HELLRAISER BLOODLINE de Alan Smithee (1996)

HELLRAISER BLOODLINE

1996 – Etats Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h25
Réalisation : Alan Smithee (Kevin Yagher et Joe Chappelle)
Musique : Daniel Licht
Scénario : Peter Atkins d’après Clive Barker

Avec Bruce Ramsay, Valentina Vargas, Doug Bradley, Charlotte Chatton et Adam Scott

Synopsis : Dans une station spatiale, le docteur Paul Merchand est relevé de ses fonctions. Celui-ci a très peu de temps pour raconter l’origine et le combat qu’il mène face aux Cénobites, ces démons de l’enfer à présent à bord du vaisseau et à la recherche de potentielles victimes. Pourtant, la base de ces créatures vient de ce curieux cube en bois, élaboré par l’ancêtre de LeMerchand au 18ème siècle…

Hellraiser dans l’espace, en voilà une idée pour la moins étrange, mais dans les années 90, cette idée est pourtant commune à toutes les sagas d’horreur. En 1991, les Critters partaient dans l’espace pour leur quatrième et dernière aventure dans un film mou mais finalement, vu la qualité relative de la saga, qui s’en sortait pas mal (puis Critters, c’est toute ma jeunesse). En 1997, c’était Leprechaun, lui aussi dans sa quatrième (et malheureusement, pas dernière) aventure qui partait dans l’espace dans un film très mauvais (mais parfois rigolo). Un an plus tôt, en 1996 donc, ce fut le tour de Hellraiser, aussi pour le quatrième film de la saga. Même Jason de la saga Vendredi 13 y fera un petit tour en 2002 avec le raté Jason X. Si on devrait trouver un point commun à tous ces films, ce serait bel et bien le fait que ces opus sont ratés. Mais pourtant, à y regarder de plus près, au moment où les sagas envoient leurs personnages dans l’espace, la santé de ces films est déjà basse. Critters 3 était un direct to vidéo très soft et plus comique qu’horrifique, Leprechaun 3 était une belle daube, Jason va en enfer un honteux ratage qui trahissait la saga. Et Hellraiser 3 ?

Un bien beau ratage également, qui trahissait la mythologie de la série et faisait de Pinhead, personnage emblématique mais finalement peu présent une sorte de croquemitaine à la Freddy Krueger (qui étonnement n’a pas été dans l’espace lui). Sachant qu’Hellraiser 3 était donc raté mais était une suite directe au second (et excellent opus), on n’avait même plus peur pour ce quatrième opus propulsant les cénobites dans l’espace, la saga avait déjà bien baissée de qualité. Et pourtant, malgré tous les déboires que le film a connu, Hellraiser : Bloodline, vole plus haut que son prédécesseur pour certaines raisons. Revenons un peu sur la production du film. Après le succès du second opus, réalisé par Tony Randell (le sympathique Ticks) et écrit par Peter Atkins (les épisodes 2 à 4, Wishmaster), avec un Clive Barker très présent sur le tournage, la saga Hellraiser, connue et reconnue, continue sa route aux Etats Unis (les deux premiers opus sont anglais). Un troisième opus est réalisé en 1992, toujours écrit par Peter Atkins d’après une histoire de Tony Randell, et réalisé cette fois par Anthony Hickox, un réalisateur capable du meilleur (Waxwork) comme du pire. Hellraiser 3 sera malheureusement un ratage, mettant Pinhead sur le devant de la scène, devenant involontairement comique et trop bavard, et surtout beaucoup plus soft. Un nouvel opus arrivera pourtant. Hellraiser appartient maintenant à Dimension Films, et comme on le sait si bien maintenant, tourner un film pour eux est dangereux à moins de s’appeler Tarantino ou Rodriguez. Au début des années 90, ils récupèrent deux licences juteuses du cinéma d’horreur avec Halloween et Hellraiser. Ils produiront donc Halloween 6, réalisé par Joe Chappelle, et Hellraiser Bloodline, réalisé par Kevin Yagher.

