LE FILS DE GODZILLA (怪獣島の決戦 ゴジラの息子) de Fukuda Jun (1967)

LE FILS DE GODZILLA

Titre original : 怪獣島の決戦 ゴジラの息子 – Kaijū-tō no Kessen Gojira no Musuko
1967 – Japon
Genre : Kaiju Eiga
Durée : 1h24
Réalisation : Fukuda Jun
Musique : Satô Masaru
Scénario : Sekizawa Shinichi et Shiba Kazue
Avec Kubo Akira, Takashima Tadao, Maeda Bibari, Hirata Akihiko, Tsuchiya Yoshio et Sahara Kenji

Synopsis : Des scientifiques mènent des expériences climatiques sur l’île de Solgell, ce qui a pour effet de déclencher une tempête et de transformer les mantes locales en monstres géants : les Kamacuras. Alors que celles-ci découvrent un œuf géant et s’apprêtent à tuer le bébé, Godzilla arrive et lui sauve la vie avant d’entreprendre son éducation…

Avec Ebirah en 1966, la saga Godzilla dégringolait. Changement d’équipe avec Fukuda Jun à la mise en scène, Satô Masaru à la musique, budget plus réduit, moins d’ambitions, moins de destructions… Et un métrage surtout à destination d’un jeune public, Godzilla devenant un gentil monstre protégeant la Terre, les humains, tout ça. La saga devenait surréaliste, tout le monde se souviendra toute sa vie de ce combat de volley ball avec un rocher entre Ebirah et Godzilla. Pourtant oui, si on y fait attention, le métrage revenait également à des bases plus simples niveau histoire : pas de science fiction, d’aliens, de conquête de la Terre, un retour à un combat simple, à un peu d’exotisme. Et bien voilà que dés l’année suivante, Fukuda Jun remet le couvert, avec Le Fils de Godzilla ce coup-ci. Rien que le titre pourra en faire frémir plus d’un. Quand au métrage, s’il est souvent facile de critiquer les effets spéciaux des vieux films, et bien autant le dire, Le Fils de Godzilla était kitch, daté et ringard dés sa sortie. Le budget baisse toujours, l’histoire se déroule toujours sur une île (ça coûte moins cher en décors, et en destructions), de nouveaux monstres ratés débarquent, Godzilla est toujours aussi gentil, et le résultat encore plus catastrophique, sauf peut-être pour l’amateur de nanar. Le Fils de Godzilla est un mauvais film, tout simplement. La saga était déjà tombée bas avec Ebirah, mais là, elle plonge littéralement dans les tréfonds. Il faut dire que dés qu’un métrage rajoute un fils à son personnage, le résultat est discutable, et les exemples ne manquent pas pour confirmer mes dires. Nous avons donc ici des scientifiques et un journaliste sur une île perdue qui font des expériences. Expériences qui bien entendu, vont mal tourner. Et puis sur cette île, il y a des Kaijus géants, rien que ça, l’idéal pour travailler. Et un œuf géant, qui renferme, bingo, le fils de Godzilla. Enfin, de base, pas son fils à proprement parlé, mais la bête étant en danger, Godzilla débarque pour le sauver. Malheureusement.

Sur le papier, Le Fils de Godzilla a tout du gros nanar et qui ne s’en cache même pas. Les monstres ? Des libellules géantes, une araignée géante, le fameux fils de Godzilla, et Godzilla. Oui, malgré le potentiel nanar, sur le papier, le métrage a de quoi être généreux, avec pas mal de monstres et tout ce que l’on veut. On peut attendre des affrontements en masse, un peu de destruction, la base du Kaiju Eiga. Sur le papier seulement. À l’écran, c’est surréaliste, et ça n’a souvent aucun sens. Des scientifiques qui sont sur une île alors que celle-ci est peuplée de mantes religieuses géantes nommés Kamacuras ? Bon s’ils aiment le risque tant pis pour eux vous me direz. Un journaliste ? Oui, il débarque au hasard en se parachutant car son estomac lui a dit qu’un scoop était dans le coin… véridique ! Une jeune femme qui se baigne sur l’île ? Oui elle y vit seule depuis des années parce que c’est comme ça c’est tout ne posez pas de questions bordel ! Le scénario et surtout les trous et erreurs de scénario ne sont pas les seuls fautifs. D’après le peu d’informations trouvées sur le film (Japon + années 60 = infos rares), le scénariste principal et le réalisateur étaient conscients qu’ils n’avaient pas d’idées et qu’il était dur de créer de nouveaux Kaiju. Mais heureusement, la Toho était là pour continuer la saga et créer le fils de Godzilla, Minilla. Bon, mais à part le scénario, il y a le résultat à l’écran vous me direz !

