STAR WARS : LES DERNIERS JEDI (Star Wars: The Last Jedi) de Rian Johnson (2017)

STAR WARS : LES DERNIERS JEDI

Titre original : Star Wars: The Last Jedi
2017 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 2h32
Réalisation : Rian Johnson
Musique : John Williams
Scénario : Rian Johnson
Avec Mark Hamill, Daisy Ridley, Adam Driver, John Boyega, Oscar Isaac, Andy Serkis, Carrie Fisher et Kelly Marie Tran

Synopsis : Rey a retrouvé Luke Skywalker sur une planète perdue afin de lui demander de lui enseigner à maîtriser la force. Le Premier Ordre pendant ce temps poursuit toujours la Résistance.

C’est très rare que je parle de blockbusters lorsqu’ils sortent, d’autres le font et mieux que moi. Si je le fais, soit c’est parce que je me prend une claque, soit parce que le film en question divise totalement le public et les critiques. Et à de rares ocassions, pour évacuer l’énervement (Transformers par exemple). En cette année 2017, Blade Runner 2049 a prouvé qu’avec de bien belles intentions, il était possible de faire une suite à un film culte, de faire une continuité mais aussi un renouveau. Star Wars, pour moi du moins, c’était mort depuis des années. Les épisodes 1, 2 et 3 signés George Lucas n’existent pas, et si à sa sortie l’épisode 7 signé J.J. Abrams avait su me divertir, l’effet s’est peu à peu estompé, car oui, l’épisode 7 est un film inutile dans la saga. L’arrivée donc de Rian Johnson (Brick, Looper) à la fois à la réalisation et au scénario était une bonne nouvelle. Car Johnson, c’est un réalisateur qui a une patte, et c’est ce dont Star Wars avait clairement besoin. L’épisode 7 ne prenait aucun risque, et avec un épisode 8 solide, il aurait même été possible de réévaluer l’épisode 7 pour le voir comme une simple transition. Alors soyons clairs dés le départ, je n’ai ni détesté cet épisode 8, ni adoré. Juste… meeeh ! Il y a de très bonnes choses, et des moins bonnes. Et si je vous parlais au début de Blade Runner 2049, ce n’est pas anodin. Si je considère Blade Runner 2049 comme une réussite (et accessoirement le meilleur film de l’année), c’est grâce aux intentions derrière le film. Car même un film commercial, avec de bonnes intentions derrière, ça peut devenir de l’art. Et cet épisode 8, nommé Les Derniers Jedi, souffre de ces intentions, à tous les niveaux. On avait reproché à l’épisode 7 de ne prendre strictement aucun risqué ? Rian Johnson nous a écouté, et prend absolument tous les risques, TOUS. Le souci, c’est qu’à force de prendre tous les risques juste pour les prendre, il trahit quelque peu l’univers dans lequel se déroule l’intrigue, se paye quelques incohérences, des soucis de rythme et j’en passe.

Alors passons rapidement sur la mise en scène, là par contre rien à redire, le film est sublime. La mise en scène est appliquée, la photographie est très jolie, les cadrages sont pro, c’est de l’excellent boulot. Les décors sont également plutôt bons, les CGI ne sont pas hyper voyants. Visuellement, c’est du tout bon, mais vu le budget dont le film a du bénéficier, c’était la moindre des choses non ? Oui c’est splendide, il y a d’excellentes idées de plans et même de montage, et par moment une utilisation judicieuse du son, ou plutôt du silence. Mais c’est bel et bien dans son écriture que Les Derniers Jedi fait mal. L’idée de tout prendre à contre pieds, c’est bien, mais la façon de le faire passe souvent moins. Le film peut être clairement découpé en trois parties. La première concerne Rei qui retrouve Luke et va tenter de le convaincre de l’entraîner. Partie dans le fond la plus passionnante du métrage, même si on a l’impression d’avoir loupé plus d’un opus entre le Luke ultra optimiste de l’épisode 6 et le Luke dépressif, isolé, buvant le lait de… euh… vaches des mers ( ??!) sur une île paumée et qui aurait voulu tuer Kylo Ren à l’époque AVANT même son basculement total dans le côté obscur. Mieux vaut prévenir que guérir on me dira, sauf que bon, ce n’est pas Luke. Et c’est dans ce genre de petits détails qu’on voit bien à quel point Les Derniers Jedi part avec de bonnes idées mais aucun recul pour mettre ces idées à l’écran. Vouloir rendre les personnages moins manichéens, c’est tout à l’honneur de Rian Johnson. Mais trahir les personnages sans aucun cheminement pour aller du point A au point B, non. À côté, nous suivons Poe avec Leïa, fuyant avec la résistance, et le troisième groupe, à savoir Finn et la nouvelle venue, Rose. Si la partie avec Rei intéresse, et la partie avec Poe se fait plutôt rythmée, la partie avec Finn… se fait totalement inutile au récit, vient ralentir le rythme, et se fait même inutile tout court. On pourrait la supprimer du récit que ça fonctionnerait toujours pareil, sans incidences sur le final.

