ZEBRAMAN (ゼブラーマン) de Miike Takashi (2004)

ZEBRAMAN

Titre original : Zeburâman – ゼブラーマン
2004 – Japon
Genre : Super Héros
Durée : 1h55
Réalisation : Miike Takashi
Musique : Endô Kôji
Scénario : Kudô Kankurô

Avec Aikawa Shô, Suzuki Kyoka, Uchimura Teruyoshi, Ichikawa Yui et Osugi Ren

Synopsis : Shinichi est un instituteur qui mène une vie minable : ses élèves le chahutent et sa famille n’a aucun respect pour lui. Pour s’évader de cette triste routine, il se fabrique le costume de super-héros de son enfance et s’invente des aventures. Alors que des extraterrestres arrivent sur Terre, Shinichi découvre qu’il a réellement des super-pouvoirs…

Qu’arrive-t-il à Miike Takashi ? Après le très commercial, mais néanmoins sympathique La Mort en Ligne (titre français à chier, préférer le titre original Chakushin Ari ou anglais, One missed call), il revient en 2004 avec Zebraman, comédie de super héros pour toute la famille. Le réalisateur serait-il en train de se calmer et de changer de registre ? Pourtant, ces films restent toujours d’un bon niveau, et Zebraman ne déroge pas à la règle, loin de là (la baisse de qualité, c’est pour récemment). Et en cette même année 2004, Miike rassure les foules, ou du moins ses fans, avec un autre de ses films, ouvertement plus adulte, et sans doute plus maîtrisé bien que difficilement accessible : IZO. Zebraman est donc un film de commande pour le 100ème film de la carrière d’acteur d’Aikawa Shô, acteur fétiche de Miike, déjà vu dans nombres de ces films, tels la trilogie Dead or Alive, Gozu, ou encore Rainy Dog et Ley Lines. Plutôt que de faire un énième film de yakuza (ce qu’ils font très bien), les deux “frères” s’orientent vers quelque chose de nouveau et de bien plus ambitieux: le film de super héros, tout en gardant les ultimes thèmes chers au réalisateur, dont le plus flagrant est ici la famille, et outre mesure, l’acceptation dans la société japonaise. Sur une base simple d’invasion d’extra terrestre et d’un super héros ringard, hommage risible à Ultraman et autres héros nippons, et au sentai en particulier, l’intrigue se construit, laissant place au personnage de Shinichi, total raté dont sa famille ne prête pas attention, que ce soit sa femme ou sa fille, et dont le fils ne lui parle presque plus depuis qu’il se fait martyriser à l’école.

Tout change lorsqu’un nouvel élève arrive dans la classe que tient Shinichi. Cet élève se révèle fan de Zebraman, super héros d’une série kitch et oubliée des années 70, annulée en cours de programmation, faute d’audience. Le passe temps de Shinichi étant de se déguiser en Zebraman, il décide de faire une surprise à son élève en se rendant chez lui déguisé, et c’est sur le chemin qu’il rencontrera un tueur, affublé d’un masque de crabe et armé de deux paires de ciseaux, contrôlé par un extra terrestre, sur le point de faire des choses pas très catholiques à une jeune femme. Et c’est là que Zebraman surprend, et ce un peu plus tôt dans les dialogues. Si le public visé est très large, et, on se doute, plus les enfants, Miike Takashi se permet de mettre quelques dialogues, ou mêmes idées purement adultes, que les petits ne comprendront pas, et ne chercheront pas à comprendre pour s’axer sur le spectacle fun qui leur est proposé, alors que les adultes pourront en rire et être surpris par le propos et certains thèmes. Le dosage est excellent, contrairement à certaines bouffonneries récentes (Yatterman). Lors de cet affrontement avec cet “homme crabe”, Shinichi découvrira avec maladresse qu’il possède bel et bien des pouvoirs, et qu’il se retrouve mêlé à une histoire qui va vite le dépasser. Il profitera tout d’abord de ses pouvoirs pour chasser la vermine de la ville, comme tout héros qui se respecte, avant de plonger dans le coeur de l’histoire, et donc, de l’invasion extra terrestre qui est en train de se dérouler en secret. Il comprendra alors que pour pouvoir faire face, il devra maîtriser pleinement ses différents pouvoirs, dont l’ultime étape sera l’apprentissage du vol. Non, pas à l’étalage !

Miike se fait plaisir en réalisant ce film, et fait plaisir au spectateur par la même occasion. Le tout baigne dans la décontraction la plus totale, on rit en suivant les aventures (et mésaventures) de notre héros, fort attachant, qui devra en même temps que vaincre ses ennemis, essayer de reconstruire sa famille. Mais ce n’est pas tout, puisque la grande force du métrage, ce sera bel et bien le développement de ses personnages, et les relations qu’il y en entre eux. On pense à notre héros un peu raté, sa relation avec le nouvel élève et sa mère (gros point fort de l’histoire) qui lui offrent finalement une vraie famille. Malheureusement quelques petits défauts subsistent, notamment quelques petites longueurs (le film fait quasi deux heures). Pas vraiment gênantes du point de vue de l’histoire, mais cassant le rythme de l’action. Excepté ce petit défaut arrivant à bien des réalisateurs japonais (Miike, Kitamura), Zebraman est une oeuvre simple, à la bonne humeur communicative, dont le seul autre point noir sera la qualité de certains effets numériques vers la fin, mais apportant tout de même une petite touche kitch se mariant parfaitement à l’univers.

Les plus

Des personnages attachants et bien développés

Une histoire intéressante

Aikawa Shô, Osugi Ren

Un vrai hommage

Les moins

Peut-être une baisse de régime en milieu de récit

Des effets numériques pas toujours au top

 

En bref : Quand Miike fait un film plus commercial et grand public, il met ses thèmes dedans, une bonne dose de fun, et développe des personnages attachants. Chapeau !

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