Silent Hill : Shattered Memories (2009 – Survival Horror – Wii)

SILENT HILL : SHATTERED MEMORIES

2009
Studio : Climax Studios
Editeur : Konami Digital Entertainment
Genre : Réinvention du premier opus
Multijoueur : Non
Joué et testé sur : Wii
Existe sur : Wii, Playstation 2, PSP

Synopsis : Le joueur incarne Harry Mason, qui partira à la recherche de sa fille Cheryl, après un accident de voiture. Mais au fil du jeu, Harry se rendra compte que beaucoup de choses au sujet de son passé ou même son identité sont assez confuses. Il devra rechercher la vérité en même temps que sa fille.

Après avoir livré le controversé Silent Hill 4 : The Room, Konami délaisse totalement sa saga clé. Après tout, ils avaient également Metal Gear Solid. Bon, l’avenir depuis nous a bien montré que Konami n’était plus ce qu’ils étaient mais bon. Après Silent Hill 4 donc, le studio va alors confier les nouveaux opus à des studios extérieurs et se contenter d’éditer. Climax livrera sur PSP et Playstation 2 Silent Hill Origins, puis Double Helix Games livrera Silent Hill : Homecoming sur Playstation 3, Xbox 360 et PC. Deux jeux très inégaux, pas mauvais, mais décevants. Mais Konami a du aimer travailler avec Climax, puisque les revoilà pour un nouvel opus, ce Shattered Memories, un jeu au développement complexe. Car au départ, le jeu s’appelait Silent Hill Cold Heart. Car si en l’état, Shattered Memories, sorte de remake, ou plutôt une réinvention du premier opus, apparaît comme logique (le jeu sortant pile 10 ans après l’original), au départ Climax ne pensait pas refaire le premier jeu, mais bien livrer un jeu à part, avec un nouveau personnage. Nous devions y jouer Jessica Chambers, une étudiante émotionnellement vulnérable, qui se retrouve à Silent Hill après une tempête causant un accident de voiture alors qu’elle allait rendre visite à ses parents. Alors certes, la neige, la glace, tout cela était déjà présent, tout comme certaines mécaniques de gameplay (le psy, le téléphone portable), mais énormément d’éléments étaient présents, éléments non présents dans le jeu final. Il fallait gérer son inventaire, se protéger du froid, du vent, trouver à manger, des vêtements chauds. Une survie beaucoup plus complexe donc. Les énigmes étaient apparemment plus complexes et présentes, ainsi que les ennemis.

Mais tout cela n’existe plus, puisque Konami et Climax ont oubliés tout cela pour nous livrer Shattered Memories. Un jeu au final très intéressant, mais qui s’éloigne assez radicalement de l’univers de Silent Hill. Un jeu qui ne fait pas peur, mais un jeu plus psychologique. Oui, Silent Hill, cela a toujours été plus ou moins de l’horreur psychologique, mais ici, la psychologie prédomine sur la survie et même sur l’horreur. Comme dans le jeu original, nous jouons donc Harry Mason qui part à la recherche de sa fille après un accident de voiture à Silent Hill. Dans les grandes lignes, oui, Shattered Memories reprend les éléments du premier jeu. Nous jouons Harry, nous cherchons Cheryl, nous rencontrerons dans un café Cybil l’agent de police, plus tard une Dahlia, nous visiterons l’école de Silent Hill également. Mais au delà de ces éléments, et de quelques clins d’œil à la saga, Shattered Memories change tout. Le Silent Hill alternatif n’est plus métallique mais glacé, les monstres sont absents du monde réel qui lui sera uniquement là pour de l’exploration et faire avancer l’intrigue, les monstres seront présents dans le monde alternatif mais le jeu ne contient aucun combat, il faudra fuir, tout le temps. Dahlia n’est plus une extrémiste religieuse âgée mais une jeune femme souvent assez chaude (appelons un chat un chat), et le fin mot de l’histoire n’a absolument plus rien à voir. D’où, malgré en général de bonnes critiques, des avis plutôt mitigés de la part des fans. Deux camps, soit l’on adhère aux choix et aux changements effectués qui amènent une petite bouffée d’air frais dans la saga mine de rien, soit on crie littéralement au carnage.

