VILLAIN (悪人) de Lee Sang-Il (2010)

VILLAIN

Titre original : Akunin – 悪人
2010 – Japon
Genre : Drame
Durée : 2h19

Réalisation : Lee Sang-il
Musique : Hisaishi Joe
Scénario : Yoshida Shûichi et Lee Sang-il

Avec Tsumabuki Satoshi, Fukatsu Eri, Emoto Akira, Kiri Kirin et Mitsushima Hikari

Synopsis : Yoshihino, une jeune femme est retrouvée morte à côté d’une route de montage. La police va immédiatement mener son enquête. Le meurtrier présumé, Yuichi, qui vit avec sa grand mère et son grand père dont il s’occupe, n’assumant pas, prend la fuite avec Mitsuyo, une jeune femme rencontrée via internet.

Il y a certains films que l’on se procure par curiosité, après avoir vu l’engouement des spectateurs, ou encore pour le réalisateur ou un des acteurs. En ce qui concerne Akunin (Villain en version internationale), ce fut un peu des trois pour ma part. De la curiosité face à l’histoire, l’engouement des différents spectateurs un peu partout sur le net, et le fait qu’il y ai dans le casting la jeune Mitsushima Hikari, révélation de Love Exposure. De plus, le film aura gagné pas mal de prix dans les festivals, ce qui m’a encore plus motivé à me lancer. Villain part d’une histoire simple, mais plutôt bien menée, et brille sur de nombreux points. Que ce soit la mise en scène, le cadrage, le jeu des acteurs, l’ensemble tient vraiment la route sur l’ensemble de la durée (ou presque), soit tout de même 2h20. Le film se découpe en deux grandes parties, et deux grands flashbacks. Nous commençons l’aventure en suivant Yoshihino, une jeune femme d’affaire jouée par Mitsushima. Travailleuse, elle a la chance d’avoir une famille qui l’aime. Mais pour trouver l’amour, la jeune femme se tourne vers internet et ses collègues de travail. Si elle a une relation avec Yuichi, un jeune homme renfermé sur lui-même, connu via internet, son cœur bat pour un autre jeune homme, Keigo. La jeune femme se fait des illusions, y croit dur comme fer, tout comme ses amies. Mais un soir, tout bascule. Alors qu’elle devait voir Yuichi, la femme part en voiture avec Keigo. Le lendemain, elle est retrouvée morte. Point de départ on ne peut plus classique, mais qui a le mérite de mettre dans le bain. Et plutôt que de se tourner vers une intrigue policière, le film prend rapidement la tournure d’un drame en montrant finalement les conséquences de la mort de Yoshihino sur plusieurs personnages.

Dans la première partie du métrage (la moitié du film en gros), nous suivons la plupart du temps Yuichi, le jeune homme que Yoshihino devait voir le soir du drame. La police elle, suspecte Keigo (logique me direz-vous). Yuichi, après son « échec » sentimental, rencontre la jeune Mitsuyo. Une histoire va naître entre les deux. À côté de ça, le réalisateur nous propose de suivre le parcours de Fusae, la grand mère de Yuichi, venant de se faire arnaquer et de perdre beaucoup d’argent, et Yoshio, le père de Yoshihino, qui accepte mal la mort de sa fille (logique également). La description des différents personnages est souvent juste et judicieuse. Les acteurs s’en sortent tous très bien, du rôle le plus important en passant par le second rôle le plus insignifiant, et le réalisateur appuie bien le mal être des jeunes, entre ceux qui souffrent en silence, et ceux qui se moquent des autres. Très lente, cette première partie pose les bases, fait planer le mystère, mais on se doute assez rapidement de l’identité du tueur par son comportement. Heureusement, cela ne correspond pas au cœur du récit, et de toute manière, son identité était révélée dès les premiers teasers du film circulant sur internet. On aura tout de même au départ un peu de mal à rentrer dans cette intrigue, la faute à la fois au rythme lent, mais surtout au fait que le personnage principal, Yuichi, étant très silencieux, solitaire, perdu, n’attire pas forcément notre sympathie. Pourtant, alors que la seconde partie du métrage se prépare, des flashbacks de la fameuse nuit arrivent et nous permettent de réévaluer la situation, et les personnages. Yoshihino, jouée donc par Mitsushima Hikari, est au final un personnage pas forcément appréciable, et le fait de savoir enfin tout va nous permettre de nous accrocher plus aux autres personnages, bien plus dominants dans le récit (car toujours vivants).

Dans la seconde partie, Yuichi, commençant une histoire d’amour sérieuse avec Mitsuyo, fuit la police, à présent à ses trousses, sur les conseils de Mitsuyo, commençant à tomber pleinement amoureuse de lui. Le jeune homme va enfin s’ouvrir et être plus actif (et réactif) pour nous dévoiler son ressenti, et donc s’avérer plus sympathique à l’écran. Mais les parties les plus intéressantes du récit ne le concerneront finalement pas, mais seront axées sur Yoshio, le père de la défunte, qui n’accepte toujours pas la situation et le regard que les autres ont de sa fille. Accepter un deuil n’est jamais facile, et ces passages le retranscrivent bien. De l’autre côté, la partie concernant la grand mère, Fusae, sera également très intéressante, nous montrant une grand mère harcelée par les journalistes et qui va tenter de tenir le coup. Gardant son rythme lent, Villain se présente alors comme un drame bien plus sensible qu’il n’y paraissait, sans parvenir toutefois à nous séduire pleinement. Malgré les différentes situations, les différents personnages, la qualité générale de l’interprétation, une réalisation simple et fluide, et la musique de Hisaishi Joe (A Scene at The Sea), on ne se sent jamais impliqué pleinement dans le récit. Il manque quelque chose à ce Villain pour le rendre vraiment émotif et faire couler les larmes, même si par moment, le film s’en approche. Sans doute que sa première partie nous mettant trop à distance des personnages retire une partie de l’émotion contenue dans le reste du récit, ce qui est bien dommage.

Les plus

Une histoire simple et intéressante
De très bons acteurs en général
Un bon score de Hisaishi Joe
Le ton juste du traitement

Les moins

Trop de distance au départ avec les personnages
Il manque quelque chose pour être vraiment ému

En bref : Villain souffre de quelques défauts et met du temps à décoller, mais s’avère être un drame tout ce qu’il y a de plus sympathique, emballé avec un grand sérieux et servis par de bons acteurs.

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