LE DAIM de Quentin Dupieux (2019)

LE DAIM

Titre original : Le Daim
2019 – France
Genre : Comédie
Durée : 1h17
Réalisation : Quentin Dupieux
Musique : Janko Nilovic
Scénario : Quentin Dupieux
Avec Jean Dujardin, Adèle Haenelnn, Albert Delpy, Coralie Russier, Laurent Nicolas et Marie Brunel

Synopsis : Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet.

Quentin Dupieux et moi, une longue histoire d’amour qui a commencé avec son premier long métrage, le génial (et incompris par beaucoup) Steak. C’était en 2007. Après un rapide exil en Amérique le temps de faire le tour de son style, Dupieux enchaîna les films au rythme de quasi un opus par an dés 2010. Vint donc Rubber et son pneu tueur, Wrong et sa quête pour retrouver son chien, Wrong Cops et ses flics totalement à l’ouest, et finalement pour conclure tout ça, Réalité et sa recherche du cri parfait. En l’espace de quelques films, Dupieux se forge un univers, une base de fan solide, et a tourné avec Eric et Ramzy, mais également Alain Chabat. Une petite pause et il est temps de retourner en France, où il se remet au travail en 2018, à un rythme acharné. Au Poste montre une vision différente de l’auteur, et il se tape Benoit Poelvoorde et Grégoire Ludig au casting. La cuvée 2019 poursuit cette lancée, ce renouveau, sans pourtant renier son passé, et avec Le Daim, il obtient Jean Dujardin pour le premier rôle, et se permet de mixer son humour improbable avec un genre bien différent comme il avait pu le faire avec Rubber, à savoir le film d’horreur. Dupieux ne chôme pas pour autant, puisqu’il est déjà en plein tournage de son prochain long métrage, Mandibules, prévu pour 2020, où il retrouvera Grégoire Ludig, et parvient à amener dans son univers Adèle Exarchopoulos. Et donc Le Daim, qu’est ce que ça vaut ? Si vous aimez le cinéma de Dupieux, sa proposition de cinéma, et êtes plutôt familier donc avec sa façon de faire, de filmer, son humour et ses thèmes, vous serez forcément connu. Humour décalé, personnages perchés, situations improbables, le tout dans une photographie grisâtre comme souvent, tout ça pour nous raconter l’histoire de Georges (Jean Dujardin) et de son manteau en daim. Enfin, dans les faits.

Puisque Georges est tellement obnubilé par son manteau qu’il va parler avec lui, et se mettre en tête qu’il devra être le seul à porter des manteaux, et va donc se servir de sa caméra pour faire un film, forçant les figurants à se débarrasser de leurs manteaux. Alors oui, c’est comme toujours perché, ça commence doucement, et rapidement, l’obsession de Georges va aller plus loin et le pousser au meurtre, pur et simple. Qu’est ce qu’on ne ferait pas pour son manteau 100% pur daim hein ? Alors oui, sans surprises, Dupieux est une nouvelle fois réalisateur, mais également scénariste, monteur et directeur de la photo de son film, et ça s’en ressent. Ce qui permet au film d’être dans la continuité des précédents, comme si chacune de ses œuvres se déroulait dans le même univers barré. Petite nouveauté par contre, Dupieux semble avoir filmé la quasi intégralité de son film caméra à l’épaule, au contraire des caméras souvent figées du passé. Sans doute pour mieux coller à l’état d’esprit de Georges, et son occupation de filmer un peu tout et n’importe quoi, d’un coucher de soleil au meurtre des habitants d’un petit village, jusqu’à l’enterrement de blousons dans un champ vide. Mais outre ce petit détail, non, Le Daim reste un film 100% Dupieux. Et c’est tant mieux tant j’aime son univers et son travail, qui malgré des thèmes communs, une façon de faire similaire, et le même humour, parvient à éviter de tourner en rond, et parvient encore à surprendre. Le Daim s’avère même sur bien des points supérieur à son précédent métrage, qui souffrait d’un final en dessous du reste à mon goût.

