THIRST (박쥐) de Park Chan-Wook (2009)

THIRST

Titre original : Bakjwi – 박쥐
2009 – Corée du Sud
Genre : Fantastique
Durée : 2h14 (version cinéma), 2h28 (Director’s Cut)
Réalisation : Park Chan-Wook
Musique : Jo Yeong-Wook
Scénario : Park Chan-Wook et Jeong Seo-Kyeong

Avec Song Kang-Ho, Kim Ok-Bin, Shin Ha-Kyun, Kim Hae-Sook, Eriq Ebouaney, Hwang Woo-Seul-Hye et Mercedes Cabral

Synopsis : Un jeune prêtre suit une expérience médicale et se porte volontaire pour tester un vaccin susceptible d’éradiquer une maladie qui sévit en Afrique. L’expérience est un fiasco, et le prêtre décède. Une transfusion sanguine d’origine inconnue le ramène à la vie, mais cette expérience le transforme progressivement en vampire. Rentré en Corée, sa résurrection attire les pèlerins. Parmi eux, il recroise la femme d’un ami d’enfance, aux charmes de laquelle il ne pourra résister.

On se demandait bien ce qu’allait nous livrer Park Chan-Wook, après avoir terminé son dyptique sur la vengeance (Sympathy for Mr Vengeance, Old Boy et Lady Vengeance), et surtout après avoir livré l’immonde Je Suis un Cyborg, film tournant en rond dès ses premiers instants pour ne livrer qu’une farce visuelle de mauvais goût. Pourtant, Thirst est un projet de longue date pour lui, qu’il avait déjà en tête 10 ans plus tôt avec l’acteur Song Kang-Ho (Memories of Murder, The Host, Antarctic Journal). Il aura donc fallut attendre 2009 pour voir le réalisateur Coréen adapter librement un écrit d’Emile Zola et livrer son film de vampires mettant en avant un… prêtre. Et comme souvent chez le metteur en scène, il ne fait pas les choses à moitié, si bien que son œuvre en séduira certains, sera détesté par d’autres, et contiendra son lot de qualités poussées à l’extrême, et de défauts, eux aussi poussés à l’extrême. Dans le fond comme dans la forme, on pourra dire que Thirst bénéficie des mêmes défauts et qualités qu’un Lady Vengeance. Visuellement c’est souvent à tomber par terre. Les éclairages sont magnifiques, la mise en scène travaillée, les plans beaux et bien trouvés, parfois originaux. Song Kang-Ho hérite d’un personnage bien développé et au fond intéressant. En effet, quoi de mieux que de voir dans le rôle principal un prêtre qui devient vampire, et qui va ainsi être attiré par tout ce qu’il a juré de faire une croix dessus, comme le sang et les plaisirs charnels.

L’autre personnage principal, une jeune femme mariée et maltraitée, voir ridiculisée par son mari et la famille de celui-ci, arrive entre les mains de Kim Ok-Bin, à la carrière qui ne brille pas (Whispering Corridors 4 : Voice, ou encore Arang), mais qui a le mérite de s’investir toujours à fond dans ses différents projets. La preuve, dans Thirst, elle est tout à fait crédible. Visuellement parfait donc sur bien des points et contenant deux personnages bien développés et joués par de grands acteurs, Thirst a donc les bonnes cartes. D’autant plus que sa première partie, calme et lente, privilégie l’ambiance et le développement des personnages plutôt qu’à l’artifice gratuit comme Park Chan-Wook nous a souvent habitué, et que sa dernière partie fait place à quelques scènes sanglantes impressionnantes et froides. Seulement oui, à côté de tout ça, il y a le reste, et là, ça passe immédiatement moins. Dans un premier temps, et malgré deux excellents personnages, Park Chan-Wook dépasse la barre des deux heures pour une histoire intéressante mais au final assez mince. Alors forcément, lorsqu’il nous donne quelques intrigues secondaires moins palpitantes et s’attarde un peu trop sur ses personnages secondaires peu développés, et bien, Thirst ennuie. À la manière d’un Lady Vengeance avec l’insertion mi-parcours d’un nouveau personnage qui provoquait des longueurs, Thirst refait donc la même erreur en s’attardant sur la famille de Tae-Joo, sans convaincre.

Le métrage possède dès lors un gros ventre mou plutôt gênant. Mais là ne sera pas le seul défaut du métrage, puisque Park Chan-Wook voit les choses en grand… trop grand. Il va ainsi truffer son film d’envolées lyriques (je parle de la forme) avec des vampires qui font des sauts immenses, des sauts numériques et bien entendu à l’animation peu crédible et donc totalement risible. Il va malheureusement abuser quelque peu de ces moments. Reste les effets spéciaux fait sur le plateau, classique et criant de vérité. Comme souvent, le métrage a donc le cul entre deux chaises, entre un réalisateur qui veut en mettre plein la vue et y parvient parfois alors qu’il se plante à d’autres, deux personnages bien développés (et superbement joués) et un peu de vide autour d’eux, un début en fanfare, une fin plus grandguignolesque et malheureusement un ventre mou. Thirst est donc un pur Park Chan-Wook, parfois grandiose, parfois bien bancal.

Les plus

Song Kang-Ho parfait
Quelques très beaux moments

Les moins

Des longueurs
Des CGI grossiers
Des personnages secondaires peu intéressants

En bref : Les défauts habituels du réalisateur pour un métrage tantôt prenant tantôt grossier sur le mythe des vampires. Song Kang-Ho est parfait.

5 réflexions sur « THIRST (박쥐) de Park Chan-Wook (2009) »

  1. Ensemble moyen pour moi aussi. Je développe les mêmes réserves dans mon article, comme si Park se trouvait finalement intimidé, voire entravé par le matériau littéraire. Restent, comme tu dis, de très belles scènes de poésie sanglante et adultère.

    1. Ooooh, nous voilà enfin d’accord sur un film du Sud Coréen !! Pas revu depuis un sacré bout de temps en tout cas. Et pas celui que j’aime le moins de lui (JE SUIS UN CYBORG et STROKER sont en tête de liste, je n’ai même pas terminé le premier). Je trouve également la version longue de THIRST, et bien, trop longue au final. Je sais que les Coréens aiment faire long, mais parfois, c’est trop. Il faut que j’aille lire ton article de ce pas (enfin d’abord, je fais ce que j’ai promis à Oli : je regarde SANCTUM), pour fêter notre accord sur ce film haha !

      1. Je ne savais pas qu’il existait un Director’s Cut. La version que j’ai visionnée fait déjà plus de deux heures. Mais ce n’est pas tant la durée qu’un manque d’homogénéité qui m’a le plus dérangé.

        1. Venu directement de mon Blu-Ray : « version cinéma : 2h13, version Director’s Cut : 2h27 ». Les scènes ajoutées ne sont pas forcément utiles en fait, et du coup, je trouve que tu ressens encore plus les défauts de l’ensemble, juste avec 15 minutes de plus !

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