PERFECT BLUE (パーフェクトブル) de Kon Satoshi (1997)

PERFECT BLUE

Titre original : Pafekuto Burû – パーフェクトブル
1997 – Japon
Genre : Animation
Durée : 1h21
Réalisation : Kon Satoshi
Musique : Ikumi Masahiro
Scénario : Murai Sadayuki d’après Takeuchi Yoshikazu

Avec les voix de Iwao Junko, Matsumoto Rica, Tsuji Shinpachi, Ôkura Masaaki, Akimoto Yôsuke et Shioya Yoku

Synopsis : La chanteuse Jpop Mima quitte son groupe déjà très populaire, les Cham, pour se lancer dans une carrière d’actrice. Pour ses débuts, elle accepte un petit rôle dans une série télévisée. Mais ce tournant dans sa carrière correspond-t-il vraiment à ce qu’elle souhaitait? De plus, cela ne plaît pas à tous ses fans. L’un d’entre eux fait savoir sa rancœur à Mima à travers un site Internet où il dévoile des détails de la vie privée de la jeune femme. Par la suite, plusieurs incidents très graves arrivent à l’entourage de Mima. La jeune femme confond peu à peu la réalité avec ses rêves et la série qu’elle tourne. Elle plonge dans un état de schizophrénie avancée.

En 1997, c’était le choc. Kon Satoshi (RIP) signait son premier film d’animation en tant que réalisateur, et le métrage c’était immédiatement fait remarquer. A juste titre ! Perfect Blue, à la base, c’était une nouvelle écrite par Takeuchi Yoshikazu. Le film devait être réalisé avec de vrais acteurs pour un produit à direction du marché vidéo. Mais le tremblement de terre de Kobe en 1995 aurait endommagé le studio, et le budget du film aurait été réduit. Le film doit alors se faire en film d’animation. Kon Satoshi et son scénariste demandent alors à l’auteur de la nouvelle s’il est possible de changer beaucoup de choses. Pour eux, conserver l’histoire telle quelle ne ferait pas un bon film. Le romancier accepte tant que les thèmes et certains éléments restent présents. Et ils auront là fait le bon choix, puisqu’un vrai film, sortant en 2002, et beaucoup plus fidèle à la nouvelle, leur donna totalement raison. Perfect Blue, le film d’animation, nous raconte la vie d’une idole, chanteuse dans un groupe, et tous les petits problèmes que sa profession peut lui apporter quand elle décide d’arrêter le chant pour se tourner vers le métier d’actrice. Dans le fond, cette adaptation est plutôt astucieuse, et se suit de bout en bout, grâce déjà à sa courte durée (1h18). Le fond de l’histoire ainsi que les différents éléments traités par celle-ci sont une incroyable réussite tant le sujet est pertinent et réaliste. Notre jeune idole donc, devra faire face, en voulant se reconvertir, aux fans qui ne sont pas d’accord avec son choix de changement de carrière. Certains se feront même menaçant. Elle découvrira par la même occasion un site internet décrivant jour après jour tous ces faits et gestes. Dans cette intrigue à en perdre son sang froid et sa raison, un de ses fans sera même violent.

Sexe et violence font ainsi bon ménage dans Perfect Blue. La jeune idole, en arrivant dans le monde du cinéma, et surtout, de la vidéo, devra se dénuder un peu, tandis qu’un fan va se mettre à tuer les gens autour d’elle, comme par exemple le scénariste du film dans lequel elle joue. Il est d’ailleurs amusant de revoir Perfect Blue de nos jours pour remarquer qu’au final, le phénomène au Japon n’a pas franchement évolué. Les fans de ce genre d’idoles sont toujours fans à l’extrême, tandis que pour les idoles allant de la chanson au monde de la vidéo, c’est soit les vidéos pour adultes, soit les films d’horreur bas de gammes. Bien sur, Kon Satoshi et son scénariste vont encore plus loin ici, en incorporant au récit les troubles de la personnalité. Ainsi, rapidement, Mima va mélanger sa vie réelle, la vie de son personnage, le rêve, la réalité et la fiction. Pour mettre tout ça en œuvre sur la courte durée, il en fallait du talent, et heureusement, Kon Satoshi en a à revendre, même s’il va par moment céder à la facilité. Pour ce qui est de créer une ambiance, il s’en sort à merveille. Le mélange de rêve et réalité se fait naturellement grâce à un découpage technique astucieux et des scènes que l’on verra plusieurs fois, créant indéniablement un petit plus, et amenant le film d’animation vers du vrai cinéma. Tout est millimétré. L’ambiance, visuelle tout d’abord, est également excellente. Les graphismes sont d’un très bon niveau, l’animation souvent naturelle, mais à ce niveau, on pourra regretter par moment des petits arrières plans un peu trop figés. Cela ne gâche rien au plaisir bien entendu, mais se remarque facilement dés la première vision.

Au niveau du visuel, si les dessins sont beaux et les personnages bien définis et animés, Mima en tête, on ne pourra pas dire la même chose de tous les personnages. Ainsi, le fan Stalker, Memaniac, aura droit à un look assez étonnant, puisque Kon Satoshi préfère y aller à fond dans la caricature, lui donnant un aspect répugnant qui dès le départ n’inspire pas la confiance. Ce qui est dommage au final, puisque ces agissements suffisaient largement à faire passer le message. Ce sera la seule véritable fausse note du métrage, qui à tous les autres niveaux, s’en sort haut la main. L’ambiance musicale, glauque au possible, continue de poser l’ambiance et de la renforcer de manière habile et poussée. Bien entendu, de part son aspect glauque et violent, Perfect Blue ne va pas s’adresser à tous les publics, mais son univers et son histoire, sur une aussi courte durée, rendent l’expérience extrêmement prenante, critiquant sans vergogne un effet de mode qui continue encore aujourd’hui. Et comme dit plus haut en début de chroniques, les choix fait sur cette adaptation libre par l’équipe s’avèrent payant, quand on le compare avec l’autre métrage.

Les plus

Une ambiance très glauque
Intéressant
Se suit très bien (1h21)
Les différents sujets abordés

Les moins

Le personnage du stalker un peu too much

En bref : Perfect Blue n’est pas parfait, mais son ambiance glauque et prenante et son sujet intéressant en font une valeur sure.

4 réflexions sur « PERFECT BLUE (パーフェクトブル) de Kon Satoshi (1997) »

  1. ah j’ai vraiment détesté cet animé surtout la scène de viol qui est montrée avec pas mal de complaisance et qui est très longue. Je dois dire qu’avec Jinroh et la brigade des loups sortis peu après en France ce sont les deux qui, en tant que femme, m’ont vraiment énervée. C’est le côté obscur des animés japonais.

    1. Oui je comprend bien, les animés japonais dits « pour adultes » ne sont vraiment pas pour tous les publics et se permettent d’aller souvent loin. Après il y a aussi les animés plus traditionnels, j’ai pu voir réemment LES ENFANTS LOUPS qui est une très belle histoire (par le réalisateur si je ne me trompe pas de LA TRAVERSÉE DU TEMPS et de SUMMER WARS)

      1. Oui c’est sûr que ça n’a rien à voir ^^. Pour aller souvent au Japon on voit bien que les dessins animés vont loin (comme par hasard c’est plutôt au bénéfice des hommes quand même hélas). J’adore Summer Wars par contre c’est la rencontre entre le Japon moderne et ancien.

        1. Et bien vous avez beaucoup de chances, je rêve de pouvoir y aller un jour. Oui je pense, enfin c’est comme un peu partout, il est plus facile on va dire de… « Martyriser » une femme qu’un homme au cinéma, je pense que c’est tellement ancré dans le cinéma, peu importe le pays, depuis les années 60 avec la nouvelle vague, et que c’est resté depuis.
          Du réalisateur il ne me reste que SUMMER WARS à voir justement. Je vais tenter de me le procurer pour faire une petite rétrospective du réalisateur ici.

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