GUN WOMAN (女体銃 ガン・ウーマン) de Mitsutake Kurando (2014)

GUN WOMAN
Titre original : Nyotaiju Gun Woman – 女体銃 ガン・ウーマン
2014 – Japon
Genre : Vengeance Fatale
Durée : 1h26
Réalisation : Mitsutake Kurando
Musique : Harada Dean
Scénario : Mitsutake Kurando et Yanagimoto Chiaki

Avec Asami, Narita Kairi, Kamata Noriaki, Matthew Floyd Miller, Dean Simone, Agata Toshiya, Marco Ballare, Marianne Bourg et Stacey Chu

Synopsis : Le fils du riche Hamazaki est totalement taré, et s’amuse à violer les vivants, mais aussi les morts. Le jour où il s’en prend à la femme d’un chirurgien, il ne se doute pas qu’en lui laissant la vie sauve, celui-ci va planifier sa vengeance en entrainant une femme à devenir une machine à tuer.

Gun Woman, je l’avais depuis sa sortie. Puis je l’avais oublié. Des années qu’il attend, que je dois le voir. Mais forcément, un petit film Japonais, sans doute fauché, avec en tête d’affiche Asami, que l’on voit depuis le milieu des années 2000 dans tous les films d’Iguchi et compagnie, le plus souvent à faire des grimaces, et bien ça ne motive pas. Ça amusait, au début. Mais après une bonne trentaine de films du même genre, oui, ça lasse. Mais ce brave Oli du bloc échec et (ciné)mat m’a rappelé récemment l’existence de ce film, en me le conseillant chaudement. Un film qui au final semble diviser, puisque le public averti et celui qui saura passer outre ses défauts y trouvera en effet son compte et bien plus encore, tandis que le grand public lui pourra fuir, face à certains défauts bien présents il est vrai, mais également face à une violence qui va toujours plus loin, et ose parfois aller dans le malsain le plus total. Et pourtant, dans les faits, et après une introduction qui ne m’avait pas mise en confiance (un tueur à gage Américain avec une splendide moustache que Bronson n’aurait pas renié, en voiture avec un chauffeur qui va nous raconter l’histoire), Gun Woman, ça a tout du scénario made in Besson. Comment ne pas penser à Nikita ou tant d’autres. Le film d’ailleurs s’en moque lui-même au détour d’un dialogue en voiture. Sauf que de la formule Besson, Gun Woman en garde la forme, la moelle peut-être également, et transpose tout ça dans un film certes fauché, mais bourré d’idées, et qui n’a jamais peur d’aller loin, très loin. Peut-être également un peu trop loin par moment. Un peu comme une production Besson mais R-Rated. Voir vu certaines scènes, X-Rated, car oui, la violence va très très loin.

D’entrée de jeu, on sait à quoi s’attendre. Une femme nue sous la douche, un tir tête au pistolet silencieux, puis nous voilà en voiture avec notre tueur, et avec son chauffeur, ils se racontent l’histoire du fils Hamazaki, un tueur et surtout violeur, qui a eu la malchance de s’en prendre à un chirurgien et à sa femme (violée et tuée) mais qui a laissé le chirurgien en vie. Après lui avoir pété la jambe et explosé l’œil gauche, certes. Premières choses qui marquent du côté des mauvais points, oui c’est fauché. Gun Woman affiche parfois une photographie un peu brute, malgré des idées et une envie de bien faire. Il faut s’y faire. Deuxième point, l’interprétation. Ça alterne le bon voir très bon et le moins bon. Du côté du mauvais, on peut souligner l’acteur jouant le fils Hamazaki, qui en fait des tonnes pour paraître fou. Un peu trop justement. Mais ces défauts, ils sont rapidement balayés d’un revers de main. Nous suivons donc les deux intrigues en parallèle, ou plutôt l’intrigue racontée par notre tueur, et notre chirurgien vengeur, et boiteux, qui va alors acheter une femme, droguée et prostituée, pour la sortir de là, non pas par gentillesse, mais pour la transformer en machine à tuer. Entrainement physique, moral, apprentissage des armes à feu, montage, assemblage, démontage, tirer sur sa cible en temps limité. Un entrainement classique, qui commence doucement, avant de briser totalement tout lien avec les productions Besson habituelles dés que l’on rentre dans le vif du sujet. Pour éliminer la cible, notre jeune femme devra être en état de mort clinique, avec une arme démontée et camouflée à l’intérieur même de son corps par chirurgie, afin de pénétrer un lieu caché et privé où l’on paye pour littéralement se faire des cadavres, voir les manger si l’envie nous en prend. À son réveil, elle devra remonter l’arme, et tuer la cible et tout obstacle, avant de se vider de son propre sang et donc de mourir.

