporta d’ailleurs en 1997 le prix de la mise en scène au Festival de Cannes. ARP clôt donc son coffret Wong Kar-Wai avec une nouvelle fois un très beau film, proposé dans une copie impeccable, nous proposant également en bonus une leçon de cinéma de Wong Kar-Wai.

Les plus

Tony Leung Chiu-Wai et Leslie Cheung, impressionnants
Un film tour à tour drôle, triste, émouvant
Une réalisation toujours parfaite

Les moins

Une fin peut-être un peu trop expéditive

En bref : Happy Together nous propose de vivre des instants de vie d’un couple qui s’aime, se sépare, regrette. Un très beau moment, encore !

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