DJANGO UNCHAINED de Quentin Tarantino (2012)

DJANGO UNCHAINED

Titre original : Django Unchained
2012 – Etats Unis
Genre : Western à la sauce Tarantino
Durée : 2h45
Réalisation : Quentin Tarantino
Musique : –
Scénario :  Quentin Tarantino

Avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio, Kerry Washington et Samuel L. Jackson

Synopsis : Dans le Sud des Etats Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le docteur King Schultz, un chasseur de prime allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui lui permet d’identifier et de traquer les frères Brittle, meurtriers qu’il recherche. En échange, Schultz promet à Django sa liberté une fois la mission accomplie. Mais Django n’a qu’une idée en tête : retrouver Broomhilda, sa femme.

Django à la base, c’est un film italien de 1966 réalisé par Sergio Corbucci , avec Franco Nero. Film culte, le film eu des suites, fausses suites, variantes, notamment au cours des années 70 et même en 1987 avec un film reprenant Franco Nero dans le rôle de Django. Anecdote amusante, même Miike Takashi a donné sa version du mythe avec le très sympathique Sukiyaki Western Django en 2007, dans lequel était invité, le temps de deux scènes, Quentin Tarantino, qui s’en donnant à cœur joie en faisant l’acteur. Cinq ans plus tard, Tarantino revient à Django en réalisant sa version. Les fans de Tarantino, toujours au rendez vous, salivaient d’avance, tandis que les autres furent rapidement dépités en voyant la durée du métrage : 2h45. Soit le plus long film de son auteur, grand amateur de dialogues. Si Tarantino avait mit tout le monde d’accord en début de carrière, en signant un Reservoir Dogs pourtant en demi-teinte, remake de la dernière demi-heure du film HK City of Fire, un Pulp Fiction palme d’or à Cannes (rien que ça) et une adaptation d’un roman de Elmore Leonard avec Jackie Brown, sans aucun doute son meilleur film, l’artiste commença à diviser à partir de Kill Bill Volume 1. Un film « hommage » qui pompait un peu partout, enchaînait les changements de style et ne racontait finalement pas grand chose. L’histoire arrive dans un Volume 2 de meilleure qualité, mais un brin trop bavard. La suite divisa encore plus, avec un Boulevard de la Mort ennuyeux au possible et un Inglourious Basterds bien trop long mais traversé par quelques éclairs de génie (assez rares, notamment situés en début et fin de film). Son nouveau bébé était pourtant tout de même attendu, et s’apprête enfin à pointer le bout de son nez en France, la semaine prochaine. Quelques heureux (malheureux) ont pu voir l’œuvre lors de la projection presse. Et autant le dire de suite, le résultat est loin d’être glorieux.

Reprenant une structure rappelant énormément Inglourious Basterds, Tarantino ne surprend absolument pas, faisant ce qu’il a toujours fait : du Tarantino. C’est à dire, beaucoup de dialogues pour pas grand chose et des scènes de violence rares et courtes se voulant fun. Malheureusement, en étendant son métrage sur une si grande durée, Tarantino se tire dés le départ une balle dans le pied. Tout n’est pas à jeter bien entendu dans son dernier métrage, car comme il l’a si bien prouvé par le passé, Tarantino sait tout de même écrire des dialogues, et surtout, sait diriger ces acteurs (bien que ici le constat sera parfois mitigé). Django s’ouvre donc sur l’achat de Django (Jamie Foxx) par le Dr Schultz (Christoph Waltz, parfait). Occasion de trouver dans un petit rôle le bien trop rare James Remar (le père de Dexter dans la série du même nom). Sans doute une des scènes les plus réussies du métrage, cette ouverture met dans le bain. Relativement courte, bien jouée, se terminant dans un petit carnage aussi rapide qu’efficace, cela rappelle les quelques éclats de violence du précédent métrage du réalisateur. Mais passé cette scène, le métrage va peiner à trouver son rythme et faire preuve d’un manque de goût parfois assez flagrant, faisant du film un métrage fainéant. Toute la première heure se concentrera essentiellement sur la reconnaissance des deux frères que Schultz doit abattre, avec l’aide de Django. Django va apprendre ses méthodes, devoir se faire passer pour quelqu’un qu’il n’est pas et subir le regard choqué des autres. Car oui, un noir sur un cheval, à cette époque, ça choque le peuple, et pas qu’un peu. Cette heure est pleine de bonnes intentions, souvent réduites à néant par des choix assez étranges. On nous promet une petite bataille, les hommes foncent sur les chevaux, mais non, Tarantino retourne en arrière pour nous montrer la discussion qui précède, en vain. Django a la possibilité de se venger de ses maltraitances, et donc, Tarantino le transformera en l’opposé d’un esclave, un mec classe, vengeur, armé de son pistolet et de son fouet (dont il se servira, au ralenti SVP).

