TOUTES LES COULEURS DU VICE (Tutti i Colori Del Buio) de Sergio Martino (1972)

TOUTES LES COULEURS DU VICE

Titre original : Tutti i Colori Del Buio
1972 – Italie
Genre : Giallo
Durée : 1h34
Réalisation : Sergio Martino
Musique : Bruno Nicolai
Scénario : Ernesto Gastaldi, Santiago Moncada et Sauro Scavolini

Avec George Hilton, Edwige Fenech, Ivan Rassimov, Tom Felleghy, Georges Rigaux et Luciano Pigozzi

Synopsis : Jane, jeune Londonienne choquée par une fausse couche, se voit persécutée par un homme étrange. Fantasmes ou réalité ? La lumière se fera avec l’appui de son amie Mary, de sa sœur Barbara, de son petit ami Richard et d’un compétent psychiatre.

Au début des années 70, Sergio Martino suit la mode et se lance cœur et âme dans le giallo, non sans y apporter une touche d’originalité. En l’espace de seulement quelques années, il livrera en effet L’Étrange Vice de Madame Wardh, La Queue du Scorpion, Toutes les Couleurs du Vice ou encore Torso. Rien que ça. Pour Toutes les Couleurs du Vice en 1972, il reprend une partie de l’équipe et du casting de L’Étrange Vice de Madame Wardh. George Hilton et Edwige Fenech se retrouvent donc une nouvelle fois en tête d’affiche. Qu’est ce que le réalisateur va ajouter à une recette qui cartonne et fait de plus en plus d’émules en Italie ? Et bien c’est simple, le scénario va se faire un mix étrange entre le classique giallo purement italien, avec des jeunes femmes, des couteaux, des meurtres, des gants en cuir, et Rosemary’s Baby ! Oui, vous avez bien lu ! Toutes les Couleurs du Vice ne choisit pas le chemin de la facilité, loin de là, et décide de faire co-exister deux univers pourtant très différents au sein du même film. Nous suivons Jane, qui vit à Londres avec son petit ami Richard, souvent absent à cause de son travail, et de sa sœur, Barbara. Après une scène d’ouverture psychédélique (elle-même précédée d’un générique dans un parc… avec un plan fixe, et sans musique), nous découvrons le couple de l’histoire, un couple qui ne va pas forcément très bien. La jeune femme a en effet fait une fausse couche, et pour ne pas arranger les choses, son petit ami n’est que rarement là, la laissant seule en proie à ses peurs, à sa déprime, voir peut-être même sa folie.

La jeune femme fait des rêves étranges, se gave de médicaments, tandis que sa sœur insiste pour qu’elle aille voir un psychiatre. Pire, peu importe où elle se trouve, elle se sent observée, et un homme aux yeux bleus la suit partout. Alors qu’elle pense se changer les idées et surtout trouver du réconfort chez son amie Mary, celle-ci va la faire plonger encore plus bas en l’amenant à une soirée étrange où semble se dérouler des rites sataniques. Oui, le métrage n’a clairement rien à voir avec les traditionnels giallos, et prend une orientation beaucoup plus fantasmée, beaucoup plus expérimentale. Sergio Martino lui y apporte son savoir faire indéniable. Car la première chose qui frappe, c’est la qualité de la mise en scène. Les plans sont souvent bien pensés et ingénieux, la photographie très belle, et regarder le métrage devient rapidement un plaisir pour les yeux. Au détriment de l’histoire ? Un peu malheureusement. Car celle-ci, en voulant brouiller les pistes en prenant pour modèle Rosemary’s Baby, va parfois nous perdre.

Rêve ou réalité, hallucination ou prémonition d’un futur proche, délire paranoïaque ou véritable danger qui rode à chaque coin de rue ? La majeure partie du temps, Toutes les Couleurs du Vice va jouer sur le doute, à la fois chez Jane, admirablement jouée par Edwige Fenech, mais également sur le spectateur, quitte à nous perdre par instant dans quelques éléments répétitifs. Si bien que le métrage, en jouant la majeure partie du temps sur cet aspect, en nous plaçant à la place de son héroïne, perd le spectateur. En le prenant comme un giallo simple, il pourra également décevoir pas mal de spectateurs, puisque le métrage n’est pas bien généreux en meurtres, même si la présence d’un tueur tout comme la répétition de l’apparition du couteau sont bien présents régulièrement. Heureusement, la mise en scène de Martino tout comme l’ambiance globale du métrage, très psychédélique et aidé par la musique de Bruno Nicolai, prend souvent le pas sur les quelques errances du scénario, nous faisant passer un bon moment, une expérience un peu étrange pour un giallo.

Les plus

Mise en scène très appliquée
Une ambiance prenante
De très bons acteurs
Le mélange de genre est intéressant

Les moins

Un scénario qui perd parfois le spectateur
Peu de meurtres
 

En bref : Entre le giallo et le film paranoïaque, Toutes les Couleurs du Vice est un essai intéressant, dont la virtuosité de la mise en scène nous fait oublier quelques défauts.

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