Saluons la prestation d’Asami justement, elle plutôt habituée aux rôles comiques à grimaces, qui trouve ici un rôle moins expressif, mais du coup forcément plus complexe, et elle s’en sort à merveille. Un excellent point pour le métrage déjà, qui bénéficie donc dans les grands rôles d’un sérieux à toute épreuve. Et puis surtout, malgré le manque d’argent, il y a clairement cette envie de bien faire, cette envie d’être généreux derrière qui remporte forcément l’adhésion. Si parfois, ça va loin de manière gratuite et inutile (le côté cannibale était-il vraiment utile par exemple ?), le reste du temps, ça part au choix dans un côté jouissif (certains combats sont géniaux) ou au contraire hyper douloureux, tant le réalisateur insiste sur certains points jusqu’à nous faire presque ressentir la douleur des blessures avec ses personnages. La dernière demi-heure est du coup forcément un déchainement de violence viscéral et visuel absolument fou. Et le meilleur dans tout ça, c’est que ça ne semble jamais s’arrêter, ça va toujours plus loin, ça accumule les petites idées bien sympathiques, ça ne recule devant rien, quitte à faire perdre une quantité astronomique de sang à Asami, mais à la faire se battre à mains nues et toute nue surtout dans un combat bien fichu comme un gros baraqué, ou à se servir de son arme tout en devant compter ses tirs. Brutal, jouissif, sans concessions. Inoubliable ? Pour un petit film qui ne partait pas si bien, finalement oui !

Les plus

Une violence radicale
Asami, très bonne dans le rôle
Bourré d’idées
L’action finalement très sympa
Le long final, assez jouissif

Les moins

Un peu fauché
Quelques acteurs moins convaincants

En bref : En voilà une excellente surprise, inattendue. On pensait voir un énième film fauché avec Asami, et on se retrouve avec une série B certes pas parfaite, mais généreuse, avec de l’action, du gore qui fait très mal, une excellente dernière partie. Un peu comme si Besson faisait un film bien violent et sanglant, et en mettant sa prétention de côté.

2 réflexions sur « GUN WOMAN (女体銃 ガン・ウーマン) de Mitsutake Kurando (2014) »

  1. La chronique n’aura pas tardé, ahahah ! Ravi qu’il t’ait plu, mais te connaissant, le contraire m’aurait surpris.
    J’ai adoré ce film, loué à l’époque sans rien en attendre – car je n’avais pas aimé le premier film du réal, et je n’étais pas fan d’Asami. Et quelle claque ! Et Asami est incroyable – surtout quand on compare sa prestation avec les rôles dans lesquels elle a l’habitude de végéter…
    Le film suivant du réal, KARATE KILL, est moins mémorable mais quand même très sympa – hommage à la blaxpoitation, etc.

    1. Quand le film est d’actualité ou quand on en parle également en privé, je tente de me dépêcher de mettre ça en ligne 😉 Après si tu veux, si tu es curieux, je peux également me dépécher de mettre en ligne ma critique du dernier film d’Iguchi, mais je pense que ça t’intéresse moins haha (par contre hier soir j’ai vu du Shiraishi que j’avais raté à l’époque, et c’était moyen : Chô Akunin).

      C’est mieux de découvrir sans rien savoir et sans rien attendre, c’est ainsi que les bonnes surprises débarquent. Même sans tes conseils, j’aurais fini par le voir (sans doute beaucoup plus tardivement), mais toujours en étant vierge de toute information – je ne regarde jamais les trailers qui spoilent un max, ne lit même pas les synopsis.
      Par contre je n’ai rien vu d’autres du réalisateur, mais j’ai vu qu’il avait tourné là un giallo à la Japonaise, et ça purée ça me fait drôlement envie. Je trouve ça super intéressant de voir des réalisateurs d’autres nationalités donner leur vision d’un genre purement ancré dans une époque et dans le cas présent, dans un autre pays, l’Italie donc.

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