MAMA de Andy Muschietti (2013)

MAMA

Titre original : Mama
2013 – Canada / Espagne
Genre : Fantastique
Durée : 1h40
Réalisation : Andy Muschietti
Musique : Fernando Velazquez
Scénario : Andy Muschietti, Barbara Muschietti et Neil Cross
Avec Jessica Chastain, Nikolaj Coster-Waldau, Megan Charpentier, Isabelle Nelisse, Daniel Kash et Javier Botet

Synopsis : Il y a cinq ans, deux sœurs, Victoria et Lily, ont mystérieusement disparu, le jour où leurs parents ont été tués. Depuis, leur oncle Lucas et sa petite amie Annabel les recherchent désespérément. Tandis que les petites filles sont retrouvées dans une cabane délabrée et partent habiter chez Lucas, Annabel tente de leur réapprendre à mener une vie normale. Mais elle est de plus en plus convaincue que les deux sœurs sont suivies par une présence maléfique…

On le sait encore plus maintenant, en 2017, avec la sortie de Ça de Andy Muschietti, mais c’est un réalisateur avant tout visuel. Et ça tombe bien, puisque si en 2013, son premier film, Mama, avait beaucoup fait parler de lui, allant jusqu’à gagner un prix au festival de Gerardmer, et bien le métrage partage absolument toutes ces qualités et tous ces défauts avec le film le plus récent de Muschietti. Un réalisateur qui n’a donc pas évolué ? Je n’irais pas jusque là, mais je dirais par contre qu’il a un style, et en soit, c’est assez rare pour le souligner. Ici donc, nous sommes face à un film produit par Guillermo Del Toro, qui adapte pour le grand écran un court métrage qu’avait livré Muschietti auparavant. Un film encensé de toute part que l’on nous vend comme un film d’horreur, comme un film qui fait peur. Sauf que, comme Ça, Mama ne fait pas peur. Pas un seul instant. Mama nous raconte donc l’histoire d’un père qui pour une certaine raison, prend la fuite en voiture avec ces deux filles. Un accident de la route plus tard et les voilà perdus dans la forêt, trouvant refuge dans une maison. Le père, à l’instinct paternel discutable, pense à flinguer les gamines, mais quelque chose l’en empêche. Reprenant des années plus tard, le frère du super paternel retrouve la trace des enfants, qui ont miraculeusement survécue en vivant comme des animaux, et il les prend, avec sa petite amie, sous son aile. Forcément, rien ne se passe comme prévu, et une présence se fait sentir dans la nouvelle maison de cette « famille ».

Mama donc partage énormément de points communs avec Ça. Une esthétique à tomber par terre déjà, il faut le dire. Les décors, les angles, la composition des plans, la photographie, c’est un pur plaisir pour la rétine. Tous les plans sont beaux, tout semble millimétré, voilà, c’est dit. En fait, il y a beaucoup de bonnes choses à dire sur Mama. Son histoire, bien que classique et partant dans des directions déjà vues et parfois prévisibles, fonctionne plutôt bien. C’est bien écrit, et un soin particulier a été porté aux deux enfants du métrage. Du très bon boulot à ce niveau. Muschietti a un don pour poser une ambiance, c’est indéniable. Autant dans Mama que dans Ça, le réalisateur sait poser son ambiance et jouer avec lorsqu’il joue sur la suggestion. La construction de son récit et sa montée en puissance est donc bien trouvée, puisque les premières apparitions de Mama, souvent hors champs, ou jouant sur les ombres, fonctionnent du tonnerre. Deux scènes en particulier retiennent notre attention, lorsqu’une des enfants jouera avec Mama, cachée derrière un mur et dont on ne distingue au final que l’ombre, ou encore ce moment, pourtant très classique, où la caméra nous fait croire qu’une enfant est en arrière plan, alors qu’elle est en réalité dans une autre pièce. C’est en jouant sur ses éléments classiques que le film parvient à être efficace. Le film sait monter en puissance malgré des défauts. Les deux gamines du métrage sont par exemple excellentes, jouant hyper bien. Tandis que les personnages adultes semblent moins développés, et donc moins consistant. Dommage aussi, mais là c’est personnel, d’avoir Jessica Chastain, excellente actrice, et de lui mettre une perruque de camionneuse brune.

