DOG EAT DOG de Paul Schrader (2016)

DOG EAT DOG

Titre original : Dog Eat Dog
2016 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h33
Réalisation : Paul Schrader
Musique : Deantoni Parks
Scénario : Matthew Wilder d’après le roman de Edward Bunker

Avec Nicolas Cage, Willem Dafoe, Christopher Matthew Cook, Omar J. Dorsey, Louisa Krause, Melissa Bolona et Reynaldo Gallegos

Synopsis : Lorsque trois ex-détenus désespérés se voient offrir un boulot par un chef de la mafia mexicaine, ils savent qu’ils feraient mieux de refuser, mais l’appât du gain les empêche de tourner les talons. Tout ce qu’ils ont à faire est de kidnapper l’enfant d’un homme qui cherche à mettre le chef de la mafia sur la touche.

Paul Schrader n’est plus le réalisateur bien aimé d’autrefois, ou même le scénariste acclamé d’autrefois. Que ce soit donc en tant que réalisateur avec American Gigolo ou encore La Féline, ou scénariste avec Raging Bull et Taxi Driver, Schrader n’attire plus, Schrader a du mal à tourner et à se faire financer, et une fois sur deux, a du mal à garder le contrôler de ses projets. Oui, on se souvient tous de son Dominion Prequel to the Exorcist que le studio laissa dans un carton en embauchant Renny Harlin pour retourner l’intégralité du film, ou récemment de La Sentinelle (Dying of the Light) que le studio remonta dans le dos de l’équipe. Lorsqu’il garde le contrôle, cela donne le très mal aimé The Canyons tourné pour une somme ridicule (250 000 dollars), que j’ai pourtant bien apprécié. Son dernier opus en date, Dog Eat Dog, lui permet de retrouver quelques visages connus avec qui il a déjà travaillé, tels Nicolas Cage et Willem Dafoe, de fouiller des thèmes qu’il apprécie comme la rédemption, et en plus, il garde le contrôle total de son film. Malheureusement, en adaptant le roman de Edward Bunker, Paul Schrader se retrouve avec un scénario (signé Matthew Wilder) un peu bancal et fortement influencé par des artistes plus récents, qui donnent au métrage un côté décalé, peu original. Mais malgré tout un film plutôt plaisant. Pas un grand film donc, mais un petit polar sympathique bien que dénué de vraie originalité. Comment en voyant le métrage ne pas penser au cinéma de Quentin Tarantino ou de Guy Ritchie ?

Impossible tant le script semble vouloir aller dans cette direction, celle de s’inspirer de l’univers de ces deux réalisateurs qui fonctionnent de nos jours. De Tarantino, on y retrouve des personnages bien bavards, notamment dans la première partie du récit. Malheureusement si certains dialogues font mouche, autant en pertinence qu’en divertissement, d’autres paraissent bien en dessous. De Ritchie, le film essaye de copier l’énergie de ses métrages et certains de ses tics de mise en scène, notamment lorsque nos personnages sont sous l’emprise de drogue. L’image se déforme alors, change de couleur, le montage se permet des choses. Mais cela semble un peu vain (comme souvent chez Ritchie aussi ceci dit). C’est finalement uniquement dans ces personnages en quête de rédemption que l’on retrouve l’esprit de Paul Schrader. Dog Eat Dog nous raconte donc l’histoire de trois anciens détenus. Ils se retrouvent enfin alors que le dernier sort de prison, et, étant potes, ils décident de faire un bout de chemin ensembles, pour se refaire, tout en étant conscient de leur situation. Ils ont tous les trois déjà été coupables et enfermés deux fois. S’ils se font de nouveau arrêtés, c’est la prison à vie à présent. Il leur faut donc juste un grand coup, pour avoir pas mal d’argent et se relancer dans la vie sans problèmes, et laisser leur passé de criminels derrière eux. Plus simple à dire qu’à faire. Dans un premier temps, Dog Eat Dog prend son temps. Les 40 premières minutes servent limite d’introduction, avec pas mal de dialogues, des effets de styles à la mise en scène (les effets « Ritchie » pour les scènes de drogue), et une violence sèche qui débarque toujours sans prévenir (comme dans la scène d’ouverture avec Willem Dafoe).

Un brin longue, cette première partie se laisse néanmoins voir tant le trio de comédiens semble investis et s’amuser. Tous les dialogues ne sont pas excellents, mais ça se regarde clairement. Nicolas Cage et Willem Dafoe bouffent l’écran, mettant d’ailleurs Christopher Matthew Cook quelque peu en retrait au début. On s’amusera d’ailleurs à voir Paul Schrader lui-même en truand Grec. C’est lorsque l’équipe accepte un grand coup que le métrage démarre vraiment, que la violence se fait plus sèche (et fréquente) et surtout que les personnages dévoilent un peu plus de profondeur, leurs buts, mais également leurs limites. Et donc également à ce moment là que Dog Eat Dog s’inscrit dans l’œuvre de son auteur, sans jamais atteindre le même niveau que ces meilleures métrages, mais sans jamais se faire mauvais non plus. Oui au final il ne se passe pas grand-chose, le métrage ne propose rien de nouveau, son écriture alterne le très bon et le beaucoup moins bon, la mise en scène ne sait pas toujours où aller, mais Dog Eat Dog conserve un certain capital sympathie. Sans doute pour ces acteurs investis, pour quelques scènes qui sortent clairement du lot, pour ce portrait de loosers qui n’aspirent qu’à être heureux après une dernière bétise. Un petit polar sympathique en soit, bien que mineur.

Les plus

Bon casting
Une violence sèche
Des moments bien sympathiques

Les moins

Une première partie un peu longue
Des dialogues inégaux

 
En bref : Paul Schrader retrouve sa liberté totale, mais s’éparpille un peu entre ses influences et des dialogues inégaux. Le spectacle reste néanmoins sympathique.

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