Titre original : Tong Ling Jie Mei – 通灵姐妹
2017 – Chine
Genre : Horreur
Durée : 1h20
Réalisation : Sa-li Mo
Musique : –
Scénario : Sun Fangfang
Avec Zhang Lanyi, Liu Yichen, Liu Luoxi, Liu Xiaoqi, Lin Yifei, Zhang Enzi
Synopsis : Deux soeurs sont victimes d’un accident après l’apparition d’un homme masqué. L’une d’entre elle meurt et l’autre doit vivre avec ce poids. Mais les événements étranges se succèdent.
La Chine n’a jamais été particulièrement douée pour le cinéma d’horreur, ni même de genre tout court. Alors oui, on me rétorquera qu’il y a les films de catégorie III made in Hong Kong, mais c’est bien ça, des films venant de Hong Kong, de l’ex colonie Anglaise, des films datant des années 70, 80 voir 90. Mais en ce qui concerne la Chine elle-même, outre le fait qu’il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, et bien ce n’est pas toujours très bon, voir pas du tout. Alors en 1988, il y a bien eu le film Camp 731, mais là, c’est un cas à part, et un sous-genre bien spécifique de l’horreur, et surtout, un film qu’il est difficile de conseiller de par ses images. L’horreur en Chine, c’est rare, et dans les années 2000, ça cherche comme un peu tous les pays Asiatiques à surfer sur le succès de Ring. Comble, certains réalisateurs Coréens partiront même en Chine pour remaker leurs propres films, à l’image de Ahn Byeong-Ki, qui après avoir signé plusieurs films en Corée allant du bon (Phone, Bunshinsaba) au mauvais (Nightmare, son premier film), partira en Chine pour relancer une saga de trois films sur Bunshinsaba. Et pour avoir eu la « chance » de voir le second opus… Non circulez, il n’y a vraiment pas de temps à perdre avec ça. Bref, je crois que je vous ai bien situé le contexte, et il est à présent temps de se pencher sur Haunted Sisters, film totalement inconnu et n’ayant probablement jamais dépassé les frontières de son pays d’origine (la Chine donc, oui vous suivez !), et qui, dés le premier coup d’œil sur sa pochette, ne laisse pas planer l’ombre d’un doute. En fait si, comme toujours, mais c’est l’ombre de Sadako de Ring qui plane sur lui. Mais pourquoi pas, il faut savoir après tout que si Ring, c’est culte (et génial), beaucoup l’auront copié, et tout n’est pas à jeter, même si le marché a été plus que rapidement saturer. Donc, laissons le bénéfice du doute à cette petite production, que personne ne verra, sans doute. Et au final, ce n’est pas plus mal. Car c’était mauvais. L’exemple typique du film qui veut accumuler les influences, tout mettre dans son film, en croyant que créer un peu de rythme fera passer la pilule. Sauf que non, quand des éléments multiples ne vont pas ensembles, et que le tout est traité par dessus la jambe avec la maladresse d’un tétraplégique tentant de faire un 100 mètres.
