MANIAC de Franck Khalfoun (2012)

MANIAC

Titre original : Maniac
2012 – Etats Unis / France
Genre : Slasher en vue subjective
Durée : 1h29
Réalisation : Franck Khalfoun
Musique : Rob
Scénario : Alexandre Aja, Grégory Levasseur et C.A Rosenberg d’après le film Maniac de William Lustig

Avec Elijah Woods, Nora Arnezeder, Genevieve Alexandra, Jan Broberg Felt, Megan M. Duffy et Liane Balaban

Synopsis : À Los Angeles, Frank Zito est un jeune homme perturbé qui gère le magasin familial depuis la mort de sa mère, ancienne prostituée : une boutique de mannequins. D’apparence plutôt timide, le jeune homme recherche des jeunes femmes afin de les tuer et de récupérer leurs cheveux pour les mettre sur ses mannequins.

La mode des remakes continue, et c’est cette fois-ci Maniac de William Lustig qui en est victime. Datant de 1980, le film avait marqué les esprits en nous montrant le quotidien de Frank Zito, tueur en série qui scalpait les femmes. Pour l’époque, le film était extrêmement violent et nous proposait de suivre tout simplement le tueur, chose encore assez rare dans les années 80. Par la suite, William Lustig continuera d’explorer les maniaques en signant la saga Maniac Cop, qui pour le second opus, reprend le point de vue du maniaque durant une bonne partie du métrage, avant que le contrôle ne lui échappe pour le troisième opus, dont le tournage fut achevé par le producteur. De nos jours, les remakes, oui, il y en a des tas, prouvant le manque d’inventivité des scénaristes, et la peur des studios de lancer de nouvelles histoires. Mieux vaut récupérer un vieux succès d’antan pour limiter les pertes. Et certains réalisateurs se sont même fait une spécialité dans ce domaine. Marcus Nispel aura signé les remakes de Massacre à la Tronçonneuse et de Vendredi 13 par exemple. C’est aussi le cas du français Alexandre Aja, qui après avoir quitté la France pour les US, aura livré La Colline a des Yeux (remake du film de Wes Craven), Mirrors (remake du film Coréen Into the Mirror) puis Piranha 3D (remake fun qui ne conserve que le point de départ du film de Joe Dante). Ici, Alexandre Aja et son fidèle collaborateur Grégory Levasseur ne sont que scénaristes et producteurs. La réalisation arrive à Franck Khalfoun, la musique à Rob, et voilà la coproduction Franco-Américaine de ce nouveau remake lancé. Et à la manière d’un Piranha 3D qui ne reprenait que la base du film original, de grands changements s’opèrent, mais cette fois-ci, pas dans le fond, mais dans la forme.

Car oui, l’histoire reste très sensiblement la même, les différents points du scénario sont les mêmes, certains personnages également (malgré quelques mineurs changements), mais la forme, elle, n’a plus rien à voir. De slasher où l’on suit un tueur dans le film de 1980, Maniac version 2012 nous propose un voyage tout autre, puisque le film nous propose tout simplement de devenir le tueur. La quasi intégralité du film, soit allez, 90% de celui-ci, est en vue subjective, celle du tueur. C’est donc carrément à un voyage aux travers des yeux du tueur et de son esprit dérangé que l’équipe du nouveau film nous invite. Et on peut le dire, dés les premiers instants, ce choix séduit et provoque un petit quelque chose. Nous sommes Frank Zito, nous sommes dans une voiture, à suivre une jeune femme jusque chez elle, le tout sur la musique électro très réussie de Rob, et ce jusqu’à la mort plus que violente de la jeune femme, visage transpercé au couteau, puis le crâne tout simplement scalpé, épluché tel une orange. L’effet est réussit, le film est gore comme promis (interdit aux moins de 16 ans, et justifié), et un certain malaise se dégage du film, par le simple fait que nous soyons le tueur. Elijah Woods, jouant Frank Zito, est dés lors condamné à rester derrière la caméra, ne montrant qu’un bras, un reflet dans un miroir, prêtant parfois uniquement sa voix au métrage. Un choix culotté du réalisateur, surtout avec une star à l’affiche, le monsieur Frodon du Seigneur des Anneaux, voulant sans doute casser son image héroïque que l’on connaît tous. Elijah Woods, dans le peu que l’on peut voir de sa gestuelle, et dans ses paroles, s’avère d’ailleurs être un Frank Zito très convaincant, totalement dérangé, à l’image de Joe Spinnel dans le film original.

