IN FEAR de Jeremy Lovering (2013)

IN FEAR

Titre original : In Fear
2013 – Angleterre
Genre : Suspense
Durée : 1h25
Réalisation : Jeremy Lovering
Musique : Daniel Pemberton et Roly Porter
Scénario : Jeremy Lovering

Avec Iain De Caestecker, Alice Englert et Allen Leech

Synopsis : Tom et Lucy se retrouvent pris au piège dans leur voiture, coincés au beau milieu d’un labyrinthe de petites routes. Un homme, qu’ils ne peuvent apercevoir, les persécute et semble à tout prix vouloir jouer avec leurs plus grandes peurs ; celles du noir, de l’inconnu, de soi-même.

Je l’ai toujours dit, il y a deux genres de cinéma. Le cinéma avant tout narratif, qui se base sur une histoire solide et de bons personnages, et le cinéma qui privilégie la forme. Même dans le cinéma de genre, on trouve ces deux cas de figure. Certains très petits budgets s’en sortent avec un bon scénario, ou parfois avec une ambiance à couper au couteau, ou tout simplement un visuel époustouflant qui justifie tout. Dans un style expérimental, on pourra citer Beyond The Black Rainbow, réussite visuelle totale pour un scénario très simple et basique. Mais ce qui fait qu’il fonctionne, c’est néanmoins le fait que malgré son scénario très simple (et un final raté), le scénario tout comme les personnages ne sont pas écrit n’importe comment, qu’on ne trouve pas d’incohérences énormes. In Fear fait le choix de jouer sur l’ambiance et de manière générale, sur la forme. Le fond tient en une ligne. Tom et Lucy, jeune couple qui ne se connaît que depuis deux semaines, se rendent à un festival, et décide de passer la nuit juste avant dans un petit hôtel sympathique des environs. Seulement très rapidement, ils se perdent sur les petites routes de campagne qui ressemblent à un labyrinthe. Perdus alors que la nuit commence à tomber, voilà que Tom et Lucy vont paniquer, commencer à être paranoïaque, que la tension va naître entre les deux, que Lucy sera persuadée de voir quelqu’un dehors, entre deux arbres. Les événements se succèdent sans qu’ils ne soient forcément capables de savoir si tout cela est réel ou non.

In Fear débute donc avec un postulat de départ simple et faisant plus plaisir, puisque tentant en quelque sorte l’impossible, à savoir revenir à ce que la peur est censée être. Oui, la peur, ce n’est pas un simple jumpscare putassier qui nous arrive en pleine face toutes les cinq minutes pour nous faire sursauter à cause d’un son beaucoup trop fort. Non, la peur, c’est avant tout une ambiance lourde, une ambiance qui nous prend à la gorge, qui oppresse et ne veut jamais nous lâcher. Louable intention, surtout qu’avec son point de départ ultra simple, In Fear fait le choix du cinéma qui privilégie la forme, et que sur ce point, et bien chapeau. Jeremy Lovering soigne sa mise en scène, ses cadrages sont réussis alors que le film se déroule à 90% dans une voiture, il sait resserrer ses cadrages sur ses personnages pour faire ressortir le malaise. Pour l’aider, la musique est réussie, et la photographie est sublime, mettant à la fois en valeur les choix du réalisateur (qui signe son premier long métrage de cinéma après pas mal d’épisode de séries en Angleterre) mais également la campagne anglaise. Dans la forme, c’est de l’excellente boulot, et les 40 premières minutes fonctionnent très bien, la tension monte progressivement alors qu’au final, il ne s’agît que de deux personnages perdus dans un labyrinthe.

Malheureusement, ça se gâte rapidement, puisqu’alors que la tension monte et que le film sait donc jouer sur son ambiance, l’écriture du métrage et même des personnages laisse alors à désirer et va énerver. Tom par exemple est le personnage voué à ne prendre que les mauvaises décisions, et puis c’est tout. Quand ils prennent des décisions ensembles, ce n’est pas mieux. Alors qu’ils viennent d’être attaqués, ou que des événements étranges se produisent, pourquoi les personnages quittent-il la voiture en laissant toujours les portes ouvertes. Voilà bien là des situations énervantes qui ne servent qu’à faire avancer un script qui sinon n’irait nulle part certes, mais tout de même. Puis lorsque vers 45 minutes de métrage, Tom et Lucy prennent avec eux un homme blessé, ils ne prennent même pas le temps de lui poser des questions, préférant l’accueillir à bras ouverts. Le spectateur lui voit alors venir tous les prochains événements à des kilomètres, mais non, c’est trop tard, la peur et la tension voulues par In Fear ne fonctionne alors plus à cause des choix de scénario, et des choix de personnages. Certes le personnage de Lucy est un poil plus nuancé (parvenant à poser des questions et s’interrogeant parfois intérieurement) comparé à Tom qui n’est qu’un gros béta. In Fear commençait donc bien, puis s’épuise et ne tient plus ses promesses lorsque ses personnages doivent réfléchir, dommage.

Les plus

La forme, excellente (mise en scène, montage, photo)
Une première partie réussie

Les moins

Tom, qui ne prend que les mauvaises décisions
Des rebondissements que l’on voit tous venir
Deuxième partie pas convaincante

 
En bref : In Fear ne tient pas toutes ses promesses. Malgré une technique affûtée et réussie, le film peine à convaincre en deuxième partie, la faute à une écriture prévisible et de mauvaises décisions de la part des personnages.

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