SHOW ME de Cassandra Nicolaou (2004)

SHOW ME

Titre original : Show Me
2004 – Canada
Genre : Drame
Durée : 1h37
Réalisation : Cassandra Nicolaou
Musique : Evelyne Datl
Scénario : Cassandra Nicolaou

Avec Michelle Nolden, Katharine Isabelle, Kett Turton, Gabriel Hogan et Allegra Fulton

Synopsis : Alors qu’elle se prépare à partir en weekend, Sarah se fait kidnapper par deux jeunes qui tentent de fuir la ville. Elle les conduit jusqu’au chalet isolé où elle se rendait où elle sera séquestrée par les deux jeunes, Jenna et Jackson.

Petite production Canadienne au budget ridicule de 900 000 $ tourné quasi intégralement dans un chalet perdu en forêt et avec en tout et pour tout 6 acteurs, dont 3 ne faisant que de courtes apparitions. Et aux premiers abords, le métrage ne raconte rien de franchement neuf. Une femme en voiture se rend pour le weekend à son chalet paumé en forêt, et est kidnappée par deux jeunes qui veulent fuir la ville. Le film se transforme alors en huit clos psychologique entre les trois personnages. Rien de bien palpitant sur le papier, mais la réalisatrice, également scénariste du film, Cassandra Nicolaou, maîtrise son sujet et y injecte des thèmes qui vont donner de la profondeur aux personnages, les rendre vivants, et ainsi rendre le film prenant, malgré quelques fausses notes, certaines anodines, d’autres probablement dues au manque de temps et de budget. Show Me est donc un huit clos qui ne paye pas de mine. Le casting, constitué de Michelle Nolden (un bon paquet de séries TV et de téléfilms) dans le rôle de Sarah, de Katharine Isabelle (Ginger Snaps, American Mary) dans le rôle de Jenna et de Kett Turton (Blade Trinity) dans le rôle de Jackson, constitue la première bonne surprise du métrage. Investis, ils croient en leur personnage. Lors des premières vingt minutes, on pourra avoir des doutes sur la suite de l’aventure, d’autant que lorsque les deux kidnappeurs parlent entre eux et ne veulent pas se faire comprendre… ils parlent en français.

Autant le Canada est un pays où les deux langues, anglais et français, se côtoient, autant l’on sent immédiatement que les deux acteurs ne parlent absolument pas français. Ces passages sont rares mais débarquent sans prévenir et nous forcent à tendre l’oreille pour bien comprendre. Passé cette petite réserve, le film décolle véritablement une fois que nos trois personnages sont réunis dans le chalet, et que la réalisatrice prend son temps pour nous les décrire, nous décrire leurs démons, leurs peurs, dévoiler petit à petit leur passé et nous permettre de comprendre la complexité même de la situation actuelle. Si bien qu’avec un tel développement, certains moments s’avèrent forts réussis et bien tendus, alors que le métrage ne verse pas dans la facilité. Pas de grossièreté abusive, pas de sang, pas de nudité, non. Ici, tout est en subtilité, et il n’en fallait pas plus. Les engrenages du scénario se mettent doucement en place, peut-être trop doucement pour certains habitués à un cinéma plus rythmé. Rapidement, Jackson est quelque peu éclipsé pour se focaliser sur la relation entre Sarah et Jenna, une relation à double voir triple sens.

De kidnappeuse à kidnappée, on comprend rapidement que Jenna voit en Sarah une nouvelle mère, tandis que l’on apprend assez rapidement également que Sarah est en réalité lesbienne. Et c’est là qu’une tension nouvelle intervient dans le récit, une tension sexuelle, qui ne lâchera jamais le film jusque la fin. Si bien que par moment, les rôles s’inversent. Et si finalement, c’était Jenna et Jackson qui avaient besoins d’être sauvés, et Sarah qui contrôlait la situation ? Le scénario ne nous abreuve pas de retournements de situations ou de twists, l’ensemble se déroule simplement et naturellement. Malheureusement, dans ce film de personnages, la réalisatrice atteint parfois ses limites, comme par exemple lors d’une scène de tension dans la forêt avec une variation de lumière entre différents plans, qui vient quelque peu nous sortir du film, ou un final juste mais bien trop rapidement expédié. Sans doute que Cassandra Nicolaou n’a pas eu le temps ou les moyens de ses ambitions, mais Show Me reste une curiosité plus qu’intéressante et bien troussée, pour les amateurs de thriller uniquement psychologiques, qui finalement lorgne bien plus vers le drame intimiste.

Les plus

Une atmosphère s’installe rapidement
Le trio d’acteurs
Des personnages travaillés

Les moins

Quelques défauts techniques
Une fin expéditive
 

En bref : Une bonne surprise bien que parfois limitée, un huit clos intéressant entre trois personnages bien développés.

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