REQUIEM POUR UN VAMPIRE de Jean Rollin (1971)

REQUIEM POUR UN VAMPIRE

Titre original : Requiem pour un Vampire
1971 – France
Genre : Fantastique
Durée : 1h35
Réalisation : Jean Rollin
Musique : Pierre Raph
Scénario : Jean Rollin

Avec Marie-Pierre Castel, Mireille Dargent, Michel Delesalle, Dominique, Louise Dhour, Philippe Gasté et Paul Bisciglia

Synopsis : Profitant d’une fête costumée, Marie et Michelle s’enfuient d’un centre de redressement. Après une course poursuite avec la police et la mort de leur complice, elles n’ont d’autre choix que de fuir dans la campagne environnante. La nuit tombée, elles finissent par se réfugier dans un étrange château, sans se douter qu’il abrite une secte de vampires.

1971 est une année importante pour Jean Rollin, puisqu’il ne réalisera pas un, mais deux métrages sur ces créatures favorites, les vampires. Comme souvent chez lui, les dialogues sont peu nombreux, et les jeunes femmes fonctionnent par paires. Marie-Pierre Castel se retrouve avec le rôle principal, tandis que sa sœur jumelle est remplacée par Mireille Dargent, puisqu’elle est alors enceinte. Les deux sœurs ne seront réunies à l’écran que quatre ans plus tard, pour Lèvres de Sang. Et après les expérimentations psychédéliques du Frisson des Vampires la même année, Jean Rollin continue, tout en rendant son film plus encré dans la réalité visuellement, à expérimenter. Ici, aucun dialogue ne sera prononcé durant les 45 premières minutes du métrage (durant 1h21 seulement). Le réalisateur peut laisser son sens visuel raconter l’histoire au lieu des paroles. Ce qui n’est, vu la qualité souvent relative du jeu de ses acteurs, pas une mauvaise idée. Requiem pour un Vampire pourtant prend tout son temps, puisque les vampires arrivent tardivement, et qu’il nous raconte dans un premier temps la fuite de Marie et Michelle, deux jeunes femmes quittant dans des proportions assez extraordinaire un centre de redressement. Poursuivies par la police, elles se font tirer dessus, et leur complice meurt. Elles brûlent alors la voiture avec le cadavre du complice dedans, et continuent de fuir en moto.

Ce qui choque dans un premier temps, c’est la manière dont Rollin insère dans son récit des idées en soit intéressantes, voir excellentes, avec une naïveté et un sens de la logique qui sont totalement absentes. Voir Marie-Pierre Castel draguer un vendeur dans un camion pour que son amie puisse récupérer de quoi manger, cela a du sens. Mais que les deux jeunes femmes se réfugient dans un cimetière, que l’une chute dans un trou, et que le gardien vienne reboucher le trou en déversant de la terre sur la jeune femme alors qu’il la voit clairement, cela n’a plus de sens. Et ces moments donnent un aspect totalement surréaliste au film, alors qu’il se veut souvent plus à terre que Le Frisson des Vampires par exemple réalisé la même année. Aucun doute, Rollin a construit son scénario autour d’idées purement visuelles et autour de ces lieux de tournage habituels, comme un gigantesque château gothique, un cimetière et autres. Et pourtant, il change la donne dés que ses personnages arrivent dans le fameux château, repère des vampires (on retrouve Dominique, qui jouait déjà la vampire dans le film précédent, apparaissant au bout d’une demi-heure ici). On y retrouve alors tout ce qui fait son cinéma.

Du Frisson des Vampires, on retrouvera même des éclairages quelque peu surréalistes (la lumière rouge domine dans de nombreuses scènes), la nudité se fait plus présente. Par contre, le sexe s’invite également dans le métrage (sans doute une contrainte de production, Rollin préférant rendre les femmes nues belles à l’écran que filmer l’acte en question). Malheureusement, la seconde partie du métrage semble bien moins maîtrisée que le début, alternant le bon et le beaucoup moins bon. Rollin nous livre toujours quelques magnifiques images (les premiers pas dans le château, Marie-Pierre Castel allongée dans les fleurs du cimetière), la musique de Pierre Raph (qui signera la musique de la Rose de Fer) se fait parfois envoutante, et parfois bien trop niaise. Ce contraste constant, qui par moment passe dans d’autres de ses métrages, brise ici un peu tout. On passe d’une scène sublime et surréaliste, comme celles citées plus haut, ou encore le piano en plein centre du cimetière, à des moments de mauvais goûts, comme lorsqu’un homme poursuit une des héroïnes dans le château sur une musique comique. Requiem pour un Vampire contient le meilleur et le pire de Rollin, et ne peut être conseillé qu’aux fans purs et durs du cinéaste, malgré sa vision du vampire ici fatigué, limite plus humain que ses serviteurs.

Les plus

De beaux moments
Aucun dialogue pendant 40 minutes
La vision du vampire

Les moins

Des moments niais totalement ratés
Quelques longueurs
Des scènes de sexe trop longues

En bref : Requiem pour un Vampire souffle le chaud avec d’excellentes idées et moments poétiques, et le froid avec des moments totalement ratés. Moyen !

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