PUSHER de Nicolas Winding Refn (1996)

PUSHER

Titre original : Pusher
1996 – Danemark
Genre : Policier / Drame
Durée : 1h45
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Musique : Povl Kristian et Peter Peter
Scénario : Nicolas Winding Refn et Jens Dahl

Avec Kim Bodnia, Zlatko Buric, Laura Drasbaek, Slavko Labovic et Mads Mikkelsen

Synopsis : Frank et son associé Tonny font du trafic de drogue à Copenhague. Vic, une prostituée que Frank fréquente, cache la drogue pour eux. Mais alors d’une importante transaction, la police débarque. Frank parvient à se débarrasser de la drogue avant d’être arrêté, mais se retrouve avec une dette énorme à rembourser en quelques jours.

Nicolas Winding Refn, tout le monde le connaît depuis Drive, le film de la consécration du public, et de la critique. Pourtant, sa carrière fut lancée en 1996, et sa carrière reste bien connue du public cinéphile. Son premier film donc, ce fut Pusher, qui deviendra par la suite une trilogie (et qui eu droit à un remake anglais copié collé en 2012). Au départ, Pusher devait être un court métrage d’école, que Nicolas Winding Refn décida très rapidement de transformer en long métrage. Abordant un style très différent de ces films récents, il nous plonge dans le quotidien de petits dealers au Danemark, dans un style documentaire avec une caméra à l’épaule suivant les différents personnages. Dès la scène d’ouverture où nous suivons Frank et Tonny en voiture, le film se montre immersif. La mise en scène caméra à l’épaule reste totalement lisible en toute circonstance, et malgré les mouvements de caméras constants, on ne pense plus à la caméra, et on est aux côtés des différents personnages. Un style documentaire maîtrisé, voilà donc l’environnement dans lequel le réalisateur nous propose de nous plonger. Et donc, un style réaliste également. Pas de dealers ou de petites frappes façon Scorsese dans ces films cultes (Casino, Les Affranchis), non, Pusher prend le chemin inverse. Ici, rien n’est glamour, c’est réaliste, sombre, violent, parfois oppressant et glauque. Les personnages parlent ouvertement de sexe, se droguent dans des scènes très réalistes, et bien entendu, comme dans tous les films du réalisateur, l’ambiance est froide et la violence arrive quand on ne s’y attend pas.

Et elle fait mal cette violence. Dans ce premier opus de la trilogie, le réalisateur nous invite à suivre sur une semaine le quotidien de deux dealers, et en particulier de Frank. Joué par Kim Bodnia, qui tient le rôle à la perfection (son acolyte sera Mads Mikkelsen, revu dans le second opus, et dans Valhalla Rising par la suite), le film commence doucement. Petit deal, repas au restaurant, drague dans les bars, on nous présente les personnages importants, comme Vic avec qui Frank a une relation étrange, mi professionnelle mi amoureuse, et Milo, un baron de la drogue Serbe qui ne plaisante pas, toujours avec son homme de main, Radovan, spécialiste pour torturer les gens qui ne payent pas dans les temps. Si les deux premiers jours de la semaine nous montre de manière peu glamour le milieu, les choses bougent à partir du mercredi, avec un deal qui tourne mal. Dès lors, le film, et donc, le reste de la semaine, se transforme en descente aux enfers. Frank se retrouve seul, avec une dette immense qu’il doit payer à Milo, et va devoir par tous les moyens s’en sortir. Et on peut dire que pour un premier film avec peu de moyens, Nicolas Winding Refn a fait très fort, tant le film devient poignant et les enjeux vont augmenter au fur et à mesure des minutes et des jours qui passent. On s’identifie et on se sent vraiment aux côtés de Frank, ce petit dealer qui a voulu viser trop haut et va tomber de haut.

Un personnage finalement simple et banal, un peu comme beaucoup, vivant une vie médiocre, mais optimiste et souhaitant quelque chose de mieux. Un personnage simple donc, tombant dans les tréfonds d’un milieu décrit comme il doit véritablement être dans la vraie vie : dur, discret, odieux, immoral et lâche. De par ses choix artistes et de scénario, Pusher se montre honnête avant tout. Classique, surprenant, mais honnête. Le montage fait du bon travail, les scènes s’enchaînent sans temps mort pour faire monter la tension au fur et à mesure que les possibilités de Frank se réduisent et que les mauvais coups se succèdent les uns après les autres. Il est d’ailleurs étonnant de noter que si le rythme s’accélère progressivement, et que la violence, débarquant tardivement, se fait plus froide et frontale au fur et à mesure que le film avance, le final du film fait dans la subtilité. Un grand final, court, qui ne nécessité pas plus pour sceller le destin de ses personnages, et leur faire regretter leur passé et leurs choix. Le milieu ne laisse finalement aucun avenir, le message passe très facilement. Pour un premier film, Nicolas Winding Refn tape un grand coup, malgré quelques petits défauts. En effet, à force de se vouloir réaliste, on pourra dire que certains passages, notamment en début de métrage, sont de trop. On pourra également dire, surtout en ayant vu l’ensemble de la trilogie, que ce premier opus n’est qu’une introduction à l’univers, tant Nicolas Winding Refn fera mieux avec le second opus.

Les plus

Sombre et très réaliste
Prenant et immersif
Le final, subtil

Les moins

Quelques petits moments de trop au début
Une introduction à la trilogie

En bref : Pour un premier film, Nicolas Winding Refn fait fort, même si le second opus (fait pour des raisons commerciales) le surpasse de loin. Une descente aux enfers prenante et oppressante.

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