GODZILLA (ゴジラ) de Honda Ishirô (1954)

GODZILLA

Titre original : Gojira – ゴジラ
1954 – Japon
Genre : Kaiju Eiga
Durée : 1h36
Réalisation : Honda Ishirô
Musique : Ifukube Akira
Scénario : Honda Ishirô et Murata Takeo

Avec Takarada Akira, Kôchi Momoko, Hirata Akihiko, Shimura Takashi, Murakami Fuyuki et Sakai Sachio

Synopsis : Une série de naufrages inexpliqués défraie la chronique japonaise. Au même moment, à la suite de plusieurs pêches infructueuses, les insulaires de l’île Odo organisent une cérémonie pour apaiser la colère de « Gojira », un dragon marin vénéré depuis des temps immémoriaux. Mais la nuit venue, quelque chose débarque sur l’île dans une tempête et piétine le village. Le lendemain, le professeur Kyohei Yamane examine le sol et découvre des traces de radioactivité ainsi qu’un trilobite. Un gigantesque monstre reptilien apparaît bientôt aux yeux de tous, avant de s’enfoncer dans la mer.

1954, la naissance d’un mythe continuant encore aujourd’hui, 63 ans plus tard. Un film culte, lançant une des sagas les plus longues de l’histoire du cinéma. Au début des années 50, le Japon est traumatisé par la grande guerre, et la bombe atomique. King Kong lui ressort sur les écrans, et d’autres monstres font leur apparition au cinéma. Il n’en faut pas plus pour que le Japon se lance à son tour dans le genre, tout en mettant sur la pellicule leur peur du nucléaire. Godzilla est né, Gojira pour les intimes. Et le plus étonnant, 63 ans après, et plus de 25 films après, c’est que ce premier opus est au final très différent de tout ce qui a suivit, puisque si Godzilla a lancé le monstre sur les écrans en 1954, c’est Le Retour de Godzilla en 1955 qui lança la saga sur la voie qu’elle suivra par la suite, à savoir notre lézard radioactif affrontant d’autres monstres. Que peut-on donc dire de Godzilla autant d’années après ? Forcément, il a vieillit par certains aspects. Certains effets spéciaux notamment font aujourd’hui sourire, lorsque l’on voit ses plans de voitures qui foncent dans des murs et se renversent, et qui ne sont, avouons le clairement, que des vulgaires jouets. Oui, le costume de l’acteur jouant Godzilla était loin d’être parfait, et cela se voit dans certains plans montrant l’animal de trop près, ou étant trop bien éclairé. Et pourtant, Godzilla reste un grand film, un film culte, un film unique et important. Et oui tout simplement un bon film, et probablement l’opus le plus pessimiste de la longue saga. Qui malheureusement fut détruit lors de sa sortie en Amérique avec un remontage intégral et de nouvelles scènes tournées pour insérer un personnage Américain dans le récit, mais là est une autre histoire.

Godzilla nous raconte donc l’histoire de, vous vous en doutez, Godzilla, sa toute première apparition au Japon et sur les écrans. Des pécheurs disparaissent, des bateaux coulent, les légendes des locaux parlent d’un monstre datant de la préhistoire. Le gouvernement s’inquiète, tout comme les habitants, les journalistes sont à la recherche d’un gros titre. Puis un bon matin, des destructions, des traces de pas géantes sur le plage, et encore plus alarmant, des traces de radioactivité et même d’une trace de vie datant de plusieurs millions d’années. La première force de Godzilla, c’est avant tout son intrigue. Les personnages humains sont intéressants, les explications traitées avec le plus grand des sérieux et du coup passent comme une lettre à la poste. Le film prend son temps avant de nous révéler son monstre sacré, et ça fonctionne. La terre tremble, des bruits de pas, puis un cri qui retentit, un gros plan sur une partie de son corps, avant que la créature ne soit révélée dans son intégralité. C’est ce qui rend ses apparitions, pourtant rares, prenantes et réussies malgré une technique qui a vieillie, mais qui innovait pour l’époque où l’on faisait surtout appel à du stop motion. Rien de tout ça ici puisqu’il s’agira la majeure partie du temps d’un homme en costume qui fera voler en éclat des maquettes. Les choix de Honda Ishirô à la mise en scène seront également pour beaucoup dans la réussite du métrage. Car si certains effets ont vieillis, les apparitions du monstre tiennent toujours la route. Le réalisateur fait en effet le choix de révéler son monstre lors de scènes nocturnes, et peut ainsi jouer sur le côté crépusculaire de ces attaques, sur les ombres et l’obscurité, et donne un côté terrifiant et réaliste à ce qu’il se passe.

Autre choix payant, il filmera Godzilla au ralenti, donnant alors une lourdeur à ses mouvements, un côté majestueux, dangereux et imposant. Mais encore une fois, les apparitions du monstre sont au final assez rares, et on sent bien que le cœur du métrage, ce qu’il veut nous raconter se trouve ailleurs, dans son texte. Oui, Godzilla traite de la menace nucléaire, de la morale humaine, et le fait de manière astucieuse. Certaines scènes sont sacrément sombres, comme lorsqu’une mère et ses enfants se retrouve bloqués sur un toit face à notre Gojira, et qu’elle dira à ses enfants « nous allons bientôt rejoindre votre père ». Même cas de figure lorsque la caméra de Honda se focalise sur les blessés empilés dans les hôpitaux, ou sur la ville en flamme, images apocalyptiques par excellence. Le métrage a énormément à proposer, et si le poids des années lui retire certaines choses, il n’en demeure pas moins qu’il reste efficace et intéressant. Et étonnant puisque comme dit plus haut, dés le film suivant, la saga se lancera dans des combats entre Kaiju (comme dans la majeure partie de la saga) et oubliera le ralenti au profit de l’accéléré, pour un résultat bien moins convaincant.

Les plus

La naissance d’un mythe
Les thèmes du film
Quelques images saisissantes
Quelques moments très bien trouvés

Les moins

Quelques moments un peu vieillots

 
En bref : Godzilla restera toujours un film culte. Des années après, s’il a prit un petit coup de vieux, il reste néanmoins efficace et parsemé d’excellents moments.

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