LE VILLAGE DES DAMNÉS (Village of the Damned) de Wolf Rilla (1960)

LE VILLAGE DES DAMNÉS

Titre original : Village of the Damned
1960 – Angleterre
Genre : Fantastique
Durée : 1h17
Réalisation : Wolf Rilla
Musique : Ron Goodwin
Scénario : Stirling Silliphant, Wolf Rilla et George Barclay d’après le roman de John Wyndham

Avec George Sanders, Barbara Shelley, Martin Stephens, Michael Gwynn, Laurence Naismith et Richard Warner

Synopsis : Le village de Midwich en Angleterre est le théâtre d’un phénomène mystérieux. Tous les habitants et les animaux deviennent inconscients pendant plusieurs heures ainsi que toute personne qui pénètre dans un périmètre autour du village. Même des militaires équipés de masque à gaz s’évanouissent. La population entière se réveille au même moment sans qu’il soit possible aux autorités de trouver une explication au phénomène. Quelques mois plus tard, les douze femmes et filles du village en âge d’enfanter se retrouvent enceintes et accouchent le même jour d’enfants blonds aux yeux un peu étranges. Ces enfants vont se révéler physiquement et intellectuellement très avancés pour leur âge, avec des dons de télépathie mais vont manifester assez rapidement des intentions particulièrement hostiles à l’encontre de la population.

En 1957, voilà que sort le roman de John Wyndham. C’est un succès, et l’adaptation arrive rapidement, trois ans ensuite, non pas par les Etats Unis, mais par l’Angleterre. Wolf Rilla, avec déjà une dizaine de films derrière lui, est chargé de mettre en scène l’adaptation. Pourtant, l’adaptation était sur les rails dés la sortie du roman, mais quelques complications retardèrent le métrage, qui changea d’ailleurs d’acteur principal en cours de route, Ronald Colman devant tenir le rôle, mais décéda en 1958. Quoi qu’il en soit, cette adaptation débarquant sur les écrans en 1960 a tout de l’adaptation fidèle et surtout réussite, puisqu’il conserve l’ambiance du roman, mais également tous ces thèmes forts, mis en image de manière juste et intriguant. Devenir parent, c’est en général un instant magique, mettre au monde un enfant, son enfant, l’élever, reconnaître des éléments des parents sur leur visage et j’en passe. Ici, c’est tout l’opposé, comme si le métrage ne prenait que les peurs de devenir parents, les craintes de la grossesse, et y ajoutait un simple élément terrifiant. Ici, toutes les femmes du village de Midwich en âge d’avoir un enfant se retrouvent enceinte après un événement étrange. Qu’elles soient en couples, seules, ou même encore vierges.

Les peurs habituelles se retrouvent donc amplifiées. L’enfant est-il normal ? Est-ce une naissance normale ? Et surtout, d’où vient cette grossesse ? La peur continuera dés la naissance des enfants, puisqu’ils naitront tous le même jour, auront tous une charmante petite tête blonde… enfin, charmante, à l’exception que les bambins sont dénués de sentiments et de quelconques émotions humaines. Et plus ils grandiront, plus l’effet sera amplifié. De plus, les enfants semblent inséparables, et ne sont dotés que d’un seul esprit, une seule pensée. Si l’un des enfants apprend à ouvrir une boite de chocolat, tous les autres le sauront également automatiquement. La tension monte, et un sentiment de peur envers ces enfants, qui sont étrangers, comme des entités inconnues, va naître. Outre son scénario malin distillant l’angoisse comme il se doit, progressivement, le métrage se fait hyper court (1h14 au compteur), ne permettant quasi jamais à la tension de descendre, puisque tout s’enchaîne finalement très vite, se concentrant ainsi sur la peur des enfants et les quelques personnages principaux.

La mise en scène de Wolf Rilla n’est pas en reste, puisque le réalisateur d’origine Allemande livre une mise en scène misant beaucoup sur la suggestion (mais peut-être était-ce là un choix également de la MGM pour ne pas s’attirer les foudres de la censure de l’époque), et ça fonctionne à merveille. Il n’hésite pas à utiliser de plans serrés sur les visages des différents personnages afin de camoufler le résultat des « pouvoirs » des enfants, dévastateurs. L’opposé de ce que fera John Carpenter en 1995 dans son remake, n’hésitant pas à montrer frontalement le résultat des pouvoirs des charmants bambins. Ici, tout n’est que suggestion, et le fantastique noir et blanc concocté par le chef opérateur Geoffrey Faithfull (qui a commencé sa carrière environ 50 ans plus tôt, il savait ce qu’il faisait) donne une ambiance toute particulière au métrage. Heureusement que pour rendre l’ensemble crédible, les enfants, au centre du récit, le sont également, et peuvent faire flipper d’un simple regard, tant ce qui les entoure est inconnu, et qu’ils peuvent représenter un vrai danger au moindre faux pas ! Toujours aussi effrayant 55 ans après, et clairement encré dans son époque, tant dans sa représentation horrifique que dans son sous-texte, même si maintenant dépassé.

Les plus

Un scénario malin et fidèle
Les enfants
Une mise en scène suggestive intéressante

Les moins

Un sous-texte simpliste et maintenant dépassé

En bref : Toujours aussi réussi et effrayant tant d’années ensuite, cette première adaptation du roman captive, en plus d’être magnifique à tout point de vu.

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