LE JUSTICIER DE MINUIT (10 To Midnight) de J. Lee Thompson (1983)

LE JUSTICIER DE MINUIT
Titre original : 10 to Midnight
1983 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h41
Réalisation : J. Lee Thompson
Musique : Robert O. Ragland
Scénario : William Roberts et J. Lee Thompson

Avec Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens, Gene Davis, Geoffrey Lewis et Wilford Brimley

Synopsis : Warren Stacey est un tueur en série qui tue des jeunes femmes, tout nu. Après avoir tué une amie de la fille de l’inspecteur Leo Kessler, celui-ci va tout faire pour l’arrêter.

Ah les distributeurs Français et les traductions de titres. Imaginez un peu, nous sommes en 1983, et Charles Bronson, qui est surtout connu du grand public pour son rôle dans un Justicier dans la Ville en 1974, trouve une seconde « jeunesse » dans sa carrière lorsqu’il signe un contrat pour la Cannon, et reprend son fameux rôle de justicier dés 1982 avec Un Justicier dans la Ville 2. Alors quand l’acteur retrouve en 1983 le réalisateur J. Lee Thompson avec qui il a tourné plusieurs fois par le passé (le western Le Bison Blanc en 1977, ou encore Cabo Blanco en 1980), et qu’ensembles, ils tournent un film policier pour la Cannon, voilà que le film se retrouve avec le doux titre Le Justicier de Minuit dans nos contrées. Bien entendu, il n’y a là aucun lien avec la saga Death Wish, surtout que Le Justicier de Minuit, 10 to Midnight en VO, voit Bronson jouer un flic, n’a aucun aspect des Vigilante movies auxquels on veut le raccrocher, et essaye plutôt de mélanger la classique intrigue policière habituelle avec le slasher, genre alors en vogue au début des années 80. Et c’est dommage, car nul doute que ce titre un brin racoleur a fait du mal au métrage. Qui en soit, est loin d’être parfait, et, Cannon oblige, se fait un brin racoleur sur certains aspects, mais mérite le coup d’œil. En fait, on se dit qu’entre les mains d’un autre studio, on aurait même pu tenir là un excellent film. Il est donc ici question d’un tueur en série, assassinant bien entendu des jeunes femmes, au couteau, et en portant des gants (hommage ou inspiration du giallo ?), qui a la particularité de commettre ses méfaits tout nu. Le commun des mortels se demandera pourquoi ? Moi je me demande plutôt comment le film a su gérer ses diffusions à la télévision en Amérique. Et bien, j’ai la réponse aux deux questions. La censure a en effet coupé pas mal de plans pour la nudité, autant masculine que féminine, et le tueur apparaît parfois en sous vêtements à présent. Et pour sa présence et sa nudité intégrale, il ne faut pas oublier que le slasher est de base un genre très sexualisé.

Et surtout, finalement, que en terme de narration, cela se tient, le tueur étant un personnage frustré qui assouvit en quelque sorte ses pulsions par le meurtre, mais le fait d’être nu ajoute un élément à l’intrigue : le sang de ses victimes ne peut être retrouvé sur ses vêtements. Habile Bill ! Bref, nous avons notre tueur, et face à lui, Charles Bronson, jouant du haut de ses 61 ans le flic Leo Kessier. Un film décoré, et forcément, laissant sa vie familiale de côté, ne voyant que peu sa fille, qui est infirmière. D’ailleurs, il est à souligner que le métrage s’inspire de trois cas réels. L’affaire Richard Speck, qui tua 8 infirmières déjà, puis un autre cas Ecossais ou un inspecteur fut viré pour avoir créé des preuves pour coincer un tueur, et le cas le plus célèbre, celui de Ted Bundy. Voilà, c’est posé. Alors, qu’est ce que vaut ce Justicier de Minuit (non vraiment, ce titre est à chier) ? Et bien c’était au final bien sympathique. Le métrage alterne clairement le côté policier avec l’enquête, le flic dur à cuir, les preuves à trouver, la justice qui protège les criminels, et donc le côté slasher, avec des meurtres assez sanglants et sa dose de nudité. Il a d’ailleurs souvent été dit, et je peux le confirmer, que Psychose d’Alfred Hitchcock semble être une inspiration pour le réalisateur J. Lee Thompson, dans son approche du montage pour les nombreux meurtres, qui paraissent souvent très violents, mais ne montrent finalement jamais une seule lame pénétrant la chair des jeunes femmes. La preuve que parfois, le pouvoir de l’imagination fait le travail lorsque le ton métrage est sombre et que le montage est plutôt affuté. Montage effectué d’ailleurs par le fils du réalisateur. D’un côté comme de l’autre, sans renverser les codes des genres (faut pas pousser), le métrage livre une copie propre, rythmée, et intéressante par certains aspects, dans sa notion de la justice (ah ces avocats qui protègent des tueurs), d’honnêteté (faut-il créer des preuves ou laisser un tueur s’enfuir ?).

On se dit justement finalement, arrivé à terme de l’aventure du haut de ses 1h40, que c’était bien sympathique, mais qu’entre les mains d’un autre studio, la subtilité se serait un peu plus invitée dans le récit à certains moments, et auraient donc pu élever le métrage plus haut. Rien de honteux en tout cas, il faut bien avouer même que venant du studio, c’est souvent très sympathique, et certaines scènes fonctionnent très bien. Charles Bronson reste d’ailleurs crédible dans son rôle, la mise en scène est plutôt bonne, voir même lors de certaines scènes, très bonne. Le long final par exemple possède une tension et quelques idées de cadrages qui dynamisent le tout, et ça fonctionne très bien. L’absence de musique lors de cette scène renforce d’ailleurs la tension déjà présente, et Gene Davis, investi dans son rôle, est convaincant et parvient à être par moment flippant avec sa petite tête de jeune premier psychopathe. Comme quoi, avoir de bonnes inspirations, ça aide pour faire quelque chose de bon, sans pour autant atteindre la qualité de leurs modèles, loin de là. Mais rien de honteux. Le film fait ce qu’il doit faire, va souvent à l’essentiel, quitte à sauter la tête la première dans certains clichés ou facilités, dans le développement de certains personnages, comme la fille de notre inspecteur ou son nouveau coéquipier. À côté d’autres vraies bonnes idées, le tout escaladant dans une poursuite au départ psychologique puis physique pour le dernier acte. On pourra regretter la relative facilité des derniers instants du métrage, où la formule Cannon revient alors au galop. Dommage. Mais reste un film policier efficace.

Les plus

Charles Bronson convaincant
Un mélange d’intrigue policière et de slasher
Quelques bonnes idées
Le final assez tendu

Les moins

Des clichés et facilités
Des moments parfois moins subtils

En bref : Le Justicier de Minuit, malgré son titre trompeur, est un film policier mâtiné de slasher plutôt efficace et tendu. Il ne révolutionne bien, et malgré quelques ratés, il fait bien les choses.

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