BLUES HARP (ブルース・ハープ) de Miike Takashi (1998)

BLUES HARP

Titre original : Blues Harp – ブルース・ハープ
1998 – Japon
Genre : Policier
Durée : 1h47
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Okuno Atsushi
Scénario : Matsuo Toshihiko et Morioka Toshiyuki

Avec Ikeuchi Hiroyuki, Huntley Nicholas, Mickey Curtis, Iijima Daisuke, Ishige Akira, Okuno Atsushi et Sekino Saori

Synopsis : Kenji, un yakuza ambitieux, est secouru par Chuji, un joueur d’harmonica dans un petit bar, qui est aussi dealer à ses heures perdues pour le gang opposé. Une forte amitié débute entre les deux, mais le destin va leur mettre des battons dans les roues.

La carrière de Miike Takashi regorge de bijoux, pour peu que l’on fouille un peu. Car d’un côté, nous avons le catalogue que les éditeurs veulent bien nous faire voir, avec des œuvres souvent pour adultes (mais excellentes, comme Ichi the Killer, Audition, Fudoh, Visitor Q) ou purement commerciales (La Mort en Ligne, Crows Zero 1 et 2, 13 Assassins), mais il y a les petites perles qui restent inédites également, comme IZO, Big Bang Love Juvenile A, Agitator, Scars of the Sun ou Deadly Outlaw Rekka. Blues Harp fait parti de cette veine là. Un film plus sombre, plus personnel également sans doute, et donc, bien entendu, moins commercial et vendeur. Pourtant lorsque nous assistons à la scène d’ouverture, comment ne pas penser à Ley Lines avec ces quelques moments sur l’enfance, puis bien entendu à un bon nombre d’œuvres ci et là dans la carrière de Miike, comme Dead or Alive, Deadly Outlaw Rekka, Crows Zero ou encore Zebraman 2 et City of Lost Souls avec ce générique au montage chaotique sur fond de hard rock, avec un mix d’images de concerts dans un bar, de course poursuite violente dans la rue, et d’images que l’on reverra plus tard dans le métrage. Dans ces premiers instants, Blues Harp est un Miike pur jus, avant de se calmer lentement par la suite pour nous raconter une histoire d’amitié entre un Yakuza un peu trop ambitieux et un joueur d’harmonica, dealer également pour un gang rival, qui le sauvera in extremis d’un triste sort. Évoluant comme souvent dans une histoire classique dans le milieu des Yakuza, Miike se démarque pourtant de certaines de ces œuvres grâce à trois éléments.

Dans un premier temps, le développement des deux personnages principaux est intéressant, et donne immédiatement de la profondeur à une intrigue pourtant simple et classique, mais indéniablement bien menée. Chuji, fils d’un GI et d’une prostituée, abandonné jeune, a apprit à se débrouiller seul, s’adaptant au monde de la rue. Il s’est trouvé un père de substitution, en réalité, un SDF noir, a qui il rend souvent visite. Travaillant donc dans un bar où il joue de la musique, il vend à côté de ça de la drogue. Son destin va croiser celui de Kenji, Yakuza voulant prendre la tête du clan adversaire. Une amitié forte et assez improbable va naître, non sans sous entendu également, puisque Kenji semble avoir une attirance pour Chuji, et sa relation avec son garde du corps paraît parfois extrêmement proche également. Chuji pourtant est en couple avec Tokiko, mais le tourbillon d’événement dans lequel il se retrouve n’aidera pas les choses. Avec ses thèmes, on pourrait par moment croire que Blues Harp fait parti de la trilogie Dead or Alive, ou de sa trilogie Triad Society (Shinjuku Triad Society, Rainy Dog et Ley Lines). Mais à côté de ça, Miike adopte un ton extrêmement sombre, tout en le rendant beau.

À mon sens, cette noirceur, que l’on ressent en permanence, et qui explosera dans le final, rapproche Blues Harp d’un film comme Rainy Dog. Beau, simple, classique mais intéressant, et dont l’histoire ne laisse aucune échappatoire à ses personnages. Les rares moments de joie des personnages sont alors autant savourés par le spectateur que par les personnages eux-mêmes, vivant les événements comme s’il s’agîssait des derniers. Miike surprend également en intégrant parfaitement la musique à son récit, bien avant qu’il ne signe quelques comédies musicales (Happiness of the Katakuris en 2001, For Love’s Sake en 2012). Chuji étant musicien, de nombreuses scènes se déroulent dans le bar (dans lequel on reconnaîtra Mickey Curtis en barman, un an après son rôle de tueur fou dans l’ouverture de Fudoh) dans lequel il travaille, et chaque vraie scène importante du métrage sera alors accompagnée d’une chanson. Miike soigne totalement son film, et l’accompagne de chansons rock ou jazzy du plus bel effet. En continuant d’explorer ses thèmes, il le fait avec une vraie sincérité, en filmant autant la violence que les moments de joie (comme lorsque la copine de Chuji lui annonce qu’elle est enceinte) avec simplicité, permettant simplement aux acteurs de s’exprimer et à l’histoire de suivre son cours, jusqu’au final sombre.

Les plus

Des personnages intéressants et travaillés

La bande son

Simple, touchant, mais sombre également

Les moins

L’histoire en elle-même est classique

 

En bref : Continuation des thèmes habituels du réalisateur, Miike signe là un film plus calme, très simple, mais très beau également.

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