Il serait dommage en tout cas de condamner le jeu pour ses différences avec le jeu original. Le jeu a au moins le mérite de tenter de nouvelles choses, et de réussir plutôt bien ce qu’il entreprend. Bien entendu l’expérience n’est pas parfaite, et on pestera comme souvent sur la Wiimote, cette satanée manette de l’enfer. Mais Silent Hill Shattered Memories parvient à être une expérience bien prenante de par ses nouveaux éléments psychologiques. À commencer par les visites chez le psy, qui vont déterminer la tournure du jeu, et de la fin bien entendu. Répondre de telle ou telle manière à ses questions ou se focaliser sur certains éléments dans la pièce vont faire grandir nos statistiques, que ce soit en amitié, famille, sexualité, alcoolémie, et faire varier divers éléments du jeu, divers personnages, et donc, la fin en elle-même. Un procédé assez bien vu d’ailleurs, puisque nous investissant dans le jeu, et ne venant pas non plus nous parasiter, puisqu’à aucun moment nos statistiques nous sont montrées. Une mécanique plutôt intéressante. Au-delà de ces phases chez le psy, que donne le jeu ?

Et bien c’est pas mal du tout, même si au final, certains choix pourront amener par moment un certain manque de rythme. Car au final, la formule du jeu est assez répétitive. Nous arrivons dans un lieu, que l’on va explorer de fond en comble pour en savoir un peu plus et pour pouvoir avancer, avant de plonger dans le monde alternatif et de courir comme un dératé pendant 5 minutes à esquiver les monstres, à chercher le bon chemin, et souvent, à se perdre, avant de nous retrouver chez le psy, pour embrayer sur un nouveau lieu. Même si cette formule est bien connue (exploration, fuite – ou combat), ici, en l’absence de réelle tension durant l’exploration et avec son gameplay parfois brouillon lors des phases de fuite, la répétitivité se ressent plus. Surtout que visuellement, le jeu ayant été développé pour la Wii, ce n’est pas foufou. Ceci n’est qu’un détail puisque l’ambiance reste sympathique, mais jamais flippante ou stressante. On sait par avance que l’on pourra explorer tranquillement sans tomber sur le moindre souci, à part une énigme, même si celles-ci sont relativement simples. Mais le vrai problème viendra finalement de la phase de fuite, puisque soyons clair, la Wiimote n’est pas adaptée pour ce gameplay. Devoir fuir toujours en avant, diriger la Wiimote dans la bonne direction, prendre des portes avec précision sinon l’on pourra se retrouver dans le mur, et espérer (prier) avoir prit le bon chemin, cela est frustrant et amènera d’ailleurs quelques game over.

Les idées sont excellentes, mais Wiimote en main, c’est parfois archaïque. Et c’est bien dommage. Shattered Memories a beaucoup de bonnes intentions, de bonnes idées, mais parfois, ses ambitions tombent à plat ou trouvent rapidement leurs limites. Bien entendu, le jeu reste intéressant pour le fan, propose une aventure littéralement bien différente, son côté psychologique est fortement intéressant, et on bénéficie une fois de plus d’une bande son parfaite de la part d’Akira Yamaoka, et d’un morceau en collaboration avec Mary Elizabeth McGlyn (qui avait déjà participée à Silent Hill 4) absolument sublime qui nous plonge dans cette ambiance glaciale. Mais en tout cas, après Origins et Homecoming, Shattered Memories fait des choix radicaux et plaisant, et c’est une initiative à saluer. Le jeu a d’ailleurs ensuite été porté sur Playstation 2 et PSP, sans doute pour toucher un plus grand public, mais je n’ai pas pu tester ces versions et n’ai donc aucune idée de si la maniabilité a été amélioré, avec une vraie manette en main.

Les plus

Un concept osé et différent
Intéressant dans sa psychologie
Des idées de gameplay sympathiques
Le score musical

Les moins

Les phases de poursuites frustrantes
La Wiimote bordel !
Peu de tension au final

En bref : Silent Hill Shattered Memories se réapproprie l’histoire du premier jeu et en fait quelque chose de différent, en terme d’ambiance, de gameplay, de signification. Le jeu a ses limites, tout n’est pas parfait, mais il est fort plaisant et offre une expérience différente.

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