Cette première heure fait preuve d’un manque de rythme assez flagrant et de fautes de goûts au niveau vestimentaire ou tout simplement de la photographie, qui font parfois peur. C’est un flashback, mettons un filtre (dégueulasse) sur l’image. Christoph Waltz sera le seul à véritablement tirer son épingle du jeu dans la première heure, Jamie Foxx ne livrant pas une performance exceptionnelle, tandis que les autres acteurs ne font que de bien courtes apparitions. Mention spéciale à Don Johnson n’ayant que quelques minutes à l’écran, dans une scène se voulant comique mais passant à côté de son sujet. Car oui, l’humour de Django Unchained est à côté de la plaque. La seconde partie du film, durant tout de même 1h45, se concentrera sur la recherche de la femme de Django, devenue esclave elle aussi, et mettra en vedette un Leonardo DiCaprio comme toujours parfait. Sa première apparition à l’écran lors d’une scène d’une violence assez rare et réaliste est savoureuse, l’acteur montrant encore une fois son charisme et son talent. Cette scène de par son réalisme dénote d’ailleurs avec tout le reste du métrage, respirant bon la sauce Tarantino, se voulant cool et branchée. Malheureusement pour DiCaprio et pour Waltz, Tarantino, s’il soigne comme à son habitude ses dialogues, les étire à l’infini lors de différentes scènes (ou scénettes colées bout à bout) à l’intérêt plus que discutable. Oui, comme d’habitude, chez Tarantino, on parle beaucoup, que ce soit dans les bars, à table, dans les champs, dans la prairie, en montagne, mais pour ce qui est de donner à son public ce que l’on est en droit d’attendre d’un western, Tarantino se plante et en beauté.

Toute cette longue partie ne sera principalement constituée que de dialogues, parfois débités par des acteurs en grande forme (Waltz et DiCaprio donc), parfois en trèèèèèès petite forme (Samuel L. Jackson, caricatural et ridicule au possible, et surtout très énervant).  On sent parfois la tension qui monte, ou la violence qui ne demande qu’à exploser, mais cette attente est tellement longue qu’elle en devient interminable et plutôt pénible. Quand enfin Tarantino décide de se lâcher (un peu à la manière du final de Inglourious Basterds), il fait preuve d’un mauvais goût assez énervant et surtout abusif. Certes, il met en scène une violence assez décomplexée, mais si celle ci avait sa place dans un Kill Bill, qui rendait hommage à un cinéma violent et excessif, elle n’est absolument pas la bienvenue dans un western. Tarantino, a quelques séquences près, rate complètement son film, noyé dans un ennui plus que profond, au propos simpliste et pas franchement terrible, et le tout saupoudré d’une esthétisme pas toujours habille, à coup d’exagérations, de filtres sur l’image, de ralentis franchement pas terrible, ou pire, de musique à orientation rap lors de deux séquences. Tarantino est bel et bien devenu paresseux, il nous le prouve encore une fois avec brio, ou alors je suis vraiment devenu totalement insensible à son cinéma. Christoph Waltz et Leonardo DiCaprio restent, eux, toujours parfait, peu importe ce qu’il se passe à l’écran.

Les plus

D’excellents acteurs (Waltz et DiCaprio en tête)

La scène d’ouverture

La première apparition de DiCaprio

Les moins

Interminable (un bon 1h de trop)

Pas toujours de très bon goût

De longs dialogues, bien écrits, mais pour rien

Quelques scènes bien ridicules

En bref : Quentin Tarantino continue sa descente, après Kill bill, Le Boulevard de la Mort et Inglourious Basterds ! Django est son plus long film, et souffre de longueurs interminables, en plus de nous offrir des scènes pas toujours géniales.

6 réflexions sur « DJANGO UNCHAINED de Quentin Tarantino (2012) »

    1. Je n’ai pas regardé les 8 Salopards, des avis autour de moi de fans de Tarantino qui avaient trouvés pour la première fois de leur vie un Tarantino trop long m’a totalement calmé, déjà que ça faisait deux films que je trouvais des longueurs. Donc je ne pourrais comparer les deux oeuvres (oui, honte à moi, mais bon, c’est long donc si j’apprécie pas, ça me paraîtra encore plus long 😉 )

      1. C’est très long et ça cause beaucoup. C’est donc encore trop court pour moi. 😉
        Je dois avouer qu’après avoir détesté « le boulevard de la mort », j’ai totalement révisé mon jugement sur ces bavardages.

        1. Ah Le Boulevard de l’Ennui, celui-là je l’ai subit…. J’avais trouvé le film pénible alors que l’idée me plaisait.
          Le cinéma bavard me plait de moins en moins aussi, ça joue sur mon jugement.

          1. Je peux comprendre. C’est sans doute une forme de disposition d’esprit. De mon côté je me dis que si on a donné la parole au cinéma à la fin des années 20, ce n’est pas pour clouer le bec des acteurs presqu un siècle plus tard. Quand la langue est bien pendue, je la saisis volontiers. 😀

            1. Non mais c’est clair, le cinéma, c’est 50% l’image et 50% pour le son, mais je préfère quand l’histoire est racontée par des détails visuels plus que d’interminables dialogues. J’aime beaucoup Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Jackie Brown, mais la sauce a toujours eu du mal à prendre par la suite de mon côté.

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