HELLRAISER 2: LES ÉCORCHÉS (Hellbound: Hellraiser 2) de Tony Randel (1988)

HELLRAISER 2: LES ÉCORCHÉS

Titre original : Hellbound: Hellraiser 2
1988 – Angleterre
Genre : Horreur
Durée : 1h39
Réalisation : Tony Randel
Musique : Christopher Young
Scénario : Peter Atkins d’après Clive Barker

Avec Ashley Lawrence, Clare Higgins, Doug Bradley et Kenneth Cranham

Synopsis : Après les évènements de Hellraiser, Kirsty est internée dans un hôpital psychiatrique dirigé par le docteur Channard, qui, en écoutant son histoire pense trouver le moyen d’ouvrir les portes du désir et de la souffrance. Il fait revenir Julia de l’enfer.

Grosse surprise lors de sa sortie en 1987, Hellraiser a été un succès. Son très bas budget (1 million) a été rentabilisé très rapidement, et il n’en fallait pas plus pour que la boite de production lance une suite. Après tout, l’histoire de cette boite ouvrant les portes de l’enfer, du plaisir et de la souffrance n’était pas terminée, et pouvait avoir de nombreuses suites. Il fallait juste réussir à étendre l’univers sans livrer encore une fois la même histoire. Éviter les travers du cinéma de genre fainéant de cette époque (les slashers). La fin de Hellraiser était d’ailleurs un retour à la case départ, puisqu’après les événements du film, la boite maléfique était de retour chez son vendeur, avec un nouveau possible acheteur. Pourtant, Hellraiser 2 ne fait pas suite à cette courte scène finale, facile, mais bel et bien au métrage en question, en prolongeant l’histoire de Kirsty, qui a perdu son père, sa belle mère, son oncle, et a eu une expérience plutôt traumatisante auprès des monstres du film, les cénobites. Et malgré quelques éléments en communs entre les deux films, il ne s’agît fort heureusement pas d’un banal copié collé, non. Nous allons vraiment explorer l’univers en profondeur, en développant un peu plus ce qui avait marqué les spectateurs, à savoir les cénobites, mais sans pour autant en faire les stars du show (comme les opus 3 et 4). Clive Barker ne revient pas à la mise en scène, mais reste présent, écrivant les grandes lignes de l’intrigue, et restant producteur. Un gage de qualité donc.

Il lui faut donc trouver des collaborateurs de confiance, et Barker choisira des quasi débutants, mais en qui il a justement cette confiance pour étendre l’univers de sa saga. À la mise en scène, nous avons Tony Randel, qui signe son premier métrage, nous donnant ainsi plein d’espoir pour la suite de sa carrière, qui malheureusement, tombera vite dans l’oubli à coup de petits films peu passionnants (Les Enfants de la Nuit), de suites DTV peu intéressantes (un énième Amityville) et d’un tout juste sympathique Ticks produit par Brian Yuzna. Quand au scénario, Barker confie la tâche à Peter Atkins, qui signe son premier scénario, mais restera fidèle à la saga jusqu’au quatrième opus, avant de tenter sa chance avec une autre saga : Wishmaster. Pour le reste, l’équipe reste la même, Christopher Young reste à la musique et livre d’ailleurs sans doute une de ses meilleures OST, le casting revient quasi intégralement, et c’est parti. Il faut également savoir que Hellraiser 2 a subit les foudres de la censure à l’époque, et que la version non censurée de 1h39 (au lieu de 1h28), reste inédite en France. Oui, 11 minutes en moins, coupant certains passages sacrément gore, mais d’autres efficaces dans le développement des personnages. Des coupes d’ailleurs maladroites, puisque l’on a même l’impression que le son a été coupé à la hache dans le montage cinéma d’époque, mais passons. L’histoire reprend donc pile après le premier film, la même nuit d’ailleurs. Kirsty est sortie de la maison, et se retrouve dans l’hôpital psychiatrique du coin. Julia est morte. Mais le directeur de l’hôpital, le docteur Channard, connait l’existence de la boite, il est d’ailleurs plutôt fan (ouais, chacun son truc), et va se servir des événements pour faire revenir Julia en tuant un de ses patients sur le matelas où la fameuse méchante que l’on aimait détester du premier film est morte.

Avec un budget plus élevé, Hellraiser 2 passe du huis clos dans une maison à un quasi huis clos dans un hôpital pour sa première partie, qui il est vrai, a des points communs avec le premier film. Julia revient de la même manière que Franck (les effets spéciaux sont bien impressionnants d’ailleurs), va avoir besoin de sang pour se reconstituer. Oui, tout ça, on le connait. Puis Julia et le docteur Channard pour se servir d’une patiente douée en puzzle pour ouvrir la fameuse boite, et là, Hellraiser 2 change radicalement de son prédécesseur. Terminé le huis clos, terminé les faux semblants, Kirsty poursuivie et victime, le film nous emmène carrément dans l’univers des cénobites. Non pas qu’ils vont être présents à chaque instant, loin de là, mais le métrage nous emmène dans leur univers, et on en apprend donc beaucoup plus, et cette partie s’avère passionnante, malgré quelques effets vieillissants, mais aux idées hypnotisantes pour moi. Oui, l’enfer, ce labyrinthe, ces pièces qui s’adaptent aux vices de chaque personnage, moi, j’adhère à fond. Hellraiser 2 prolonge donc de manière logique les différents ingrédients du premier opus. La plus grande force du métrage sera sans doute d’étendre son univers, mais tout en gardant en arrière plan ce qui doit l’être (les cénobites), et au premier plan ce qui fait avancer l’intrigue (les personnages). En arrière plan, les cénobites sont donc toujours étranges, effrayants, mystérieux, et ça fonctionne. Surtout que le métrage se déroulant dans leur univers, ils peuvent apparaître n’importe où. Néanmoins, on pourra trouver quelques facilités dans le développement des personnages il est vrai, et certains dialogues donnent un aspect étrangement théâtral à certaines scènes. La plus grande perte du métrage, en s’ouvrant un peu plus, c’est qu’il perd son côté étouffant.

Dans sa seconde partie du moins, puisque la première partie, dans l’hôpital, malgré quelques clichés inhérents au lieu, retranscrit plutôt bien l’ambiance du premier film. C’est dés que le film débarque dans l’enfer même qu’il perd en étouffement, mais gagne en profondeur, et ironiquement, en fascination. C’est en développant les choses et en rompant le cordon avec le film original que Hellraiser 2 prend son envol. Tout en conservant bien entendu sa patte graphique de l’œuvre, tout comme quelques clins d’œil, et surtout du gore bel et bien présent. Au final, tant de par le développement de ses personnages (Kirsty partant en enfer pour chercher son père) que par l’extension du mythe (Leviathan, le dieu des lieux), que par les quelques révélations sur les cénobites, Hellraiser 2 est une suite totalement logique du premier film, et on pourrait presque dire une suite même utile et indissociable. Un peu à l’image d’Halloween 2, qui donnait enfin une justification aux agissements du tueur. Un film qui ne dénature jamais le premier film, mais se permet d’aller plus loin, avec son visuel marquant, sa mythologie. Le premier amenait l’enfer aux personnages, cette suite emmène les personnages en enfer. S’il est d’un niveau néanmoins sans doute un poil en dessous du premier film, Hellraiser 2 reste néanmoins LA suite utile, et prouve que parfois, on peut faire une suite et rajouter des choses intéressantes. Un peu comme, toutes proportions à part, Aliens. L’enfer par contre s’abattra sans cesse sur la saga dés l’opus suivant. Un enfer beaucoup moins reluisant, passionnant et intéressant.

Les plus
Retrouver l’ambiance, l’univers, les personnages
Une mythologie étendue
Incroyablement gore
Inventif et intéressant
Les moins
Quelques moments un peu trop théâtraux
Des simplicités par moment

En bref : Hellraiser 2 est simplement LA suite de Hellraiser, la continuation de l’univers, proche de la perfection et de son prédécesseur. Laissez vous tenter avant une descente aux enfers (les autres suites).

4 réflexions sur « HELLRAISER 2: LES ÉCORCHÉS (Hellbound: Hellraiser 2) de Tony Randel (1988) »

  1. Je suis globalement en phase avec ton propos. Moi j’y vois même une longue apnée dans le subconscient de Kirsty. Il y a qqchose de profondément cérébral dans ce film qui traite de la folie, qui associe la douleur aussi à la peur, deux centres névralgiques voisins. Et la mort ici envisagée comme une dimension alternative dont le point de passage est un objet mathématique.
    Reste une énigme digne de la configuration de Lemarchand : Randel, un l ou ll ?

    1. Rah, vieille critique mise à jour que j’avais faites il y a 10 ans, un seul L pour Randel, je vais aller corriger ça de ce pas ^^
      Hellraiser 2 est très intéressant, et déploie quelques nouveaux thèmes en plus de prolonger les nombreux horizons du premier film. En soit, une suite utile qui malgré quelques défauts, s’efforce de continuer la mythologie du premier plutôt que de se reposer sur ses acquis, et c’est tout à son honneur. Et toujours dommage que la version non censurée ne soit jamais arrivée en France (peut-être avec le coffret Blu-Ray qui est prévu chez je ne sais plus quel éditeur).

      1. ESC, il est en souscription chez kisskissbankbank, avis aux amateurs 😉
        J’ai eu la chance je crois de voir la version intégrale puisque je me suis payé (pour une modique somme) le coffret puzzle box. Version non-sous-titrée certes (mais ça va, c’est pas Woody Allen ou le fin fond des Appalaches), édition anglaise avec la scène de la lame de rasoir qui gicle bien.
        Quant à Randel, pas de panique puisque sur le net et dans mon petit livret il n’est crédité que d’un seul l. (par contre, dans mes vieux Mad il y en a 2 partout !)

        1. Voilà exactement.
          J’ai vu la version intégrale depuis un bail, ayant le même coffret anglais en forme de boite (sublime d’ailleurs), et depuis, n’étant pas patient, le coffret Italien de la trilogie (le premier coffret en HD existant). Elle gicle bien, et même certains ajouts hors gore sont sympas (Kirsty perdue en enfer et qui se retrouve dans son appartement).
          Je crois que Randel, on a tous hésités un jour ou l’autre. iMDB me dit qu’il n’y a qu’un seul L, et si le site se trompe parfois, je pense pas que sur un réal anglais ce soit le cas.

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