Mais jamais ça ne fonctionne, le ton enfantin du film irrite constamment. Pendant une petite demi-heure, le récit se concentre sur les humains, avant que la première expérience ne tourne mal et que nos mantes religieuses ne deviennent géantes. À la limite, malgré les personnages, cette première demi-heure peut divertir. Puis passé l’expérience, les Kamacuras découvrent un œuf géant, se mettent en tête de le détruire, faisant apparaître le fameux fils du titre. Et là, le film perd le peu de crédibilité qu’il avait, fonce droit dans le mur, droit dans le propos enfantin. Enfin, enfantin, moi personnellement, quand je vois le Fils de Godzilla, sa tête, son design, son cri d’otarie mourante d’un cancer en phase terminale, j’ai peur, je tremble. L’un des pires Kaiju inventé à mes yeux, ressemblant beaucoup plus à Casimir qu’à un Kaiju. Et comme il va prendre cher, les pinces de Kamacuras rebondissant sur son costume en mousse, Godzilla débarque pour le protéger, parce que… et bien parce que c’est comme ça ! Et avec son nouveau design depuis Ebirah, avec des yeux plus grands, plus ronds, plus blancs, un design un peu plus humanoïde, et bien non, Godzilla est moche ! Et le pire, c’est qu’une fois Godzilla avec son fils, le métrage change radicalement, nous voilà dans la partie apprentissage et comique du film. OUI, nous allons voir Godzilla apprendre la vie à son fils adoptif. Doux Jesus !

Le fils va essayer de cracher lui aussi un rayon radioactif, mais ne cracher que des ronds de fumée, et le film plonge encore plus loin dans la niaiserie totale. Ceux qui se prendront au jeu trouveront peut-être l’ensemble attachant, ou charmant, mais non, pas pour moi, Le Fils de Godzilla emprunte la voie de la niaiserie enfantine. Minilla va essayer de cracher des rayons radioactifs, va essayer d’attraper la queue de son père quand il dort, aura droit à une tape sur la tête quand il fait quelque chose bien… Consternant. Il y aura bien de temps en temps les autres Kaiju qui débarqueront pour rythmer le récit et essayer de relancer l’intérêt avec quelques combats, mais non, ça ne fonctionne jamais, l’ensemble est tellement surréaliste, tellement dégoulinant de bons sentiments. Et tout d’un coup, comme si ça ne suffisait pas, voilà que débarque l’araignée Kumonga, venue de… on ne sait où. Et c’est dommage ! Dommage car même si le budget descend encore une fois, il y a quelques bonnes choses. Le film se déroulant sur une île et ayant donc moins de maquettes, mais les techniques évoluant, celles-ci sont de meilleures qualités, les incrustations des Kaijus sur les plans avec les humains sont également de bonnes qualités. Kumonga et les Kamacuras sont également bien animés. Mais non, il y a Minilla, le côté niais, Godzilla passant de roi des monstres destructeur du Japon à maman poule. Et ne parlons même pas du final, contenant à la fois le pire et le meilleur du film, et qui continue d’enfoncer l’œuvre. De toute façon, devant la niaiserie général, devant les pitreries à l’écran du fils de Godzilla, était-il possible de rattraper l’œuvre ? Je ne pense pas ! Après tout, comme si tout cela ne suffisait pas, la musique accompagne parfaitement les images, les apparitions du fils de Godzilla étant souvent accompagnées d’une musique bien festive. Un peu plus et on se croirait au cirque ! Alors on pourra toujours se dire que le métrage ne se prenait pas au sérieux, et qu’après tout, le budget diminuant souvent, il était difficile de faire quelque chose d’abouti. Mais ce n’était sans doute pas une raison pour revoir les ambitions à zéro et surtout pour rendre l’ensemble aussi enfantin à s’en crever les yeux. Reste un plan final étonnamment beau, avec Godzilla et son fils attendant sous la neige… Mais le mal est fait, et la saga continuera dans cette voie…

Les plus

Un certain potentiel nanar

Les moins

Le fils de Godzilla
L’apprentissage
Le côté enfantin et niais
Le design plus humain et raté de Godzilla

En bref : Si Ebirah faisait chuter la saga bien bas, c’est bel et bien Le Fils de Godzilla qui l’enterre totalement. Insupportable et nanar au possible.

6 réflexions sur « LE FILS DE GODZILLA (怪獣島の決戦 ゴジラの息子) de Fukuda Jun (1967) »

    1. Je valide, et pourtant je suis un fan de Godzilla hein à la base, et je suis conscient des années qu’on les films dans les dents, mais y a des moments c’est pas possible, comme là. J’ai mal pour mon ptit Gojira 🙁

        1. J’aurais du t’inviter quand j’ai fais le marathon des 29 (par là) films :p Celui-ci fait parti des 5 pires de la saga (voir des 3 pires allez).

    1. Ben baisse de budgets constante, plus choix de la production de vouloir à tout prix viser un public enfant, plus des temps de production de plus en plus réduit = forcément, il a une sale gueule 😀 Si les six premiers opus se regardent facilement avec nostalgie, dés le film précédent, ça fonctionne plus. De là à dire que le changement de réalisateur joue, il n’y a qu’un pas que j’ai déjà franchis dans ma critique 😉

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