S’il n’ajoute rien ou presque à ce que l’on avait déjà vu, ce point de vu subjectif quasi constant est pourtant la plus grande force du métrage, parvenant à mettre mal à l’aise, et montrant de la part du réalisateur un très grand travail, surtout avec un budget si réduit (6 millions de dollars). Les flous et autres déformations d’images lors de scènes de paniques ou de migraines de la part de Frank sont bien rendues, tout comme ces hallucinations parfois troublantes, les nombreux jeux de reflets, quoi que parfois faciles, sont intéressants, et nous sommes aux premières loges du spectacle. Mais alors que l’ensemble fonctionne bien, autant pour le spectateur connaissant l’original que pour celui totalement vierge de ce film culte, le réalisateur va faire quelques choix plutôt discutables. En effet, soit par choix pour adoucir le film, ou par volonté de bien faire apparaître à certains moments la star du film, condamnée pourtant à rester derrière la caméra, la caméra elle-même va dans certaines scènes, à cinq ou six reprises, se sentir libre, s’élever, et se désincarner pour nous montrer Elijah Woods et nous ramener à notre siège de simple spectateur. Comme si lors de certaines scènes ou épreuves de sa vie, Frank se sentait comme désincarné et spectateur lui-même de ces actes. L’effet dans le film sera malheureusement tout autre, puisque l’effet paraît gratuit et inutile, et surtout, nous sort totalement de cette virée en enfer que l’on vivait alors totalement depuis les yeux du tueur. Un choix vraiment étrange venant alors réduire la portée choquante du métrage, et l’immersion qui s’opérait jusque-là. Dommage, car avec son choix rappelant parfois Enter the Void de Gaspar Noé, le film avait tout pour être une expérience véritablement différente, mais le réalisateur se tire alors lui-même une balle dans le pieds.

Choix encore plus décevant, puisqu’il ramène alors le film tout simplement à son statut de remake, qui dans les grandes lignes et dans sa narration, n’ajoute rien en particulier à l’histoire de cette homme maniaque et traumatisé par le souvenir de sa mère, qu’il, oui, n’aimerait garder que pour lui, alors que celle-ci ramenait sans arrêt des hommes à la maison, faisant de Frank le seul homme de son existence avec qui son contact ne sera pas physique. Bien qu’étant une petite déception, on pourra dire pourtant que Maniac n’est pas un mauvais film. Son choix de vue subjective fonctionne la plupart du temps, et son ambiance glauque nous englobe totalement lors de ces moments. Lorsque la narration se permet quelques différences avec le film original, il se fait encore plus violent, avant de revenir à un final plus proche du film de William Lustig. Agréable à l’œil, osé bien que le réalisateur casse ses effets de mise en scène à plusieurs reprises, mais restant comme l’original finalement très simple dans son propos, Maniac reste un bon remake qui se démarque totalement visuellement, et choquera certaines personnes sensibles. On pouvait en attendre plus, mais un petit quelque chose se dégage pourtant toujours du film, et on quitte le métrage sur une impression positive, ce qui n’est pas si mal en soit.

Les plus

Un choix de vue subjective intéressant
Elijah Woods surprend
Très sanglant
La musique
Techniquement très réussi

Les moins

Le propos n’ajoute rien à l’original
Une caméra parfois trop libre et désincarnée
 

En bref : Un remake identique dans le fond et différent totalement dans la forme, qui apporte donc pas mal de nouveauté mais qui parfois se mord la queue. Plaisant, très gore et parfois malsain.

6 réflexions sur « MANIAC de Franck Khalfoun (2012) »

  1. Ah mais d’accord ! Ils ont choisi la vue subjective ? Je ne le savais même pas. lol.
    J’apprécie tellement l’original que je pensais être déçu de ce remake. Mais bon, vu qu’il s’en éloigne pas mal, je me laisserais sûrement tenter un jour !

    1. Oh ben alors, tu débarques, c’était l’argument limite la vue subjective mdr! Quasi tout le film est comme ça. L’original est très bon (je le préfère, largement), mais celui-là est une curiosité pour son choix. Oli m’a dit ne pas du tout avoir aimé ce remake, sauf deux scènes et la musique lol.

      1. En effet, je débarque maintenant mais quand un film m’intéresse, je me renseigne vraiment le minimum dessus afin de le découvrir totalement !
        Comme tu as dis, il m’a l’air d’être une bonne curiosité. Donc c’est noté dans ma wish list pour après mon voyage.
        C’est qui le compositeur de la musique ??

        1. Ça roule, il doit plus coûter bien cher maintenant je pense ^^
          Je me renseigne peu aussi sur les films qui me tente, j’évite même les bandes annonces.
          Le compositeur c’est un français qui se fait appeler Rob.

  2. Vu ce soir. Je crois n’avoir jamais vu l’original donc… Eh bien j’ai trouvé ça bien sans être génial la plupart du temps. La réalisation maitrisée, Elijah Wood, la musique et quelques morts sympas, ça me suffit. Mais je sais pas, j’ai décroché du film, de l’intrigue quelques fois. Puis vlan ! La scène finale. Que j’ai trouvée exceptionnelle.

    1. Ah oui avec un peu de retard donc. Je n’avais pas vu l’original aussi avant de voir ce remake, mais un ami me l’avait prêté quelques jours après.
      De mémoire, sans doute la « romance » avec le personnage féminin qui prend un peu trop d’importance dans la narration peut-être en ce qui concerne le décrochage ? Mais la scène finale oui, avec la musique (j’écoutais l’ost en boucle à l’époque), c’est top.

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Loving movies

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading