ST. JOHN’S WORT (弟切草) de Shimoyama Ten (2001)

ST. JOHN’S WORT

Titre original : Otogirisô – 弟切草
2001 – Japon
Genre : Fantastique
Durée : 1h25
Réalisation : Shimoyama Ten
Musique : Yoshida Asako
Scénario : Nakajima Goro d’après la nouvelle de Nagasaka Shûkei

Avec Okina Megumi, Saito Yoichiro, Ookura Koji et Matsuo Reiko

Synopsis : Le personnel d’une petite société de jeux vidéo finalise un nouveau jeu appelé ‘St John’s Wort’. Un jour, Kohei, le créateur du jeu, et Nami, étudiante en art et petite amie de celui-ci, décident de se rendre dans la demeure qu’elle a hérité de son père. Elle en fut séparée dès son plus jeune âge et n’apprit son existence qu’après sa mort. Le couple emprunte les clés de la maison et filme son errance d’une pièce à l’autre, espérant s’en servir dans un futur jeu vidéo. Les photos qui ornent les murs indiquent à Kohei que Soichi Kaizawa, un artiste célèbre mais reclus, a mystérieusement vécu ici…

En voilà une petite perle étrange, tenant autant du film fantastique tel qu’on le connaît, avec ses effets « bouh fais moi peur » et d’un autre côté, une grande part d’expérimentation. Le fait que St. John’s wort soit un film « regardable » tiens en soit du génie, tant le film expérimente des masses, tant visuellement, scénaristiquement, et ce n’est pas tout. Le film décide donc en quelque sorte, avec un budget minimal, un tournage en DV et des filtres de couleurs, de briser la barrière entre le cinéma et le jeu vidéo de manière inhabituelle. L’histoire en elle-même tient en une ligne, mais c’est la manière dont celle-ci est exploitée à l’écran qui change tout par rapport aux autres films fantastiques du genre. Les créateurs de jeux vidéos ont déjà étés vu dans divers films, dont le « eXistenZ » de David Cronenberg, qui était assez ingénieux dans ce style. Mais St. John’s wort tente d’aller encore plus loin dans l’exploitation du thème, même si les deux films partagent certaines idées en commun, notamment dans le final.

On se rend rapidement compte de la direction souhaitée lorsque les deux personnages principaux, Kohei et Nami, se rendent dans le lieu principal du film. Le gardien vient à leur rencontre, afin de leur donner les clés de l’endroit en question. Au lieu de filmer sa scène comme n’importe qui l’aurait fait, le réalisateur pousse le bouchon plus loin, en créant une interface de jeu vidéo. Les dialogues s’inscrivent ainsi à l’écran, avec en fond, le décor, et l’objet qui sera remit aux personnages (la clé) apparaîtra à l’image, vulgairement recrée comme dans un jeu. On pense bien évidemment à tout un tas de jeu, notamment aux vieux RPG, ou, vu l’entrée du lieu (un manoir), le premier Resident Evil. Ce choix, et cette envie d’aller si loin peut à la fois surprendre, choquer, déplaire… Le film se veut être un film de contraste. Après ce petit prologue, une grande partie du film sera plutôt calme, lente. Les deux personnages vont explorer la demeure, pièce par pièce, et Kohei, avec sa caméra, va s’amuser à tout filmer, pièce après pièce, sans doute en quête d’inspiration pour un futur jeu vidéo. Cette partie n’est pas des plus passionnante, et pourtant, ça se suit plutôt bien. La qualité de l’image entre les images du film et les images filmées par le caméscope de Kohei se différencient facilement, grâce au grain et aux couleurs, mais peu importe le plan correspondant, l’image DV se fait bien ressentir. Le format de tournage est heureusement assez bien utilisé. Peut-être est-ce d’ailleurs le format de l’image, s’alliant à merveille avec le parti-prit visuel, qui fait que l’aspect du film intéresse.

Dans sa dernière partie, l’histoire commencera enfin à bouger, mais c’est en dévoilant ses « grandes » lignes que le film perd quelque peu de son intérêt, tant cela semble plutôt facile, et arrivant assez subitement. La dernière partie jouera donc à fond sur l’effet actuel des films de genre, à savoir, le son augmente, quelque chose surgit rapidement à l’écran, et hop, on se prend à faire des bonds de dix mètres pour rien. La voie de la facilité est choisie, et c’est bien dommage, tant cela semble être en total décalage avec les trouvailles qui ont précédé. Heureusement, les tout derniers moments du film montreront que cette partie, certes plus classique, était là pour servir le sujet du film. Il faudra néanmoins, pour apprécier le film pour ce qu’il est, accepter le postulat de départ et l’aspect visuel du film, sonnant par moment amateur, mais cela va bien évidemment plutôt avec le format de tournage, que le réalisateur a su tourner à son avantage. Rien de vraiment passionnant, puisqu’il ne se passe pas grand-chose dans un premier temps, mais un exercice de style sympathique.

Les plus

Des choix intéressants

Un visuel intéressant

De bons moments

Les moins

Au final, il ne se passe pas grand-chose

Des effets faciles 

En bref : Sympathique, la technique utilisée vaut le coup d’œil, le film expérimente pas mal, grâce au format DV, mais il ne se passe finalement pas grand-chose. Une curiosité.

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