THE VILLAINESS (악녀) de Jung Byung-gil (2017)

THE VILLAINESS

Titre original : Aknyeo – 악녀
2017 – Corée du Sud
Genre : Action
Durée : 2h09
Réalisation : Jung Byung-gil
Musique : Koo Ja-wan
Scénario : Jung Byung-gil et Jung Byeong-sik
Avec Kim Ok-bin, Shin Ha-kyun, Sung Joon, Jo Eun-ji, Lee Seung-joo et Son Min-ji

Synopsis : Sook-Hee est une tueuse à gages, entraînée à Yanbian en Chine. Elle migre vers la Corée du Sud pour changer de vie mais se retrouve confrontée à deux hommes : Joong-Sang, un homme mystérieux qui entraîne des assassins, et Hyun-Soo, qui l’épie.

The Villainess a fait parler de lui avant sa sortie. Déjà parce qu’il était présenté à Cannes hors compétition et aurait eu droit à une standing ovation de 4 minutes. Mais moi, je m’en méfie des standing ovation de Cannes. Pourquoi ? Parce que depuis de longues années maintenant, les films que j’apprécie sont le plus souvent les films hués à Cannes. Ah ça, qu’elle est loin l’époque des palmes d’or pour des films qui osaient comme Sailor et Lula ou Pulp Fiction. Cannes n’est plus du tout un gage de qualité à mes yeux. Puis un film que l’on nous vend comme une claque, le renouveau du cinéma d’action, et bien ça me fait un peu penser à l’effet Hardcore Henry, qu’un trailer avait suffit à faire crier tout le monde au génie. Sauf que le film lui m’avait passablement ennuyé. The Villainess avait donc du pain sur le planche pour me faire dire que j’avais tort. Surtout qu’à la mise en scène, on retrouve Jung Byung-gil, certes réalisateur peu actif, mais à qui l’on devait l’autant sympathique que bancal Confession of Murder en 2012. Un film au propos intéressant mais à l’action souvent over the top en décalage avec le reste. Alors, The Villainess, verdict après 2h09 ? Et bien ce n’était pas très bon. The Villainess, c’est typiquement le genre de film qui veut épater la galerie, qui veut en faire trop, mais qui ne le fait pas toujours bien. En gros, pour le scénario, vous prenez Nikita (oui, le film de l’époque où Luc Besson était encore un réalisateur et non un tâcheron) et vous blindez le tout de flashbacks, et pour le visuel, vous prenez la scène de l’église de Kingsman, mais étalée sur 2h09. Mais Jung Byung-gil n’a pas le talent de Matthew Vaughn pour filmer l’action, loin de là. Et pourtant ça commençait bien, avec cette scène d’action d’ouverture en vue à la première personne. Oui, façon Hardcore Henry.

Ça commence fort, c’est bien filmé, l’effet fonctionne, c’est violent, ça gicle dans tous les sens, ça dure longtemps. Et justement, dés cette scène, on comprend un peu les travers dans lesquels tombe The Villainess. L’envie d’en faire trop tout le temps. Car au début, on se dit « wow c’est bien fait, ça claque » mais arrivé à la fin de cette scène en POV, on se dit que ça commence à durer, on commencer à remarque où sont les plans de coupe, et on commence à trouver que ça abuse un peu de la shaky cam et que l’on ne comprend plus toutes les actions des personnages. Et pourtant, il va falloir s’y habituer, car ça va être comme ça tout le long. Pire, le réalisateur, dans sa volonté d’en faire toujours plus, m’a fait penser à certains moments à un sale gosse qui s’amuse à la fois avec sa caméra et avec les CGI. Deux moments représentent parfaitement ce que je dis, à savoir la course poursuite en moto et la scène dans le bus. La première, on se dit que l’idée est bonne, que ça claque, après tout, faire une course poursuite en moto en faux plan séquence, avec de la vitesse, des katanas, de la circulation, en voilà une idée qui impressionne la galerie. Mais on ne comprend pas tout, et la caméra, dans ses déplacements, semble être plus là pour épater la galerie encore une fois plutôt que pour nous permettre de suivre l’action. Du coup, on passe partout, devant les motos, derrière, on passe à côté d’autres voitures, et on ne comprend pas tout. La scène du bus quand à elle souffre des mêmes défauts dans sa lisibilité, mais se voit ajoutée un nouveau défaut. Pourquoi oh grand pourquoi avoir mis un objectif fish eye sur la caméra. Certes un bus, c’est petit, exigu, mais là c’est juste moche, ça déforme l’image, ça donne une sensation franchement désagréable.

Bon avec tout ça, vous vous dites que j’ai franchement détesté ce The Villainess ! Et pourtant, malgré ses nombreux défauts, toutes ses tares, The Villainess est le genre de films qu’il est très dur d’aimer certes, mais parfois dur à totalement détester. Sans doute car la très jolie photographie flatte l’œil à tous les instants, que les acteurs, sans en faire des tonnes, ne sont pas mauvais, ou que le film a tout de même quelques scènes d’action un peu plus simplement filmées ou même quelques idées de mise en scène sympathiques en dehors de l’action. Ce qui ramène clairement à ce que je disais : l’envie de bien faire. Elle est là cette envie, tout le temps, à la recherche du plan impressionnant, de la belle lumière, de la transition intéressante entre deux scènes. The Villainess, démo technique ? Dans le fond, plus ou moins. Car même dans les moments calmes, on retrouve cette envie de trouver le beau plan, mais au moins, c’est plus calme, plus intéressant à voir, même si cela ne nous donne qu’une romance pas forcément intéressante, puisque les personnages ne sont pas vraiment attachants. Entre une tueuse à gages, ses employés, et des méchants en guise de victimes, dur de s’accrocher à qui que ce soit. Reste le ton sombre et sans pitié du film, plutôt sympathique, puisque sans pitié, même si on pourra dire que c’est un peu une routine dans le cinéma Coréen de ce genre. En fait, c’est devant ce genre de films que l’on regrette le cinéma de Park Chan-Wook, qui lui aussi en met plein la vue avec une mise en scène léchée et des scénarios au final simplistes, mais qui rend l’action lisible quand elle est présente.

Les plus

Des idées de mise en scène
Vous allez avoir de l’action

Les moins

Une histoire complexifiée par l’abus de flashback
L’action pas toujours lisible
Au bout d’un moment, trop c’est trop
Un arrière goût de Nikita, avec du Kill Bill et Old Boy

En bref : Annoncé comme une claque, The Villainess n’est qu’un film d’action pompant un peu partout et voulant impressionner, mais qui en fait tellement toujours trop qu’il irrite par moment. Parsemé de bons moments, il est très dur à apprécier, mais également dur à totalement détester.

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