Tout aurait pu se passer pour le mieux, mais ce ne sera pas le cas, pour les deux métrages. Halloween 6, après la mort de Donald Pleasence, sera remonté, 30 minutes de nouvelles séquences seront tournées, et le film arrivé en salle est incompréhensible, et surtout mauvais, même si contenant de bonnes séquences. Le quatrième opus de Hellraiser aura des déboires assez similaires. Kevin Yagher est embauché pour réaliser le film, Peter Atkins est toujours présent au scénario, mais bien avant cela, d’autres réalisateurs étaient prévus : Guillerme Del Toro aurait été approché et aurait refusé tandis que Stuart Gordon aurait quitté le projet avant le début du tournage. Yagher, créateur d’effets spéciaux à la base (certains épisodes de la saga Chucky ou Freddy) réalise son film, et finalement, quelques conflits artistiques explosent avec les producteurs une fois le film tourné. Les exécutifs ne sont pas contents, Ceux ci coupent (charcutent) le montage de Yagher, retirant certaines images trop visuelles (des scènes entières passent à la trappe) et le raccourcissant afin de faire apparaître Pinhead beaucoup plus tôt dans le récit (après une demi-heure, au lieu des 45 minutes initiales). Yagher quitte donc le projet, et c’est Joe Chappelle, le cher réalisateur d’Halloween 6, qui arrive pour tourner de nouvelles séquences. La production monte le film à l’aide d’un nouveau monteur et il sortira tel quel, non reconnu par Kevin Yagher, et donc signé Alan Smithee. Et si le désastre relatif de cet épisode ne mettra pas fin à la saga, Hellraiser 4 sera le dernier opus à être distribué au cinéma avant la chute totale de la saga dans la nullité. Hellraiser Bloodline, outre le pari risqué de se dérouler dans l’espace, décide aussi, comme pour beaucoup de saga, de dévoiler l’origine de l’histoire. Le film est donc une sorte de film à sketch, avec une partie se déroulant au XVIIIème siècle, une de nos jours, en 1996 donc, et une dans le futur en 2100 et quelques. Et comme pour tous les films découpés en plusieurs parties (vu qu’on ne peut pas vraiment parler de sketchs), celles ci seront inégales entre elles, en plus des autres faiblesses du à la production chaotique du film. Après un prologue où Paul, le personnage principal, nous raconte le passé de sa famille, (les deux histoires se déroulant dans le passé et de nos jours), nous entamons la première partie, de loin la meilleure. Il faut savoir qu’originellement, le film se déroulait chronologiquement, plutôt que d’être raconté par le personnage de la dernière partie. Mais ayant pu voir dans une qualité VHS sans mixage et sans musique la version Workprint, j’y reviendrais sans doute samedi prochain.

Ironiquement, c’est donc dans cette première partie, où Pinhead n’apparaît pas puisque son personnage n’est pas encore dans la mythologie à cette époque, que se trouvent les meilleurs moments du métrage. Le réalisateur parvient à instaurer une ambiance glauque qui rappellera par moments le premier opus, et se permet une petite dose de gore, discrète, mais rendant très bien à l’image grâce à l’ambiance. Nous faisons enfin la rencontre avec le créateur de la fameuse boite, un français (et oui !), et tout s’explique enfin. Malheureusement trop courte, cette partie est excellente, et nous ferait presque oublier le ratage du troisième opus, même si celui ci nous expliquait aussi des choses, mais sur la création de Pinhead. En plus de découvrir le créateur de la fameuse petite boite, et donc comment sa lignée va être intimement liée avec celle-ci, nous découvrons un autre nouveau personnage, celui d’Angélique. Encore une fois, il faut savoir que l’actrice, Valentin Vargas, a été redoublée au montage (elle ne l’est pas dans la version Workpring, nous offrant un accent français très prononcé). Angélique est en quelque sorte la première cénobite, même si elle apparaît beaucoup plus souvent sous sa forme humaine, et sera d’une grande cruauté. Un nouveau personnage intéressant, bien que mis un peu de côté dés l’apparition de Pinhead, dans la seconde partie du métrage donc. Seconde partie beaucoup moins convainquant malgré quelques réjouissants effets sanglants et quelques bons dialogues de Pinhead, même si celui ci se met à philosopher un peu trop. Cette partie relie d’ailleurs le métrage avec le troisième opus, et donc avec les deux premiers aussi, se déroulant principalement dans un bâtiment construit à l’effigie de la boite (et donc, probablement le bâtiment que l’on aperçoit à la fin du troisième film). Cette partie va pêcher sur pas mal de domaines, tout d’abord son rythme assez étrange, puis son interprétation allant du passable au mauvais.

