L’ANTRE DE LA FOLIE (In the Mouth of Madness ) de John Carpenter (1994)

L’ANTRE DE LA FOLIE

Titre original : In the Mouth of Madness 
1994 – Etats-Unis
Genre : Fantastique 
Durée : 1h35
Réalisation : John Carpenter 
Musique : John Carpenter et Jim Lang 
Scénario : Michael De Luca

Avec Sam Neil, Julie Carmen, Jurgen Prochnov, John Glover, Charlton Heston et Peter Jason

Synopsis : John Trent travaille seul, et son boulot, c’est de repérer toutes sortes d’arnaques. On l’envoie alors sur un projet : le romancier d’épouvante Sutter Cane a disparut sans laisser de trace. La sortie de son nouveau roman se rapprochant, l’éditeur lance Trent sur sa trace. Il reste persuadé que c’est un canular, jusqu’à ce qu’il rentre dans l’univers de l’écrivain.

Après deux films vraiment ratés pour Carpenter, avec Les aventures d’un homme invisible et le film à sketch Body bags, le maître décide de reprendre du poil de la bête, et acceptera deux autres films de commandes, qu’il réussira cette fois. L’antre de la folie et le remake d’un film des années 60, adaptation d’un roman, Le village des damnés. C’est avec ce premier, celui chroniqué aujourd’hui, que Carpenter atteint en quelque sorte le sommet de son art, avant de redescendre progressivement par la suite (notamment avec Vampires et Ghosts of mars). Sur un scénario de Michael De Luca, auteur quelques années plus tôt du scénario du triste sixième opus des aventures de Freddy Krueger, Carpenter se lance dans une histoire qui n’aura rien à envier aux écrits de Lovecraft, et il parviendra à se surpasser, tant dans la façon de raconter son histoire que dans sa mise en scène. Il en profitera pour donner le premier rôle à Sam Neil, qu’il avait rencontré sur le tournage des Aventures d’un homme invisible. Neil, acteur incroyable, mettra tout son talent au service de cette histoire pour la sublimer un peu plus. Sur une intrigue au départ assez lente, nous suivons John Trent (Sam Neil), embauché par une maison d’édition dirigée par Harglow (Charlton Heston) pour retrouver leur poule aux œufs d’or, qui a disparut. Il s’agît de Sutter Cane, un romancier, oeuvrant dans le domaine de l’horreur, avec des créatures tentaculaires et visqueuses indescriptibles. Le rapprochement avec Lovecraft n’est pas très difficile à apercevoir.

Trent se lance donc sur les traces de Cane, et la limite entre la réalité et la fiction va en prendre un sacré coup, car c’est là que se retrouve tout l’intérêt du film. Où est la fiction ? Où est la réalité ? Qu’est ce qui délimite les deux ? Que nous arriverait-il si on ne savait plus faire la différence entre les deux ? Trent, comme beaucoup d’entre nous, est quelqu’un de très rationnel, chaque chose à son explication, ce qui le pousse toujours à penser, dans l’histoire dans laquelle il est embarqué, qu’il s’agît d’un canular. Pourtant, la réalité rejoint la fiction lorsque Trent, accompagné de Linda (Julie Carmen), la lectrice de Cane, retrouvent sa trace dans la ville de Hobb’s end, ville que Cane met en scène dans ses écrits, et à priori, ville fictive. Pour Trent, cela ne fait aucun doute, il s’agît l’un d’un bon coup publicitaire. Les spectateurs, même les plus rationnels, peuvent se rattacher au personnage de Trent, et l’intrigue nous enveloppe dés le départ, nous poussant à vraiment savoir ce qui se passe. Petit à petit, le spectateur, tout comme Trent et Linda, se retrouvent au cœur même du nouveau roman de Sutter Cane, appelé « L’antre de la folie », et le concept ira bien plus loin, en proposant également une mise en abîme, et en posant des questions sur les fans, leur impatience, leur comportement parfois violent. Sutter Cane, magistralement interprété par Jurgen Prochnov (acteur en pleine chute libre depuis, enchaînant les films comme House of the dead ou Maniac Trasher…) se croit pour le nouveau Dieu, et la toute puissance que lui donne ses fans, croyant en ces histoires, lui donne encore plus de pouvoir.

Comme pour Trent, la limite entre la fiction et la réalité va se faire de plus en plus dur pour le spectateur. Mais jusqu’au bout, il tentera de garder les pieds sur Terre, rationalisant tout ce qu’il voit, même l’impossible, mais au bout d’un moment, chercher a refouler ce que l’on voit ne serait pas le premier pas vers la folie ? Trent l’apprendra, tout comme le spectateur, mis lui aussi lors du final dans une mise en abîme plus qu’intéressante. Bien que n’ayant peu marché au box office, et étant relativement peu connus dans la carrière de John Carpenter, L’antre de la folie s’avère être un grand film, si ce n’est l’un des meilleurs du maître, aux côtés de Assaut et de The thing. Un grand film qu’il ne faudra pas éviter à voir plusieurs fois pour en percer les secrets, des re-visionnement qui se feront avec plaisir tant l’interprétation, la mise en scène et l’ambiance sont excellentes.

Les plus

Sam Neil parfait
Ambiance rappelant Lovecraft
Une réflexion intéressante
Le dernier vrai grand film de Carpenter

Les moins

Quelques jumpscares faciles

En bref : Un des meilleurs films de Carpenter, une jolie ambiance, un thème intéressant. Sam Neil est superbe dans son rôle.

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