Dujardin est parfait dans son rôle de quarantenaire qui du jour au lendemain lâche tout, sa femme, son travail, tout, juste pour s’acheter avec une grosse partie de son compte en banque un manteau en Daim. Ce qui semble tellement faire plaisir à l’ancien propriétaire qu’il lui offre par la même occasion une petite caméra. Satisfait de son achat, Georges va rester dans les environs, s’installer dans l’hôtel du coin malgré son compte en banque bloqué, et les situations comiques s’enchaînent. Il se servira même de Denise (géniale Adèle Haenel), travaillant au bar du coin, et cinéphile absolue afin de récupérer de l’argent, continuer son film, et continuer sa mission d’être le seul à porter un manteau. La relation entre les deux personnages est amusante, tant il y a un grand écart entre cette cinéphile et Georges, qui essaye de faire la connaisseur et le professionnel mais qui se plante souvent dans les mots et n’arrive pas un seul instant à cacher le fait qu’il n’y connaît rien. Mais les deux s’entraînent mutuellement dans leur folie et leur passion, ou plutôt leur mission. Etre le seul à porter un manteau pour l’un, et pouvoir monter un grand film pour l’autre. On pourra bien dire que le propos est léger, tout comme le développement, surtout que comme souvent, le film ne dépasse pas 1h15. Mais comme souvent, si l’on adhère à cette proposition de cinéma, à cette invitation dans cet univers décalé pendant une si courte durée, rien qui ne vienne déranger ou empêcher l’immersion. Et ce depuis 7 films, ça c’est fort !

Les plus

Jean Dujardin
L’alchimie entre Georges et Denise fonctionne bien
L’humour de Dupieux
Des moments bien drôles

Les moins

Il faut adhérer à l’univers de Dupieux de base

En bref : En s’alliant avec Dujardin, Dupieux livre comme toujours une comédie absurde, tournant autour d’un cinéaste amateur (comme dans Réalité) obnubilé par son manteau en Daim. Un psychopathe qui dés le début nous montre qu’il est déséquilibré. Un excellent moment.

11 réflexions sur « LE DAIM de Quentin Dupieux (2019) »

  1. J’adore le style Dupieux depuis plus de 20 ans (mr oizo c’était déjà du lourd) mais je savais même pas qu’il avait enchaîné deux films depuis Réalité … merci pour l’info et la chronique Rico ! (Enfin si vu que Le daim est dans ton top 10 2019)

    Et puis Steak … une soirée chez des amis , ils lancent le film … silence générale dans la pièce , sauf un abruti hilare (ça c’est moi) et une sympathique inconnue qui se rebalancent les punchlines non stop.
    10 ans plus tard c’est ma meilleure amie et on se fait encore régulièrement un check à la shivers quand on se voit où bien quand on est pressé de partir un petit « le dernier arrivé est fan de Phil Collins ! » … et ont est bien les seuls à en rire.

    1. Tiens, je vous connais monsieur 😀
      Je délire souvent avec ma meilleure amie, encore aujourd’hui, sur Flat Beat et d’autres. Et pareil, je fais souvent le check des Shivers, ou sort pas mal de punchlines du film. Phil Collins, le lait, les nuages ressemblant à du tissu.
      Steak, vu seul, à me marrer non stop. Puis avec un pote avec un bon whisky, à se marrer tout le long encore. Et c’est devenu un de nos films cultes, on tente depuis de voir tous les Dupieux au cinéma (même si j’ai raté les deux derniers en salles snif).
      Je sens que je vais me refaire Steak cet aprem, et écouter l’ost en allant au taf dans 1 minute haha !

      1. Erreur monumentale ! >>

        —Tu vois le nuage ?
        —Oui
        —On dirait pas du COTON ?

        Moi qui pensait parler à un vrai cinéphile … tristesse !

        😀

  2. Je vois peu de films français… mais celui-ci était sur Prime Japon. Donc allez, j’ai tenté ! Et j’ai beaucoup aimé. Je l’ai lancé sans rien savoir (à part la renommée bizarroïde du réalisateur) et j’ai passé un super moment. Je pense encore une fois qu’il vaut mieux se lancer dans un tel film sans rien en savoir. Du tout.

    1. Ah dans mes bras !!! Ton premier Dupieux du coup ??
      Dupieux en effet, le mieux est de ne rien savoir (et pour le coup, pour une fois, les trailers sont archi énigmatiques pour chacun de ses films et ne révèlent que rarement les films au delà du pitch de départ). Si tu as adhéré en tout cas, tu peux tenter le reste de sa filmographie, qui reste souvent dans le même ton, et avec la même démarche artistique (visuellement, narrativement). J’aime beaucoup sa manière de filmer, posée, qui laisse les acteurs s’exprimer dans le cadre plutôt que de filmer chaque scène sous pleins d’angles et mixer le tout au montage.
      Un des rares réalisateurs Français qui me fait me déplacer au cinéma quasi à chaque fois (sauf ses deux derniers, pas vu le dernier d’ailleurs encore). STEAK, WRONG, RUBBER, REALITE, que du bon que je te conseille.

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