PREMIER CONTACT (Arrival) de Denis Villeneuve (2016)

PREMIER CONTACT

Titre original : Arrival
2016 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h56
Réalisation : Denis Villeneuve
Musique : Johann Johannsson
Scénario : Eric Heisserer d’après le roman de Ted Chiang

Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker, Michael Stuhlbarg, Mark O’Brien et Tzi Ma

Synopsis : Le monde a été envahi par des extraterrestres. Le gouvernement américain embauche alors une linguiste afin qu’elle déchiffre leur langage et connaisse leurs intentions.

Depuis le début des années 2010, Denis Villeneuve a attiré l’attention, avec des films comme Incendies et Prisoners. Certains de ses films divisent de par leur lenteur, notamment Sicario, mais le réalisateur est assurément à suivre. La sortie depuis de son Blade Runner 2049 fait incroyablement envie en tout cas et je me le fais très prochainement. En 2016, il touchait déjà à la science fiction, avec Premier Contact (Arrival). Et pour une fois, de la science fiction ultra réaliste où l’envahisseur n’est pas méchant. Et dieu que c’était bon ! Et surtout, que le film surprend. Dès la sublime scène d’ouverture, utilisant On The Nature of Daylight de Max Richter en fond sonore (déjà utilisée dans Shutter Island), le spectateur est plongé dans un récit de science fiction réaliste, mais surtout profondément humain. 12 vaisseaux descendent sur Terre à des endroits aléatoires. Chaque gouvernement essaye dans son coin de comprendre ce que cette forme de vie venue d’ailleurs veut. En Amérique, l’armée fait appel au docteur Louise Banks (Amy Adams), professeur à l’université, pour essayer de comprendre le langage de ces créatures, aidée par le mathématicien Ian Donnelly (Jeremy Renner). De mémoire d’ailleurs, Premier Contact est le seul métrage abordant le contact entre l’homme et une entité venue d’ailleurs du point de vue linguistique. Comment se comprendre lorsque nous ne connaissons absolument rien d’une langue, comment communiquer, et surtout, comment comprendre les intentions de ces visiteurs ? Excellent choix qui donne une touche d’originalité à un genre bien usé depuis le temps.

Mais Premier Contact a bien d’autres atouts dans sa poche, que ceux-ci soit techniques ou en terme d’idées. Villeneuve adopte un point de vue cinématographique très proche de son public et de ses personnages, et donc forcément, mystérieux. Les aliens du métrage sont cachés dans la brume, derrière une vitre, on ne distingue que leur forme, leur silhouette. Ils communiquent en dessinant des cercles d’encre sur une vitre. Le spectateur est dans la brume, il ne comprend pas ce qu’il se passe, il ne peut décrypter ce langage, et l’apparence de ces êtres venus d’ailleurs ne met d’ailleurs pas forcément en confiance. Adoptant dans sa première partie un rythme lent et brumeux, Premier Contact frappe fort et surtout parvient à toucher des points sensibles et réalistes. Il nous parle de la difficulté des langages, des maths derrières la langue, sans jamais ennuyer ou perdre le spectateur en explications improbables. D’un côté les aliens veulent communiquer et l’on doit comprendre leur langage, de l’autre les humains prennent peur et les différentes équipes partout dans le monde arrêtent de communiquer entre elles. La mise en scène de Villeneuve est classe, la musique de Johann Johannsson (Morse) sublime et convenant à merveille au côté mystérieux du film. Et ne parlons pas de l’ambiance générale du métrage, unique de par ses choix et le mélange entre son visuel et sa bande son. Des idées prenantes, Premier Contact en a plein, comme lorsque nos personnages entrent dans le vaisseau pour la première fois.

Puis dans sa seconde partie, le rythme s’accélère, trop d’ailleurs sur la fin, et paradoxalement, s’humanise alors que l’humanité se referme sur elle-même suite à un seul mot de la part des visiteurs qui ne plait pas. Le récit se focalise alors bien plus sur Louise, isole son personnage, la place seule face aux visiteurs, et connecte de manière intelligente tout ce que l’on avait vu jusque là. Jusqu’à son final, précipité sans doute un peu il est vrai, mais absolument magnifique, et remettant en cause tout ce que l’on croyait depuis la première image du film par un joli tour de force. Denis Villeneuve a livré plus qu’un énième film de science fiction en réalité, il nous offre un film profondément humain, un film prenant mais surtout un film fort de par ses thèmes et la manière dont il les aborde. Une seconde vision se fait alors utile d’ailleurs pour mieux saisir toutes les subtilités du traitement du scénario. À l’heure où la science fiction se repose sur ses lauriers, avec Scott signant un bien mauvais Alien Covenant, copiant ce qu’il a lui-même instauré par le passé, ou encore Life, reprenant de très bonne manière toutes les mécaniques du genre, Premier Contact ose lui changer la donne, raconter autre chose. Et rien que pour ça, le film mérite d’être vu, puis d’être compris. L’expérience mérite d’être vécu, et surtout ressentie.

Les plus

Une ambiance mystérieuse
Excellente mise en scène
Une construction narrative habile
De la SF intelligente

Les moins

Final peut-être précipité

En bref : Premier Contact est un grand film de science fiction, paradoxalement très humain dans son traitement. Un film d’abord mystérieux, puis prenant, puis humain et fort.

2 réflexions sur « PREMIER CONTACT (Arrival) de Denis Villeneuve (2016) »

  1. MA CLAQUE 2016, au même niveau que Mademoiselle, The Strangers et Midnight Special. Très humain en effet, magnifique et poétique, comme a pu l’être Rencontres du troisieme type =)

    1. Pareil, je crois ne pas avoir noté aussi haut un film en 2016 (même si j’avais adoré The Neon Demon, The Revenant et tout ça). Mais bon, Villeneuve hein, il ne déçoit pas.
      Rencontres du Troisième Type je ne l’ai pas revu depuis l’époque de la VHS… il va falloir rattraper ça.

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