I SPIT ON YOUR GRAVE de Steven R. Monroe (2010)

I SPIT ON YOUR GRAVE

Titre original : I Spit on your Grave
2010 – Etats Unis
Genre : Rape and Revenge
Durée : 1h48
Réalisation : Steven R. Monroe
Musique : Correy Allen Jackson
Scénario :  Stuart Morse

Avec Sarah Butler, Jeff Branson, Andrew Howard, Daniel Franzese et Rodney Eastman

Synopsis : Jennifer Hills est écrivain. Pour son nouveau roman, elle se retire dans un petit bled paumé. Tranquillité, calme, beau décor, tout ce dont elle a besoin. Mais rapidement, elle deviendra la proie des hommes du coin, qui vont d’abord la filmer à son insu, puis l’humilier. La situation va dégénérer et avec l’aide du shérif du coin, tourner au viol collectif. Après cet incident, le corps de Jennifer disparaît.

Les films dit de rape and Revenge (viol et vengeance) sont finalement plutôt rares au cinéma, mais font suffisamment parler d’eux pour bien nous montrer qu’ils existent. C’est surtout dans les années 70, et maintenant dans les années 2000 avec la mode des remakes, que le genre nous livre ses œuvres les plus fortes. Parmi les plus connus, on pensera immédiatement à L’Ange de la vengeance d’Abel Ferrara, La Dernière maison sur la gauche de Wes Craven, La Maison au fond du parc de Ruggero Deodato, et bien entendu, Œil pour œil de Meir Zarchi, film dont le remake nous intéresse aujourd’hui. Si l’original a bien entendu prit un petit coup de vieux, et possède quelques défauts et incohérences, il reste aujourd’hui encore un film intéressant. Le remake ne va pas essayer de se démarquer de l’original, mais plutôt de le mettre à jour, en gardant les moments clés et les personnages, avant de redéfinir la partie vengeance. Malheureusement, ce que le film va gagner en modernité par moment, à d’autres, l’effet tombe à l’eau. Tout commence par une rapide présentation des personnages, respectant l’original en tout point, ou presque. Nous suivons donc Jennifer, jouée par Sarah Butler, excellente, qui arrive dans une petite maison de campagne pour y trouver tranquillité et écrire son nouveau roman. En même temps qu’elle, nous faisons la connaissance de quelques gens du coin, travaillant à une station service. Aucune vraie surprise à ce niveau, tant si on le compare à l’original que si on s’attend à des personnages extraordinaires. Les personnages sont aussi stéréotypés et simplistes au possible, entre le macho, le gros avec sa caméra, le gars qui se prend pour un beau gosse, le débile. Même les situations au début pourront faire rire, comme lors du passage où le scénariste a eu la magnifique idée, pour isoler Jennifer, de faire d’elle une fille pas forcément très douée de ces mains, faisant tomber son téléphone dans les toilettes. Et pour appuyer sa maladresse, on lui fera renverser un verre de vin également.

M’enfin peu importe, puisque comme vous vous en doutez, l’intérêt du métrage n’est pas dans la description de ces personnages. Et rapidement, on entre dans la partie humiliation et viol. Très froide, complaisante, cette partie est la plus réussite du métrage. Après avoir planté son décor et ses personnages, le réalisateur continue de dépeindre sa vision des personnages de manière la plus froide possible, et s’il cède à certaines facilités, rend cette longue partie glauque, dure, et sans espoir. Ce qui était le but. Tous les personnages masculins ne sont finalement que des monstres, Jennifer est la pauvre victime. Et son calvaire est long est endurant. On ne peut que souligner la qualité d’interprétation de Sarah Butler dans ce rôle. Qu’elle soit victime, ou par la suite bourreau, elle est toujours convaincante. Du très bon travail. On peut en dire autant de la réalisation, calme, très calme, là où la mode est à la caméra qui tremble dans tous les sens et aux montages extra cut. Mais comme dit plus haut, le réalisateur, et par la même occasion le scénariste, cède à des facilités pour aller plus dans notre époque. Le personnage du gros qui filme tout ce qu’il se passe avec sa caméra est devenu depuis quelques temps une habitude, et un gros stéréotype également. Quelques ajouts par rapport à l’original viendront également faire irruption dans le récit, avec le personnage du shérif, collant beaucoup avec celui du remake de Massacre à la tronçonneuse, et donc retirant une partie de la surprise. Ça n’empêche pas cette partie d’être dure psychologiquement, et très réussie. Pour l’anecdote, le comité de censure en Amérique avait demandé un nombre considérable de coupes pour sortir le film, ce que les producteurs et le réalisateur ont refusés, réduisant ainsi très largement la distribution du film sur le sol américain. Bon point pour eux. Et il faut dire que le réalisateur va loin, parfois très loin, autant dans la partie viol que dans la partie vengeance. Si dans la partie viol, cela marche très bien, et que ça dure, pour justement augmenter l’impact de la partie vengeance, cette dernière ne fonctionne pas à 100%, loin de là, et c’est bien dommage.

Dans cette dernière partie, le réalisateur et son scénariste ont voulu en mettre plein la vue, prenant la voie de la surenchère visuelle et du sadisme à l’état pur. Si bien que parfois, on a plus l’impression de se retrouver devant un Saw que devant la vengeance d’une femme humiliée et violée à bout de force et traumatisée. Cette partie ira bien plus loin que dans l’original, mais l’ensemble du métrage perdra en cohérence, et le film perdra de sa force. Sarah Butler n’y est pour rien, elle est toujours dans son rôle, et le fait bien, mais sa façon de se venger fait vraiment too much d’un tortionnaire à un autre. Certaines vengeances seront plutôt logiques et bien trouvées, il faut bien l’avouer, notamment les deux dernières, qui font vraiment très mal, puisque Jennifer retourne leurs propres méthodes contre ces tortionnaires. Mais pour certains des personnages, elle ira loin, sans raison apparente (entendez par là sans justification par rapport à ce que eux ont fait) et certains « pièges » ne seront vraiment pas crédibles, à la fois venant d’une femme dans ces conditions, et parce que ceux ci semblent bien trop élaborés, pas forcément pour grand chose. Pour autant, ces scènes font mal, même si elles semblent par moment décalées et trop grand guignolesques, et le film dans son ensemble réussit son pari. A savoir divertir (si on peut utiliser ce mot pour ce genre de métrage), mettre à jour l’original, et même le surpasser. A noter qu’à la base, le réalisateur est plus un habitué des productions Syfy (The Ogre, Mongolian Death Worm), et donc, ce remake de I Spit on Your Grave est une réussite inattendue.

Les plus

Une réalisation intéressante
Sarah Butler
La partie viol longue et réaliste

Les moins

Des personnages trop stéréotypés
Une partie vengeance qui verse dans le Saw

En bref : Un remake dur, froid, très sanglant parfois. La première partie, lente, est étouffante malgré des stéréotypes. La seconde partie est bien plus violente que l’originale, et ne fonctionne pas toujours. Remake efficace mais en demi teinte.

Une réflexion sur « I SPIT ON YOUR GRAVE de Steven R. Monroe (2010) »

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