Mais là est un détail. Mama donc sait jouer sur l’ambiance et faire monter la sauce, la tension. Mais son principal souci, comme pour Ça d’ailleurs, c’est de faire monter la tension sans arriver à rendre la finalité aussi puissante. Jouer sur des artifices simples, des ombres, des sons, pour finalement nous balancer un jumpscare à la gueule, ou vers la fin, des CGI, forcément ça déçoit. Exactement comme dans Ça ! Et pourtant, même dans son final, Mama propose de bonnes choses, avec des images magnifiques qui font clairement penser à du Del Toro Mais la magie elle n’opère plus vraiment. Mama semble trop indécis dans ce qu’il veut être, ou ce qu’il devrait être. Doit-il être un beau film fantastique onirique, ou un film qui doit faire peur au plus grand nombre ? Au lieu de faire un choix, le film essaye d’être les deux, mais en faisant parfois le choix de la facilité, en jouant donc sur les jumpscares, avec des sons qui arrivent pour nous faire bondir, et sur l’abondance à la fin d’apparition de Mama. Si bien qu’il est impossible sur la fin de ressentir quoi que ce soit pour cette créature, mi-CGI mi-acteur (un acteur espagnol qui jouait déjà la créature à la fin de REC). Est-ce que Mama est bon ? Oui, il l’est. Est-ce qu’il fait peur et renouvelle le genre ? Pas du tout. Un honnête divertissement avec de bons moments et de très belles images. Et deux gamines excellentes !

Les plus

Les deux enfants, géniales
Visuellement somptueux
Quelques scènes suggérées qui fonctionnent un max

Les moins

Les jumpscares
Trop de CGI sur la fin

En bref : Andy Muschietti pose déjà sa patte sur le film. C’est sublime visuellement, intéressant parfois, des moments font mouche, l’ambiance est réussie, mais la peur absente, les jumpscares ratés et le final en fait trop.

5 réflexions sur « MAMA de Andy Muschietti (2013) »

  1. J’avais beaucoup aimé ce film, regardé un peu par hasard… enfin attirée tout de même par le fait qu’on le vendait comme un film d’horreur. Je l’avais trouvé étrangement beau et presque poétique notamment à cause du final, loin d’être facile et convenu pour ma part (SPOIL/ je n’ai pas l’habitude qu’on sacrifie des enfants ahah). Le seul point négatif que j’en retire, c’est effectivement cette perruque brune et ces tatouages du pauvre sur Jessica Chastain. Les deux gamines m’avaient soufflé, surtout la plus grande !

    Cette histoire d’étiquette « film d’horreur ou pas film d’horreur ? » (relative à la promotion : les films d’horreur attirent quand même plus de monde au ciné)(même les petits cons qui viennent là avec tous leurs copains pour une expérience de groupe)(au secours), je disais donc cette histoire d’étiquette me rappelle « The Witch » ou « It Comes at Night »… Effectivement, si on s’attend à sursauter, on risque de terminer son visionnage plein de frustration.

    En ce qui me concerne, ça m’a permis de voir trois films qui sortent un peu des sentiers battus (enfin, des miens du moins) 🙂

    1. Oui je suis totalement d’accord pour le débat « film d’horreur ou pas ». Pour moi c’est oublier que le film d’horreur est un genre qui enveloppe une multitude de sous genres, et qui passe donc par l’horreur psychologique, qui peut être tout aussi efficace (voir meilleure). Il n’y a que les films à jumpscares qui m’énervent, surtout s’il n’y a pas d’ambiance à côté. Mama a une ambiance heureusement.
      Apparemment il avait été vendu comme un film d’horreur super flippant, ce qu’il n’est pas. Je suis content de ne voir quasi aucune bande annonce en général (j’ai juste vu celle de Blade Runner 2049 cette année, mais je l’attendais tellement ce film).

      SPOIL Le final, malgré qu’il y a beaucoup trop de CGI pour moi avec la fameuse créature, qui du coup ne fait plus rien (dommage, car il y a un vrai acteur derrière), il va au moins jusqu’au bout de son délire oui, et c’est une chose assez rare. Depuis le début des années 2010, on peut toucher aux enfants au cinéma (la fin de Mama, le début de Ça, les enfants zombies dans Cooties).

        1. Yep je l’ai vu il y a déjà pas mal de temps, je ne sais même pas si il est depuis dispo en France.
          Alors j’ai bien aimé, c’était fun, ça m’a parfois fait rire, mais ça aurait pu par moment aller un peu plus loin dans le délire, être un peu plus méchant on va dire.

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