FASCINATION de Jean Rollin (1979)

FASCINATION

Titre original : Fascination
1979 – France
Genre : Horreur
Durée : 1h20
Réalisation : Jean Rollin
Musique : Philippe D’Aram
Scénario : Jean Rollin

Avec Franca Maï, Brigitte Lahaie, Jean-Marie Lemaire, Fanny Magier, Muriel Montossé et Sophie Noel

Synopsis : En 1905, après un braquage particulièrement fructueux, Marc, le jeune chef d’une bande de truands, décide de trahir les siens afin de garder pour lui la totalité du magot. Pourchassé par ses anciens complices, il s’enfuit dans la campagne et se réfugie dans un château habité seulement par deux étranges jeunes femmes, Elisabeth et Eva. Il les enferme dans une chambre, mais elles ne tardent point à s’en échapper et elles reprennent vite le dessus en le désarmant.

Après avoir signé le commercial Les Raisins de la Mort en 1978, Jean Rollin continue de se prêter au jeu afin de quitter le cinéma pornographique. C’est ainsi qu’il se lance en 1979 dans Fascination, produit par Joël de Lara. S’il doit livrer un film de genre mais peut toujours y mettre sa patte, il devra se plier aux exigences de son producteur, et parsemer son film de scènes érotiques. Pas de soucis pour Rollin, qui place en tête de son casting Brigitte Lahaie, qu’il avait rencontré en tournant le film X Vibrations Sexuelles en 1977, puis avait utilisé dans Les Raisins de la Mort pour son premier rôle non pornographique. Mais comme chez Rollin, les femmes vont toujours par deux, il embauche l’inexpérimentée Franca Maï pour être à ses côtés. Premier rôle au cinéma, la jeune femme continuera sa carrière, et se lancera même dans la production, la réalisation, puis dans les romans et la poésie avant de mourir en 2012. Sur le papier, bien qu’il n’est pas vraiment question de vampires, Fascination est un pur film de Jean Rollin. Du mystère, un lieu un peu gothique (un gigantesque château), deux femmes peu habillées et dangereuses, et une grande attirance pour le sang humain. Les dix premières minutes, présentant le lieu et l’époque (1905), permettent de rassurer le connaisseur : on reconnaît la mise en scène du monsieur, et surtout, les acteurs ne jouent pas avec le plus grand des naturels, en particulier le premier rôle masculin, un bandit joué par Jean-Marie Lemaire.

Il faut attendre dix minutes pour que son personnage arrive dans le lieu principal de l’action, qu’il rencontre les deux jeunes femmes, et que le réalisateur parvienne à poser une petite ambiance. Son décor est majestueux, il sait le filmer, l’ambiance musicale de Philippe d’Aram (sa première collaboration avec Rollin avant La Morte-Vivante ou bien plus tard Les Deux Orphelines Vampires) est minimaliste mais fonctionne plutôt bien. Quelques magnifiques plans parsèment le film, et ça fonctionne, même s’il manque clairement un petit quelque chose. Comme à son habitude, Rollin prend le temps pour poser son ambiance et son histoire, mais il manque un petit quelque chose ici. Puis à intervalle régulier, Rollin déshabille ses personnages, mais cela semble beaucoup plus gratuit que d’habitude, même s’il évite de rendre l’ensemble complaisant, ou tout simplement moche. Oui, Brigitte Lahaie et Franca Maï vont se faire plaisir à deux sur un lit alors qu’elles sont prises en otages et enfermées dans une chambre. Pourquoi ? Elles en ont tout simplement envie… Lorsqu’elles se déshabillent face à Jean-Marie Lemaire, cela semble déjà plus justifié, puisque l’homme est armé et les tient en otage. Mais rapidement, on comprend bien que le méchant, ou du moins, le personnage dominant la situation, n’est pas celui que l’on croit.

Rapidement retrouvé par ses poursuivants, les personnages ne peuvent quitter le château, mais c’est sans compter sur les deux jeunes femmes, qui prennent alors la situation en mains. Rollin livre alors les meilleurs moments de son métrage, lorsque Brigitte Lahaie, vêtue uniquement d’une longue cape (elle est nue dessous), prend une faucille immense et commence à éliminer un à un ses ennemis. Non pas que les effets spéciaux soient extraordinaires, loin de là (on est loin des débordements gore des Raisins de la Mort ou de La Morte Vivante), mais Rollin filme ses scènes de manière à rendre ses plans intéressants et poétiques. Puis débarque la dernière partie du métrage, celle venant tout expliquer, et éloignant ses personnages des classiques vampires que Rollin mettait en scène si souvent, même si leurs actions restent les mêmes : se nourrir de sang. Mais ici, dans le contexte de l’époque, le but de ce breuvage n’est pas le même. Malgré quelques bons moments et surtout une idée de base intéressante, cette dernière partie ne fonctionne pas totalement non plus, alors qu’on y retrouve les tics de Rollin en terme de plans, d’ambiance. Parsemé de quelques belles images, d’une ambiance parfois surréaliste et d’une Brigitte Lahaie nue et meurtrière, il manque clairement quelque chose, et Jean-Marie Lemaire peut par moment énerver.

Les plus

De bonnes idées

Le style Rollin

Les scènes de Brigitte Lahaie avec sa faucille

Les moins

Quelques scènes gratuites qui sont là sans raisons

Jean-Marie Lemaire

 

En bref : Film de vampires sans vrais vampires (il n’y a aucun aspect fantastique), Fascination a ses bons moments, son ambiance surréaliste, mais il lui manque quelque chose.

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