TOMIE FORBIDDEN FRUIT (富江 ・最終章~禁断の果実~) de Nakahara Shun (2002)

TOMIE : FORBIDDEN FRUIT

Titre original : Tomie: Saishuu-Shô – Kindan No Kajitsu – 富江 ・最終章~禁断の果実~
2002 – Japon
Genre : Fantastique
Durée : 1h31
Réalisation : Nakahara Shun
Musique: –
Scénario : Fujioka Yoshinobu d’après Ito Junji

Avec Andô Nozomi, Miyasaki Aoi, Kunimura Jun et Fujimoto Yuka

Synopsis : Hashimoto Tomie vit seule avec son père Kazuhiko depuis le décès de sa mère. Introvertie, Tomie n’a pas d’amis et sert de tête de turc à un trio d’adolescentes railleuses et brutales. Un beau jour débarque de nulle part une jeune fille qui s’impose en tant qu’amie de Tomie. Chose étrange, cette magnifique demoiselle, dont la robe rouge accentue l’inquiétante paleur, s’appelle elle aussi Tomie. Cette amie improvisée prend rapidement une place très importante dans la vie de Tomie H, qui apprend peu à peu à communiquer, à se sentir en confiance aux côtés de Tomie. La relation développée par les deux jeunes filles vire d’ailleurs quelque peu à l’ambigu… Les deux Tomie sont tout le temps ensemble, et Kazuhiko semble perturbé par cette Tomie qui n’est pas la sienne. A moins que… L’amie de sa fille ressemble trait pour trait au premier amour de sa vie – une jeune femme du nom de… Tomie, qui avait autrefois poussé l’un de ses amis au suicide, par frustration. Se pourrait-il que cette Tomie soit celle que Kazuhiko a tant aimé dans sa jeunesse – d’un amour frisant l’obsession ?

La série des Tomie en arrive déjà à son quatrième épisode en 2002. Le manga parlant de pleins de petites histoires différentes, reliées entres elles par l’unique personnage de Tomie, ce n’est pas un soucis, les films prennent la même direction, chacun se focalisant sur une histoire, des personnages et une sensibilité différente. Le premier jouait uniquement la carte du glauque au détriment du rythme, et le film était (un peu) chiant. Le second était plus classique, mais prenant. Le troisième, signé Shimizu Takashi, réalisateur des Ju-On ou encore Marebito, relevait grandement le niveau. Ce nouvel opus arrive, et se place facilement comme étant le meilleur épisode de la saga. Il s’agît de l’épisode le plus sensible, le plus beau, et le plus intéressant visuellement de la saga (avec l’épisode précédent sur ce point). Le film va jouer sur une bonne demi-heure la carte de la normalité. Tomie et son père vivent tranquillement chez eux, malgré le fait que Tomie soit martyrisées par des camarades de classes. Elle finira par se faire, trop rapidement, une amie, portant le même nom qu’elle. Les deux Tomie font commencer à se rapprocher, malgré le fait que la “Tomie” du titre, le vrai personnage principal, ai une certaine autorité. Dans le fond, elle n’est pas si différente des camarades de classe. Elle peut s’avérer tyrannique, montant la tête de son “amie” contre son père, qui lui, reconnaîtra en elle la femme qu’il a aimé il y a bien longtemps.

Le film va alors se couper en deux: les deux Tomie ensembles, et Tomie et le père de son amie. Assez rapidement, la relation entre les deux amies deviendra étrange, voir un peu sensuelle, malsaine, comme si de par son autorité sur son amie, Tomie en profiterait en quelque sorte pour jouer avec elle, de se servir d’une homosexualité cachée. Le tout sera bien entendu très « sous entendu », et traité avec délicatesse, et beauté. Tomie voudra voir jusqu’où son amie pourra lui faire confiance, jusqu’où elle pourra aller pour elle. Mais de l’autre côté, Tomie va également manipuler le père de son amie, se servant de son apparence comme pour essayer de reconquérir son amour perdu des années plus tôt. Car la Tomie qu’il a aimé et celle qui est juste devant lui sont la même! Jusque là, le film ne se prête qu’à un jeu de manipulation. Tomie contrôle tout, et dans un but bien précis. Elle fera tourner la tête de tout le monde, et va s’en servir pour arriver à ses fins, convainquant le père de tuer sa propre fille. L’excuse ? Elle ne supporte pas de porter le même nom qu’elle. Et c’est là que la normalité s’éclipse hors du récit, entrant dans le registre du fantastique, du malsain, de la fausse normalité. Revenant à lui, le père tue Tomie, celle qu’il a jadis aimé, en la décapitant, et jette son corps dans la rivière. Seulement, comme on le sait, décapiter Tomie se suffit jamais pour s’en débarrasser, son corps repoussant inévitablement. Et les personnages dévoilent à partir de là vraiment leur intentions, leurs points faibles, leurs tiraillements intérieurs. Le père ne peut tuer sa fille, mais reste attiré par Tomie. Hors la seule façon de rester à ses côtés est de tuer sa fille. De son côté, sa fille, l’autre Tomie, essayera de survivre, de s’occuper de son père, quand il le voudra bien, tout en étant elle même attirée par Tomie. Après sa décapitation, elle ira jusqu’à récupérer sa tête et la nourrir, lui donnant une sorte d’amour maternel pendant que son corps reprend forme. Tomie se montrera à la fois capricieuse, et reconnaissante, à sa manière, vu que tout ce qu’elle dira à son égard n’est que tromperie pour arriver à ses fins.

Bien que lorgnant beaucoup du côté du fantastique, Tomie Forbidden Fruit, préfère s’attacher à ses personnages et à un fond beaucoup plus humain, ce qui en fait une réussite, d’autant plus que le casting, que ce soit les deux Tomie, excellentes, jouant avec beaucoup de retenue leur rôle pourtant difficiles, ou encore le père, joué par Kitamura Jun, apparu dans plusieurs films de Miike Takashi, dont Ichi the Killer et Audition et Outrage de Kitano. Le scénariste, par ailleurs déjà auteur du précédent opus, à su trouver dans l’oeuvre de Ito Junji des éléments intéressants, et les développer à sa manière pour nous fournir bien plus qu’une énième suite, mais un film original et prenant (original, si on excepte le fait que Tomie est décapitée dans chaque film). Une belle réussite, dont les intentions dépassent de loin le premier opus. Certes, l’aspect grotesque du manga et de l’oeuvre de Ito Junji est ici timide, mais le réalisateur s’est approprié l’oeuvre pour faire quelque chose de différent, et c’est tout à son honneur.

Les plus

Un film plus humain et sensible
De très beaux moments
De très bons acteurs
Quelques bons effets sur la fin

Les moins

Peut-être trop timide dans l’horreur

En bref : Jouant dans un premier temps sur la normalité et la manipulation, le film part peu à peu dans le fantastique, tout en laissant une grande part aux personnages, profondément humain. Un des meilleurs de la série.

2 réflexions sur « TOMIE FORBIDDEN FRUIT (富江 ・最終章~禁断の果実~) de Nakahara Shun (2002) »

  1. En fait ça a vraiment l’air cool ! Je suis super content que tu m’aies fait découvrir Tomie. Je pense d’ailleurs que je vais directement commencé par les films ! Tu as tous les Tomie en DVD ? Tu regardes en VO ?

    1. Et bien, bien content de t’avoir fait découvrir ça alors ^^ Du coup tu as du voir mes critiques, je te conseille surtout le 2 (Replay), le 3 (Rebirth), le 5 (Forbidden Fruit, qui est le plus dramatique) et le dernier, le 8 (Unlimited, qui est le plus grotesque).
      Par contre en France, comme on se fou des sagas, on a que le Unlimited… Perso je les ai presque tous, du 1 au 6 en dvd, et le 8 en Blu-Ray.
      Et bien entendu, il existe autre chose que la VO…? Je n’ai pas vu de VF depuis…. plus de 15 ans maintenant ^^

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