CHILD’S PLAY de Lars Kievberg (2019)

CHILD’S PLAY

Titre original : Child’s Play
2019 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h30
Réalisation : Lars Kievberg
Musique : Bear McCreary
Scénario : Tyler Burton Smith
Avec Aubrey Plaza, Mark Hamill, Gabriel Bateman, Tim Matheson, Brian Tyree Henry, Beatrice Kitsos et Trent Redekop

Synopsis : La multinationale Kaslan Corporation vient de lancer Buddi, une ligne révolutionnaire de poupées de haute technologie, qui devient rapidement un succès pour les enfants du monde entier. Dans une usine de montage de Buddi au Vietnam, un employé est blâmé puis licencié par son supérieur hiérarchique pour travail insuffisant. En représailles, l’employé manipule en secret la poupée qu’il assemble, désactivant toutes ses fonctions de sécurité ainsi que la façon de parler de la poupée, avant de se suicider. À Chicago, la vendeuse Karen Barclay et son fils malentendant de treize ans, Andy, emménagent dans leur nouvel appartement. Pour tenter de réconforter Andy du malaise causé par le déménagement, ainsi que par la présence de son nouveau petit ami, Shane, Karen fait chanter son patron afin de se procurer une poupée Buddi, qu’elle donne à son fils comme cadeau d’anniversaire en avance. Une fois la poupée activée, elle répond au nom de Chucky, s’attache à Andy et au fil du temps, elle aide le garçon à se lier d’amitié avec deux autres enfants de l’immeuble, Falyn et Pugg. Mais Chucky commence également à afficher des tendances violentes.

En 2019, la vague de remake n’est pas prête de s’arrêter. Et on oscille toujours entre le banal copier coller, la relecture, et le film qui veut mais n’ose pas toujours s’éloigner de son ainé. La saga Chucky avait-elle besoin d’un remake ? Assurément pas, surtout qu’en l’espace de sept films, son créateur, Don Mancini, avait fait le tour. Allant du film d’horreur sérieux (les deux premiers opus), à la comédie noire (la Fiancée), à la comédie pure et dure (Le Fils) et finissant dans le DTV pas fameux mais pas honteux pour autant (les deux derniers opus), Don Mancini à fait le tour de la question, et même si Brad Dourif s’amuse toujours dans le rôle, et bien, il faut savoir s’arrêter. Mais Mancini tout comme la Universal ne veulent pas s’arrêter. Le premier développe dans son coin une série TV, toujours avec Dourif, tandis que le studio développe pour 2019 deux remakes, ou reboot. Le premier, celui qui nous intéresse, c’est Child’s Play, voulant réinventer le mythe et le premier film. Le second, pas encore sorti, c’est Charles, qui semble beaucoup plus proche de la mythologie originale. Car Child’s Play 2019, bien que reprenant des personnages et la trame basique de l’original, veut s’en éloigner pour construire sa propre mythologie. C’est tout à son honneur. Après tout, la technologie a évoluée entre les années 80 et aujourd’hui, et la poupée tueuse est à présent plus expressive, et connectée en permanence, pouvant prendre le contrôle de divers produits connectés eux aussi. Ah, la technologie nous aura, James Cameron nous avait prévenu dés 1984. Mais Child’s Play 2019 décide, en plus de cet ajout pour coller à son époque, de réécrire intégralement la mythologie, pour le meilleur, et pour le pire. Chucky n’est donc pas une poupée qui a reçu l’âme d’un tueur en série qui va s’en prendre à une famille pour se réincarner, mais juste l’œuvre d’un ouvrier exploité dans un pays d’Asie, qui avant de se faire virer (et de se suicider, accessoirement) va supprimer toutes les modérations du système de la dite poupée avant de l’expédier. Chucky n’a donc aucun recul sur les événements, son IA ne l’arrête pas dans la grossièreté ou la violence.