Bien que d’un niveau assez faible, cette seconde partie contient quelques bons moments, comme la création de nouveaux cénobites (les jumeaux), la présence de Pinhead bien que parfois un peu inutile, et une scène bien gore mettant en scène Angélique, toujours sublime. Les nouveaux personnages arrivant dans l’histoire sont finalement peu intéressants, et on commence doucement à, avouons le, se faire chier. En fait, dés que ce Hellraiser Bloodline remet en avant Pinhead, il tente d’être alors une continuité de Hellraiser 3, et donc est moins convaincant. Néanmoins, il aura pour lui des cénobites beaucoup moins stupides que dans le troisième film (il était impossible de faire pire que le cénobite lance CD ou le cénobite caméra de toute façon), et si Pinhead se retrouve souvent à philosopher, il délaisse son humour, et ça, c’est cool aussi. C’est alors que la dernière partie, la plus faible du métrage, se déroulant dans l’espace, arrive. Peut-être que le scénariste trouvait l’idée excellente ou que les producteurs lui avaient imposés ça, mais toujours est-il que Pinhead dans l’espace, ça ne fonctionne pas, et que l’on a beaucoup de mal à y croire. Creuse, mal foutue, parfois ridicule, cette dernière partie nous achève en trahissant un peu la mythologie d’origine en continuant la voie ouverte par le troisième opus. Ainsi, Pinhead et ses cénobites tuent tout le monde, et rapidement, on a l’impression de regarder un Jason X fauché mais tout aussi mauvais bien avant que le film ne soit produit. Les cénobites arpentent les couloirs, les marines sont là, ils sont armés, et ils vont tous finir par mourir. Le gore sera toujours là, mais la sauce ne prend pas. Tout comme la finalité de l’histoire, finalement bien ridicule, qui nous pousse à crier haut et fort : tout ça pour ça ? Car dans sa version cinéma, il est parfois dur de comprendre en plus les enjeux de l’intrigue. Le héros veut tuer les cénobites en ouvrant une boite dans l’espace et il y a un temps limite pour cela. Pourquoi ? Mystère, tout ce qui est explicatif ayant été coupé de la version cinéma… Hellraiser Bloodline a sacrément souffert de sa production calamiteuse, les producteurs voulant à tout prix livrer ce qu’ils pensent que le public veut (de l’horreur cool, Pinhead) et éloigner les créateurs originaux de la saga (Barker, encore cité ici et présent à quelques stades de la production, ne sera même plus contacté pour les opus suivants). Et s’il rentabilisa son budget de 4 millions, il fut le dernier Hellraiser à débarquer au cinéma, et malgré tout le seul que j’aurais vu au cinéma (par contre, ne me demandez pas comment j’ai pu rentrer dans la salle alors que j’avais 10 ans et qu’il était interdit au moins de 12, je ne sais plus). Épisode souvent haït des fans, Hellraiser Bloodline est inégal, bancal, boiteux, mais malgré tout, dans sa première partie, il retrouve l’ambiance Hellraiser.

Les plus
La première partie, excellente
Angelique, intéressante
Quelques bonnes scènes
Les moins
La seconde partie moins intéressante
La partie dans l’espace, mal venue
Beaucoup de choses pas exploitées ou coupées

En bref : Loin d’être un bon film, mais loin d’être totalement mauvais, Hellraiser 4 est juste très inégal, enchainant une première partie d’anthologie, une seconde un peu chiante et une dernière véritablement mauvaise et risible.

4 réflexions sur « HELLRAISER BLOODLINE de Alan Smithee (1996) »

  1. Un development hell pour « Hellraiser » : rien de plus normal au fond. 😉
    Je n’ai pas vu ce quatrième opus très spatial, mais j’ai bien l’impression qui peut encore orbiter un moment sans moi. Par contre je n’ai pas bien compris ce que venait faire le vampire Lestat dans cette histoire…

    1. Haha oui si on le prend comme ça, c’est tout à fait vrai 😉 Mais ce quatrième opus est meilleur que le 3, sa première partie (sans vampire Lestat 😉 ) est même bonne, et il a au moins tenté quelque chose : à la fois nous raconter l’origine du fameux cube, et conclure la saga en tuant Pinhead.
      Dommage que la partie dans l’espace soit ratée, et que Miramax/Dimension Films ai décidé que non, on ne tue pas quelque chose qui rapporte de la tunes…

      1. De toute façon, même si on tue quelque chose qui est censé déjà être mort, il y a toujours un moyen de le faire revenir, les nécromanciens du scénario savent très bien faire ça. Surtout dans la perspective d’en tirer encore quelques billets verts de plus ! C’est ça aussi la magie du cinéma. 🙂

        1. Oui on est d’accord, surtout à Hollywood, et surtout dans le système actuel qui ne prend pas de risques. Mais Hellraiser est tout de même un cas presque à part. De ce que j’ai lu, à l’époque, Doug Bradley, Clive Barker et Peter Atkins, pour eux, c’était clairement leur dernier film. Peter Atkins avait dit en interview que si on lui demandait de revenir, ce serait non, car pour lui il avait raconté l’histoire (bon, on ne lui a même pas demandé).
          Et par la suite, Dimension Films a lancé 1 ou 2 suites tous les 5 ans pour garder les droits, MAIS en prenant des scénarios existants qui n’avaient rien à voir avec Hellraiser, puis paf, une réécriture pour introduire la boite et les cénobites, et c’est in the pocket. C’est presque de la fausse suite à l’italienne. Du coup les suites passé le 4, ce n’est même pas un tour scénaristique, mais un tour de producteurs seulement 😉

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