MORSE (Låt Den Rätte Komma In) de Tomas Alfredson (2008)

MORSE

Titre original : Låt Den Rätte Komma In
2008 – Suède
Genre : Fantastique
Durée : 1h54
Réalisation : Tomas Alfredson
Musique : Johan Söderqvist
Scénario : John Ajvide Lindqvist d’après son roman

Avec Kåre Hedebrant, Lina Leandersson, Per Ragnar, Henrik Dahl, Karin Bergquist, Peter Carlberg et Ika Nord

Synopsis : Oskar, un jeune garçon solitaire, timide et mauvais en sport âgé de 12 ans, endure quotidiennement les moqueries et le harcèlement des élèves de son école, et ne trouve pas le courage de répliquer. Alors que son calvaire empire de jour en jour, il passe ses nuits à rêver de vengeance. Un soir, il rencontre Eli, qui vient d’emménager dans le quartier avec un homme qui semble être son père. Eli a l’apparence d’une jeune fille de 12 ans mais est étrangement pâle, ne sort que la nuit et ne paraît pas être affectée par le froid de l’hiver suédois. Très vite, Oskar est intrigué par Eli.

Ah Morse ! Let the Right One In. Voilà bien un film fantastique que j’adore. Variation sur le thème du vampire, mais avec des enfants dans le rôle principal, un ton froid, un rythme lent et un sérieux à toute épreuve, Morse est un film qui ne laisse pas indifférent. Si bien d’ailleurs qu’il a eu droit à son bien mauvais et inutile remake en 2010. Morse avant toute chose était un roman parût en 2004 en Suède, écrit par John Ajvide Lindqvist. Grand succès, de nombreux producteurs tentèrent d’en acquérir les droits afin de livrer une adaptation cinématographique. C’est finalement dans un premier temps Tomas Alfredson qui récupère les droits, et avec l’aide de l’auteur qui signe le scénario, modifie quelques éléments de l’intrigue. Film fantastique ou pas, vampires ou pas, Morse est quoi qu’il arrive avant tout une magnifique histoire d’amour entre deux jeunes enfants de 12 ans. Oskar vit avec sa mère dans la banlieue de Stockholm, il est martyrisé par ses camarades de classe, il est timide, et le soir lorsqu’il est enfin seul dans sa chambre, il s’imagine en train de se venger au couteau. Oskar est en marge de la société déjà malgré son jeune âge, il ne rentre pas dans le rang. On se moque de lui, il ne parle pas beaucoup, il n’a pas d’amis, il pense déjà à la vengeance et il tient un petit cahier chez lui avec des coupures de presses parlant des meurtres ayant lieu dans la région. Un personnage à part, qui ne va pas tarder à rencontrer un autre personnage à part, Eli, qui vient d’emménager dans l’appartement à côté de chez lui.

Elle aussi vit en marge de la société malgré son « jeune » âge, puisque la jeune femme vit avec un homme qui n’est pas son vrai père, change souvent de ville, a le teint bien blafard, sort en T-shirt malgré la neige et le froid, et surtout, elle se nourrit de sang humain. De cette base simple qui aurait pu livrer un énième film de vampires (c’est à la mode) pour adolescents (c’est à la mode aussi), Morse s’en éloigne radicalement pour se servir de son élément fantastique de moteur à son histoire, mais ne pas en faire le cœur de son récit. Morse, c’est avant tout l’histoire de Oskar et Eli, peu importe si l’un d’eux est une vampire. Les scènes d’horreur sont d’ailleurs extrêmement rares. Le sang ne coule pas à flot. Le mythe du vampire lui est respecté, avec ses caractéristiques principales, comme le soleil faisant du mal aux vampires, ou encore l’impossibilité pour le personnage de rentrer dans un lieu s’il n’est pas invité, ce qui donne d’ailleurs le titre original au métrage, mais Morse prend plutôt la voie du drame, du film artistique, parfois même lent et contemplatif. Il est en tout cas plutôt amusant de noter que le point le plus important du mythe vampirique dans ce métrage est bien souvent le point juste cité histoire de mais jamais utilisé dans les autres métrages. Cela rapproche encore une fois Morse d’un cinéma différent, plus sensible, plus subtil surtout, qui ne cherche pas à offrir aux spectateurs des jumpscares ridicules et faciles.

Malgré tout, on pourra noter pour une scène en particulier des effets spéciaux quelques peu discutables (la scène des chats). Mais il ne s’agît que d’un petit faux pas mineur d’une minute sur un métrage maîtrisé et différent de quasi deux heures. Alfredson à la mise en scène soigne totalement son œuvre, filmant la plupart du temps avec une certaine distance, avec un regard froid comme pour coller à ces images de nuits glaciales qui hantent le métrage constamment. Même lorsque le film pourrait verser totalement dans l’horreur pure, le réalisateur fait le choix de garder une distance avec ce qu’il filme, a souvent recours au hors champs, sans que cela ne dérange ou ne déçoive, puisque ces choix donnent à l’œuvre, en plus d’une patte bien particulière, une certaine sensibilité. Morse rejoint aisément le panthéon des très bons films de vampires actuels, et des très bons films de vampires qui tentent de faire quelque chose de différent avec cette base, un peu à l’image de Jarmusch quand il fera Only Lovers Left Alive quelques années plus tard, de Iwai avec son Vampire qui ne contient pas de vampires d’ailleurs, ou encore de Bigelow avec son excellent Aux Frontières de l’Aube. L’amateur d’horreur visuelle sera lui clairement déçu face à un film peu généreux de ce niveau là, et qui limite se plante lorsqu’il essaye de nous en montrer trop. Mais Alfredson livre un très beau film, et une très belle histoire, portée par deux acteurs touchants.

Les plus

Un très beau film
Lent mais jamais chiant
Kåre Hedebrant et Lina Leandersson, excellents
Une variation du mythe sensible

Les moins

La scène des chats

 
En bref : Adaptation du roman à succès, Morse est un très beau film de vampires, prenant son temps, souvent touchant.

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