Ça, oui, ça change intégralement le fond du film, et on se dit que le film aurait pu s’éloigner radicalement et donc, ne pas s’appeler ainsi pour ne pas être un remake. Si ce n’est que pour le reste, on retrouve la mère un peu pauvre qui trouve le moyen d’offrir à son fils Andy la dite poupée. On aura même un détective, non pas aux trousses de Charles Lee Ray, qui n’existe ici donc pas, mais qui vit tout simplement dans la même résidence. Heureusement en tout cas pour ce remake, le film bénéficie d’un vrai budget et d’une vraie mise en scène de cinéma, ce qui l’éloigne totalement des deux derniers opus DTV, et tente de retourner au sérieux des premiers opus, avec cette touche d’humour noir dans les dialogues de Chucky. Bon, est-ce que ça vaut le coup donc ce remake ? Oui et non. Oui car il y a des choses intéressantes là-dedans, notamment via la nouvelle psychologie de Chucky, la poupée étant au final une intelligence artificielle qui aurait perdu tous les éléments de son programme qui l’empêcheraient de faire le mal, et qui va ainsi se faire sa propre personnalité en fonction de l’environnement qui l’entoure. Rien de neuf, mais vis-à-vis de la saga, un point intéressant qui l’éloigne encore une fois de son modèle. Non car au final, ce nouveau Child’s Play est parfois timide dans ses tentatives pour trop s’éloigner de son modèle, reprenant une partie des personnages importants malgré tout, et se prenant parfois un peu les pieds dans son propos. On a donc Andy, un garçon qui n’a pas vraiment d’amis, qui va recevoir de la part de sa mère la poupée qui va s’appeler Chucky d’elle-même (il ne faut pas non plus tout changer hein). Et si les premiers pas entre les deux sont houleux, rapidement, Andy va se lier d’amitié avec la poupée. Chucky va donc considérer Andy comme son ami, et vouloir s’en prendre à quiconque lui fera du mal (même le chat), ou quiconque voudra éloigner Andy de lui.

Le film est donc clairement découpé en deux parties. La première servant comme souvent à placer l’intrigue et les enjeux, et à construire la psychologie de Chucky, dont la voix est cette fois-ci celle de Mark Hammill. La seconde laisse place au carnage. Alors, si Mark Hammill est convaincant (il est habitué aux doublages après tout), il faut avouer que le nouveau design de Chucky demande un petit temps d’adaptation, surtout qu’il pose le problème simple de « qui achèterait une poupée aussi immonde pour ses enfants ? ». Mais une fois qu’on s’y est fait, il faut avouer que cette relecture fait certaines choses très bien. Les meurtres sont parfois très graphiques et sanglants, l’humour noir des dialogues est bien présent et fait parfois mouche (« This is for tupac » m’aura énormément fait rire), et surtout, on retrouve un côté un peu flippant et sérieux comme dans les premiers opus. Et ça, ça fait du bien, après que la saga initiale se soit un peu perdue. Chucky parvient, à certains moments, à faire peur. Le voir caché dans la pénombre, dans une chambre, en train de repasser l’audio d’un chat agonisant, le tout de manière toute innocente, car n’ayant tout simplement pas conscience de la gravité de ces actes a quelque chose de dérangeant et qui fonctionne au sein du métrage. Et c’est pour cela que par moment, ce Child’s Play parvient à être intéressant, et à renouer avec l’esprit des originaux. Il n’était certainement pas utile, mais il délivre ce qu’on attend de lui. Et il ose parfois s’éloigner de l’original pour offrir un nouveau fond à l’histoire. Ce n’est toujours pas parfait, mais pas déshonorant. Assez étonnant de la part du réalisateur de Polaroid, que je n’avais pas du tout aimé.

Les plus

Mark Hammill pour Chucky, bonne idée
Un métrage par moment plus sombre
Un nouveau fond à l’histoire
Des meurtres parfois originaux et sanglants

Les moins

Un remake était-il utile ?
Des personnages secondaires clichés et peu utiles
Le nouveau design de Chucky, qui demande un peu d’adaptation

En bref : Un remake qui prend quelques risques parfois, mais qui finalement reste fidèle dans ses grandes lignes. Reste que le retour du sérieux dans la saga, et que quelques idées nouvelles font du bien. Pas parfait, mais une petite série B sympathique.

2 réflexions sur « CHILD’S PLAY de Lars Kievberg (2019) »

  1. Tu me donnes envie de laisser une petite chance à ce reboot, même si pour ça il va falloir ignorer l’affreux lifting de Chucky… Pour ma part, j’ai bien aimé l’orientation dark et caustique adoptée par les dernières réalisations de Don Mancini (les trois opus qu’il a réalisés restent de très bonnes suites, munis de scripts assez malins, je trouve).

    1. Ah le lifting il faut s’y habituer, et encore, pas sûr d’y être habitué même en ayant vu et apprécié le métrage. C’est vraiment space. Mais contre toute attente, le film reste sympathique. Ça ne surpasse pas les deux premiers (ou le 4, que j’adore), mais c’est plus solide que le troisième opus (que je déteste, je n’arrive même pas à me motiver à lui redonner une chance pour écrire dessus).
      L’orientation dark des deux derniers opus ne m’a pas déplu également, mais je trouve dommage que la Universal n’y mette pas plus d’argent, il y a un côté fauché par moment bien voyant, et ça tourne quand même un peu en rond au bout d’un moment je trouve. Mais oui de manière générale, la saga se tient, plus que d’autres licences (Saw? Vendredi 13?)

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Loving movies

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading