HELLRAISER de Clive Barker (1987)

HELLRAISER: LE PACTE

Titre original : Hellraiser
1987 – Angleterre
Genre : Horreur
Durée : 1h33
Réalisation : Clive Barker
Musique : Christopher Young
Scénario : Clive Barker

Avec Ashley Lawrence, Andrew Robinson, Doug Bradley, Clare Higgins et Sean Chapman

Synopsis : Larry et Julia emménagent dans la maison de l’oncle Franck, qui a disparu il y a 10 ans. En fait, il a ouvert les portes de l’enfer et il est mort. Mais Larry s’écorche et le sang qui coule au sol permet à Franck de revivre. Il a besoin de plus de sang pour se reconstituer. Julia va l’aider mais Kirsty, la fille de Larry, va remarquer les actes bizarres de Julia.

Hellraiser et moi, c’est une longue histoire d’amour, et sans doute un traumatisme de jeunesse également. Oui, très jeune, grâce (à cause ?) de ma mère, j’aurais vu quelques films que mon jeune âge n’aurait jamais du me permettre de voir. Et si j’avais vu Une Nuit en Enfer à 12 ans sur Canal + alors qu’il était interdit aux moins de 16 ans, j’avais déjà vu The Thing, Evil Dead, Orange Mécanique, et Hellraiser donc ! Une saga qui du coup à une place particulière dans mon coeur, malgré la qualité plus que bancale de l’ensemble passé le second film. Et pour une raison étrange, pour cet Halloween 2017, beaucoup de personnes sur Youtube se sont fait un marathon Hellraiser, donnant des vidéos parfois courtes et amusantes, et parfois un triste constat : qu’est ce qui a mal tourné avec Hellraiser ? Une saga qui avait un méchant iconique et peu présent (et du coup marquant ?), un univers totalement à part comparé aux autres métrages horrifiques de la même période, un génie à l’imagination glauque à la base de tout – Clive Barker -, une saga au gore bien méchant et surtout sérieux, pour au final sans doute une des sagas les plus faibles du cinéma d’horreur, malgré un début en fanfare. Du coup oui, petit à petit, je vais me refaire les Hellraiser (pour certains, les subir), et Pinhead va envahir mon blog, du moins certains opus, car mes vieilles critiques sont toutes pourries et demandent une réactualisation ! 1987 donc, la naissance d’Hellraiser au cinéma, par Clive Barker, adaptant ainsi lui-même son roman The Hellbound Heart. Remettons nous dans le contexte de l’époque. 1987, le slasher a explosé, est partout, mais s’épuise fortement. Vendredi 13 en est à son septième opus, Freddy à son troisième seulement mais le quatrième est en route, Halloween et Michael Myers font leur retour avec le quatrième opus. Le monde horrifique ne brille pas forcément d’une grande originalité. Et tout à coup, Clive Barker débarque avec Hellraiser (en 1988 en France). Clive Barker aura d’ailleurs déjà tenté d’écrire pour le cinéma dés 1985, mais ça aura donné des scénarios souvent réécrits par la production et des oeuvres que l’on qualifiera de nanars en étant gentils (RawHead Rex de George Pavlou, qui a pourtant un petit culte et un Blu-Ray en Amérique). Pas question donc de perdre le contrôle, Clive Barker écrit, et s’occupe lui-même de la mise en scène, en Angleterre, avec un budget réduit de 1 million de dollars. Pas de tueurs masqués, pas de jeunes cons en mode slasher, non, Hellraiser est de l’horreur sérieuse et pour adultes, avec des personnages adultes, et une boite ouvrant littéralement les portes de l’enfer, du plaisir et de la souffrance simultanés. En résulte un film à l’ambiance glauque, originale, malsaine et prenante.

Hellraiser donc, même si un des personnages, la charmante Kirsty jouée par Ashley Lawrence, est une jeune adulte, est un film mettant en scène des personnages plus âgés que la moyenne. L’histoire est simple. Larry et Julia emménagent dans une vieille maison en Angleterre. Larry a une fille (Kirsty donc), et Julia a le rôle de la méchante belle mère un peu froide. Et dans la fameuse maison, l’oncle de Kirsty, Franck est mort quelques temps plus tôt. La première force d’Hellraiser, ce sera son ambiance, glauque et sans concessions, si ce n’est quelques coupes imposées par la censure de l’époque pour que le film ne se tape pas un classement X. Car Hellraiser va loin dans le gore, contient du sexe, et n’a pas été enrobé dans une ambiance fun pour plaire au jeune public non. Il baigne dans une ambiance visuelle froide, glauque, malsaine, et qui parvient même par instant à mettre mal à l’aise. Autant par le contexte des scènes que par les thèmes adultes abordés par le métrage. Car outre une cellule familiale qui ne fonctionne pas entre Larry, sa nouvelle femme Julia et sa fille Kirsty, Barker ajoute l’oncle Franck, qui est finalement au coeur du récit et amenant l’élément déclencheur, puisque tué par des démons, les cénobites, lors de l’ouverture d’une boite maléfique, et revenant à la vie grâce à du sang. Mais il revient comme macchabé, sans nerfs, sans peau, et il va lui falloir plus de sang pour se reconstituer. Son retour va mettre en avant la relation hautement sexuelle qu’il avait avec Julia, qui va alors tuer pour lui redonner forme humaine. Hellraiser prend alors la forme d’un quasi huis clos étouffant dans cette vieille maison, avec un cadavre encore en vie reprenant forme dans le grenier, une amante psychopathe à l’étage, et le pauvre Larry qui ne se doute de rien. Ce que Hellraiser fait bien dés le départ, c’est nous présenter des personnages certes plutôt simples sur le papier, mais qui ont au moins une raison d’agir, un ton adulte, des motivations. Barker d’ailleurs a fait de très bons choix de casting, entre la mignonne et craquante Ashley Lawrence pour Kirsty, Andrew Robinson (L’inspecteur Harry) pour le gentil Larry, et surtout Clare Higgins pour Julia, révélation du film, et surtout un personnage que l’on aime détester.

Mais ce qui aura totalement marqué les esprits dans Hellraiser, outre son ambiance malsaine et son ton clairement adulte, ce sera sa galerie de monstres, les cénobites, et donc surtout Pinhead, joué par Doug Bradley, peu présent, mais marquant le film de son emprunte, et devenant incontournable, à tel point qu’il sera sur la pochette, se trouvera son nom dans le second opus (il est juste crédite comme étant le chef des cénobites ici), et sera ensuite sur la pochette de tous les films de la saga. Ici, ces apparitions tardent à arriver, puisqu’il n’est clairement pas au coeur de l’intrigue, qui est clairement l’histoire de Julia et de Franck. Il apparaît donc comme un personnage mystérieux, envoutant de par son style et son look, aux phrases qui marquent, donnant une image aux thèmes du film : le plaisir et la souffrance. Les autres cénobites sont tout aussi réussis, mais clairement moins marquants, sans doute car moins bavards et donc moins mis en avant.

En terme d’ambiance, de personnages, et même d’histoire, Hellraiser a assez d’atouts dans sa poche pour marquer le spectateurs, ce qu’il a fait. Et Barker ne se prive pas pour aller assez loin visuellement, tant que le budget lui permet bien entendu. Les séquences gores sont assez nombreuses, et surtout très bien faites. Franck sans peau avec la chair apparente, les cadavres liquéfiés, les cénobites, les nombreux plans de chaînes rentrant dans la chair, les effets ont de la gueule, et certaines scènes marquantes, comme la renaissance de Franck, qui se reconstitue petit à petit sous nos yeux, et qui va avoir besoin de sang pour revivre normalement, faisant quelque peu penser au mythe du vampire, mais en plus violent. Et surprise, à quelques moments, Barker parvient à jouer sur l’ambiance, et à la faire peser sur les personnages et les spectateurs, en jouant sur l’attente, comme cette scène se déroulant lors d’une nuit d’orage, et où Franck est caché dans la maison tandis que Julia essaye de cacher sa présence à Larry. Des moments comme ça, où Barker joue habilement avec nos nerfs, aidé par la partition musicale réussie de Christopher Young, il y en a pas mal, et Hellraiser, malgré quelques défauts (ça reste un tout petit budget, parfois cela s’en ressent), notamment avec le personnage du clochard finalement peu utile, reste une oeuvre forte, iconique, une expérience. On adore ou on déteste, mais on ne peut renier l’originalité du film. Et vu la suite de la saga, on aurait presque préféré que Hellraiser soit un film unique. Presque car Hellraiser 2 reste très bon et supervisé par Barker !

Les plus
Les cénobites
L’ambiance glauque
Un univers incroyable
Les moins
Le monstre marchant aux murs qui a prit un coup de vieux

En bref : Hellraiser est donc un film déroutant, profondément original, choquant, mythologique, et allant au bout de ses idées, ce que le cinéma de genre a du mal à faire de nos jours. Un film culte à mes yeux, et un grand film.

4 réflexions sur « HELLRAISER de Clive Barker (1987) »

  1. Je ne l’ai pas revu depuis très longtemps mais c’est effectivement une pièce maîtresse dans le Panthéon de l’horreur.
    Très bon article qui réactive l’envie de rejouer avec ce cube. 😉

    1. Si ça te donne envie de le revoir en tout cas, parfait ^^ C’est un des films que j’ai eu dans le plus d’éditions différentes (de la VHS au coffret trilogie Blu-Ray Italien). En attendant la sortie du nouveau Hellraiser Judgment…

      1. J’ai fait mien ce cube démoniaque (« it always was », me dirait l’autre). J’ai refait le voyage jusqu’aux portes de l’enfer. J’ai bien peur d’y être enchaîné à nouveau. Et les mots que je laisserai bientôt sur le Tour d’Ecran témoigneront pour moi…
        Merci de m’avoir ramené vers ces anges aux ailes suturées. 🙂

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