Alors, en gros, on a une mère qui tente de faire le deuil de sa fille, un possible tueur, des viols, des apparitions fantomatiques, des hallucinations, des cauchemars, des poupées creepy, un alcoolique, des actrices peu convaincantes qui crient, une petite fille qui court forcément seule dans la forêt de nuit, des meurtres, et parfois un peu de néon, pour le fun. Tout ça sur 1h20, générique avec chanson niaise compris. Ça commence à faire beaucoup. D’ailleurs, parlons en de la musique, qui semble vouloir nous rappeler cette douce époque où la Chine tout comme Hong Kong ne se souciait absolument pas des copyright. Au début des années 90, un obscur film de Hong Kong réalisé par Wu Ma m’avait profondément marqué. Pas par ses qualités, puisqu’il ne faisait que livrer une relecture du culte et bien plus réussi Histoires de Fantômes Chinois, mais par l’utilisation de musiques venant d’autres films, à savoir le culte Les Griffes de la Nuit de Wes Craven. Ici, la production a été bien plus maligne, en allant chercher des morceaux dans une œuvre d’un genre opposé, et surtout d’un format qui n’a pas forcément le même public que le film en question, à savoir la musique du Visual Novel Clannad. Alors oui, niveau émotions, Clannad, ça faisait fort, mais justement, utiliser un morceau bien précis si significatif pour le mettre sur un moment d’émotion qui tombe totalement à l’eau, ça ne marche pas. En fait, ce n’est pas tout, puisque beaucoup de choses ne marchent pas dans le métrage, si bien que pour aller plus vite, parlons de ce qui marche. La photographie est très jolie, voilà. Haunted Sisters a eu des techniciens sérieux dans son équipe, et cela s’en ressent. Éclairage très propre et parfois très travaillé, cadrages plutôt réussis et bien pensés. Et puis, elles sont mignonnes ces petites Chinoises. Malheureusement, le positif s’arrête là. Le réalisateur comme dit plus haut tente de mettre un peu tout et n’importe quoi dans son film. Le but ?
Sans doute de surprendre, et de ne jamais ennuyer, passant alors d’une scène d’hallucination à une scène plus dramatique avant de partir sur des moments horrifiques plus surréalistes, puis de revenir sur une basique histoire de tueur masqué. Pourquoi pas, le mélange de genre, si habilement fait, peut fonctionner, et du coup arriver a vraiment surprendre. Mais pas ici, puis que tout va vite pour tenir sur 1h20, et que le réalisateur tout comme son scénariste ne prennent alors le temps de rien développer. Impossible de poser une ambiance, le film aura alors recourt à une série de jumpscares faciles, parfois à seulement quelques minutes d’intervalles, entre deux scènes e voulant un peu plus sérieuses. Et quand sur la fin, le film se décide alors enfin à mettre en avant sa vraie intrigue et à laisser de côté ses nombreuses influences, ça ne fonctionne toujours pas, puisque l’on n’a vraiment pas eu assez de temps pour développer les thèmes et les personnages. Personnages d’ailleurs peu aidés par une interprétation allant du passable au risible. Comment prendre ce tueur au sérieux quand on le voit porter son masque ridicule, où lorsque l’on découvre son antre, avec filles en bikini en posters sur le mur et poupée gonflable sur le lit avec une photo de l’héroïne sur son visage ? Et comment croire à ces scènes qui tentent de dynamiser l’ensemble, quand l’horreur a seulement recours aux jumpscares, et que les scènes plus musclées bénéficient d’un montage raté et d’acteurs qui simulent très mal les coups et la douleur. La scène finale en est d’ailleurs totalement ridicule, avec cette course poursuite autour d’un canapé, de personnages assommés à gentils coups de lampe de chevet, ou à ses gamines pleurnichardes qui tombent dans les pommes juste en étant poussées doucement au sol. À croire que tout l’argent, ainsi que tout le talent est parti seulement dans la partie technique du film. Car en voulant tout faire, et en le faisant mal, Haunted Sisters ne fait même pas rire, puisqu’il est atteint du pire défaut possible : il ennuie. Bref, mieux vaut se tenir éloigné de l’horreur made in China.
Les plus
Jolie photographie
Belle composition du cadre
Les moins
Scénario insipide
Acteurs à la ramasse
Des jumpscares mauvais qui ne fonctionnent jamais
Aucune ambiance
Ça part dans tous les sens
Ennuyeux malgré sa courte durée
En bref : Haunted Sisters m’a rappelé pourquoi il vaut mieux éviter les films d’horreur Chinois. Il y en a peu, et ils sont souvent mauvais. Passé une technique solide, le film n’a rien à proposer. Une accumulation de scénettes mal pensées qui ne provoquent que l’ennui.