ROSEMARY’S BABY de Roman Polanski (1968)

ROSEMARY’S BABY

Titre original : Rosemary’s Baby
1968 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 2h16
Réalisation : Roman Polanski
Musique : Krzysztof Komeda
Scénario : Roman Polanski d’après le roman d’Ira Levin

Avec Mia Farrow, John Cassavetes, Ruth Gordon, Sidney Blackmer, Maurice Evans et Ralph Bellamy

Synopsis : Malgré les conseils de leur vieil ami Hutch, Guy Woodhouse et sa jeune femme Rosemary, enceinte, s’installent dans un immeuble new-yorkais vétuste, considéré par leur ami comme une demeure maléfique. Aussitôt, leurs voisins, Minnie et Roman Castevet, vieux couple d’Europe centrale, imposent leur amitié et leurs services. Si Guy accepte facilement ce voisinage, Rosemary s’en inquiète…

Cinquième film de Polanski, Rosemary’s Baby est également son premier film tourné en Amérique, et le film de la révélation, ou du moins du succès, puisque si les films précédents du réalisateur brillaient à l’époque d’un bon statut, certains restaient inconnus du grand public, et son film précédent, Le Bal des Vampires, fut charcuté par la MGM lors de sa première sortie en Amérique, et fit un bide monumental. Au sein de la carrière de Polanski, Rosemary’s Baby peu être vu comme une continuité logique de sa carrière, et le second opus de la trilogie sur la paranoïa, commencée en 1965 avec Répulsion (sublime film en noir et blanc) et achevée en 1976 avec Le Locataire, où il tient également le rôle principal. Mais Rosemary’s Baby est également un film maudit, puisqu’on connaît depuis le destin de la femme de Polanski, Sharon Tate, assassinée peu de temps après… Mais revenons au film. Alors que le Bal des Vampires tourné deux ans plus tôt a prit un petit coup de vieux tout en restant un classique et un chef d’œuvre de cinéma, Rosemary’s Baby laisse de côté l’humour et se focalise sur les thèmes fétiches de Polanski, et un aspect fantastique prononcé. Il nous propose de suivre un couple. Rosemary Woodhouse (sublime Mia Farrow, qui chantonne pendant le thème musical du film), souriante, heureuse, et son mari, Guy (John Cassavetes), homme idéal travaillant dans le monde du cinéma.

Avec ces personnages simples, Polanski prend le temps de poser les bases de son récit et de ces personnages, prend le temps pour que nous fassions leur connaissance, nous sentons proche d’eux, avant petit à petit de briser la fine ligne qui sépare la routine de l’étrangeté, pour plonger ses personnages dans la paranoïa et la folie. Pari réussi, encore aujourd’hui, le film fait preuve d’un rythme lent mais hypnotique parfaitement maitrisé dans sa première partie, avant de plonger dans une ambiance beaucoup plus sombre et oppressante. Peut-être un peu moins oppressant que son Répulsion (l’utilisation du noir et blanc y était peut-être pour quelque chose), mais fonctionnant à merveille tout de même. Petit à petit, les voisins se font envahissants, posent des questions étranges, se font trop curieux, et là, c’est le drame, un beau matin, Rosemary est enceinte. À partir de là, c’est une descente vers la folie à laquelle le réalisateur nous invite, et dans laquelle il plonge totalement son personnage féminin. Tout comme elle, nous sommes perdus, nous ne savons plus ce qu’est la réalité, le rêve, ou plutôt le cauchemar, qui dit la vérité et qui complote et ment.

Polanski soigne son traitement en faisant appel à un grand soin des détails, et en jouant énormément avec le hors champs, donnant encore plus de force à certains événements qui seraient tout simplement tombés à l’eau le cas contraire. Son souci du détail rend l’intrigue passionnante et lui donne plusieurs niveaux de lecture, et rend son film angoissant en ne montrant rien. Il signe donc un réel film d’horreur, sans horreur montrée à l’écran, tout en suggestion, et c’est bien là toute la force de son œuvre. Que ce soit les plans, parfois ingénieux et très bien trouvés, ou bien tout simplement l’ambiance musicale (sublime musique de Krzysztof Komeda encore une fois) et surtout sonore, avec ses bruitages amplifies, l’ensemble tient la route et surtout nous tient en haleine du début à la fin, au bout de 2h16. Outre la mise en scène et l’ambiance générale, on pourra saluer le travail des différents acteurs pour rendre leurs personnages attachants et surtout crédibles, que ce soit Mia Farrow et John Cassavettes dans les rôles du couple, ou bien Ruth Gordon, gagnante d’un oscar, dans le rôle de la voisine adorable mais envahissante. Vrai film d’horreur ou film sur la folie, à vous de voir, mais Polanski a réussi son film sur toute la ligne.

Les plus

L’ambiance oppressante
La mise en scène
Mia Farrow et Ruth Gordon, impressionnantes
La suggestion du film

Les moins

Ceux qui veulent un vrai film d’horreur s’ennuieront

En bref : Polanski poursuit ses thématiques et livre un film impressionnant sur la paranoïa. Le doute est constant, l’ambiance lourde. Une pure réussite.

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