SUPER MARIO BROS de Annabel Jankel et Rocky Morton (1993)

SUPER MARIO BROS

Titre original : Super Mario Bros
1993 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h44
Réalisation : Annabel Jankel et Rocky Morton
Musique : Alan Silvestri
Scénario : Parker Bennett, Terry Runte et Ed Solomon

Avec Bob Hoskins, John leguizamo, Dennis Hopper, Samantha Mathis, Fisher Stevens, Richard Edson et Fiona Shaw

Synopsis : Mario et Luigi se retrouvent transportés dans une autre dimension où ils doivent affronter Koopa qui a kidnappé la princesse Daisy.

Si je vous dis Super Mario, vous pensez à quoi ? Un visuel coloré, un petit moustachu qui saute sur des ennemis et récupère des champignons pour grandir, qui rentre dans des tuyaux, récupérant des étoiles, terminant niveau après niveau, souvent pour affronter Bowser à la fin et sauver la Princesse Peach. Comme tout le monde en fait, Super Mario, c’est clairement rentré dans la pop culture, dans l’inconscient collectif, dans tout ce que l’on veut. Alors quand le monde du cinéma commence à s’intéresser à cette industrie qui grimpait à la fin des années 80/début des années 90, ils n’ont pas encore un gros catalogue pour choisir. Sony et Microsoft ne sont pas encore dans la course, et les grosses licences, ça ne court pas encore les rues. Il faut se tourner vers Nintendo, où nous trouvons les Mario, Zelda et autres Donkey Kong. Et plutôt que de choisir la facilité avec Zelda par exemple, avec son histoire d’heroic fantasy, de princesse, de triforce, non, le monde du cinéma jette son dévolu sur Super Mario. Soit le jeu de plateforme où il faut sursauter terminer des niveaux colorés courts avant d’affronter Bowser et sauver la princesse. Un concept aussi simple que limité, mais suffisamment reconnaissable pour l’émuler sur un écran de cinéma, broder autour, et satisfaire les enfants qui emmèneront leurs parents dans la salle, vous ne pensez pas ? Alors comment les choses ont-elles autant mal tournées, je vous le demande ! C’est Roland Joffé, pour sa société Lightmotive, qui récupère contre un petit chèque de deux millions les droits pour faire un film sur Super Mario après avoir pitché l’idée à Nintendo. Pourquoi une petite société aux moyens probablement limité ? Pour garder plus de contrôle sur leur marque ? Pas du tout, Nintendo n’était apparemment pas vraiment concerné par le film, pensant que la marque Super Mario était suffisamment forte et identifiable pour laisser d’autres personnes s’en occuper. Et bien ils s’en mordent probablement les doigts de leurs expérimentations du début des années 90. Car de Super Mario le jeu vidéo, il ne subsiste pas grand-chose dans le film.

Autant, ce n’est pas si grave que ça vous me direz, il aurait été difficile de tenir 1h30 durant avec un concept pareil. Le souci, c’est que c’est mauvais. Poussé par le choix des deux réalisateurs Annabel Jankel et Rocky Morton à épouser le style récent d’adaptations dark après Batman par exemple, de nombreux scénaristes travailleront sur le film. Même lorsque la production est lancée et le casting débuté, de nouveaux scénaristes viendront à la demande des producteurs, sans tenir informé le reste de l’équipe, pas même les réalisateurs. Le tournage se fera dans la douleur, entre des réécritures qui ne vont pas avec le ton des décors déjà construits, des embrouilles entre l’équipe, un reshoot où les réalisateurs sont tenus à l’écart, pareil pour le montage. Mais parfois, de bons films naissent d’une gestation douloureuse. Ce n’est pas le cas ici. Même avec un esprit ouvert, rien ne fonctionne, rien ne fait rire, Super Mario Bros est un film lourd qui s’éloigne de son matériel de base, non pas pour ajouter quelque chose ou nous donner une vision intéressante, mais juste car personne ne semblait savoir quoi faire. Mario et Luigi ? Des vrais plombiers à New York, qui s’appellent Mario Mario et Luigio Mario. Peach ? Absente, mais on a Daisy. Koopa est présent, et est le dictateur d’une monde parallèle où vivent des dinosaures et autres créatures lézards. Des champignons ? Plutôt des trucs gluants qui poussent sur les murs. Le royaume champignon tout coloré ? Plutôt une version crade (encore plus crade) de New York, avec voyous, pauvretés, prostituées et j’en passe. Un plombier moustachu qui saute sur ses ennemis ? Oh que non, ici, ce sera des poursuites en voitures étranges dans les rues, des sauts sur des trucs gluants, des coups de fusils qui servent à faire dé-évoluer la cible. On ne pourrait pas être plus éloigné du matériel de base. Alors oui, de temps en temps, on nous met quelques éléments pour faire Super Mario, comme une petite bombe avec des pieds, la présence d’un petit Yoshi (qui est basiquement un bébé raptor….), et une glissade de la part de Mario dans un tuyau… gelé, avec des femmes à sauver, sur un matelas, le tout poursuivis par des dinosaures en imperméable armés de mitrailleuses.

Je sais, ça parait bizarre dit comme ça, mais c’est ça Super Mario Bros le film. Un carnage, pas seulement en tant qu’adaptation, mais également en tant que film, qu’œuvre cinématographique. Visuellement, c’est souvent hideux et dénué d’idées (basiquement, le film aurait dit qu’il se passait à New York, ça passait), le scénario est une catastrophe, la direction artistique n’en parlons même pas, il y a souvent de quoi rougir et partir se cacher. Pour ne pas arranger les choses, l’humour n’est jamais drôle (allez, sur 1h40, j’ai du sourire une fois), et les effets spéciaux vont du potable (Yoshi) au clairement dégueulasse avec les quelques CGI du métrage, censés faire rire les plus petits, mais qui dépitent plus qu’autre chose. On pourrait bien dire qu’il doit bien y avoir des choses à sauver du métrage, car devant la caméra, ce ne sont pas des manchots, avec Bob Hoskins (Roger Rabbit) dans le rôle de Mario, John Leguizamo (L’Impasse, Ultime Décision, Land of the Dead) dans le rôle de Luigi, Dennis Hooper (Easy Rider, Blue Velvet, Waterworld, Speed) en grand méchant, la toute mignonne Samantha Mathis (Broken Arrow) en Daisy et même un tout petit caméo de Lance Henriksen. Mais non, ils semblent tous être là contre leur volonté, et font juste ce qu’on leur demande, et rien de plus. Triste pour eux, comme ils le disent souvent en interview. Même le score musical du pourtant talentueux et très occupé à l’époque Alan Silvestri, qui signait pourtant coup pour coup au début des années 90 des Retour vers le Futur 3, Young Guns 2, Predator 2, Forrest Gump ou Blown Away semble peu inspirée, à l’exception du thème principal, amusant mais peu marquant. Super Mario Bros est souvent considéré comme une des pires adaptations de jeux vidéo, et on comprend pourquoi, vu le résultat, Nintendo a préféré ne pas lancer de nouvelles adaptations par la suite. Il est vrai qu’à côté, même certains Uwe Boll font au moins sourire (House of the Dead), ce qui n’est pas le cas ici. Une purge !

Les plus

De base, de bons acteurs

Les moins

Scénario affligeant
Visuellement immonde
Humour jamais drôle
Peu intéressant
Se torche avec l’univers

En bref : Première adaptation de jeu vidéo, et sans doute une des pires, même si la concurrence est rude avec Uwe Boll. Tout est médiocre au mieux, mais la plupart du temps juste mauvais. Une bouillie visuelle sans queue ni tête et pas intéressante, que l’équipe regrette amèrement.

4 réflexions sur « SUPER MARIO BROS de Annabel Jankel et Rocky Morton (1993) »

  1. WTF ? Tu l’as vu ?!? Je n’ai jamais osé. Après c’est vrai que, comme tu dis, le casting est de qualité, y’a Alan Silvestri…

    Mais non. Je ne le verrai jamais.

    YOU SHALL NOT PASS!

    1. Ah mais non, il ne faut pas le voir de toute façon. Quand je note un film en dessous de 5/20, et en général, c’est quand même rare, c’est qu’il faut fuir. Tu sauveras 1h44 de ta vie, que tu pourrais utiliser pour faire des choses plus passionnantes ou plus dangereuses, comme trier des chaussettes (hop, clin d’oeil à Last Action Hero, check haha). J’ai du revoir dans la foulée MORTAL KOMBAT, qui est bien meilleur, même si bon, objectivement, ça reste moyen.

        1. Et bien écoutes, encore aujourd’hui, mon avis n’a pas changé. C’est un bon plaisir coupable, entre la musique, quelques combats cools, le rire de Lambert, l’éclairage bleuté typique des 90s.

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