D’ailleurs donc, nous avons de nouveaux personnages dans cet épisode. Kelly Marie Tran joue Rose et se révèle être aussi inutile que son arc narratif avec Finn, mais également Benicio Del Toro dans le rôle d’un marchant, et Laura Dern en gradée de la résistance malheureusement peu exploitée et rare à l’écran. Et d’ailleurs, ça me tue de dire ça, ayant détesté le personnage dans le précédent, mais seul le personnage de Kylo Ren semble intéressant et vraiment évoluer. Et ne parlons même pas de Snoke, dont tout le monde attendait le traitement, car il n’y en aura pas. Triste. Mais venons en aux deux points qui fâchent. L’humour déjà. Si les Star Wars ont toujours eu des notes d’humour, autant dire que là, on franchit un cap, il y en a partout, tout le temps, de par tous les personnages. Si bien qu’au final, on se rapproche dans le ton général plus d’un film Marvel (tiens, c’est Disney aussi) que d’un véritable Star Wars. Chaque situation un tant soit peu grave se retrouve désamorcée par de l’humour. Et si certaines punchlines ou encore certains gags visuels fonctionnent, sur la durée cela reste usant et décevant. Aucune situation ne peut être grave dans ces cas là, on se détache des enjeux. Enjeux minces dans ce film d’ailleurs, puisqu’on a l’impression de retourner au point de départ, avec la Résistance fuyant encore et toujours le Premier Ordre. Passons maintenant aux choses qui fâchent plus, et donc entrons dans le paragraphe spoiler !

Parlons donc de tous ces moments WTF qui trahissent bien les intentions derrière le film. Quand on lance une trilogie, on fait un plan avant tout, et Disney n’a pas du faire ça, laissant ainsi chaque réalisateur faire ce qu’il veut. Et avec Rian Johnson, le but, c’est de prendre le contre-pied et de surprendre. Les révélations tant attendues ne viendront pas, et on fait parfois un peu tout et n’importe quoi. Snoke par exemple, imposant et semblant être une copie simple de l’Empereur de la trilogie originale ? Johnson décide de tuer le personnage en milieu de film, de façon stupide et simpliste. Rei semble pouvoir contrôler la force ? Cela est-il dû à ses parents ? Est-ce que l’entraînement la rendra surpuissante ? Révélations 0 à ce niveau, et l’entraînement… ouais bref passons. L’apparition de Yoda pour faire plaisir aux fans ? Oui, mais pourquoi Yoda peut lancer un éclair déjà, et surtout le fait pour détruire les enseignements Jedi. Je veux dire, il a créé tout ça, je ne le vois pas tout détruire car c’est comme ça. Et puis si un fantôme jedi est si puissant, envoyez les se battre depuis le début, ça économisera la vie de nombreux soldats. Et comment ne pas finir en parlant de Leïa. Ah la princesse… qui aurait du mourir au bout de 15 minutes mais qui survit par un tour de passe passe sans fondement ! Et la mort de Snoke, qu’on nous vendait comme surpuissant, et qui meurt de la manière la plus stupide qui soit ? Surtout que là, du coup, Star Wars Épisode 8 fait son truc, tue les anciens personnages, tue aussi des nouveaux, mais ne développe jamais les personnages censés devenir principaux depuis l’épisode 7. Il détruit, mais ne créé pas grand-chose. Les Derniers Jedi semble animé par une écriture voulant surprendre quitte à ne pas avoir de sens, et c’est dommage.

Dommage car oui, il y a également des bonnes choses. Outre la mise en scène à tomber, certaines scènes d’action foutrement bien foutues (le combat au sabre en milieu de film). Certaines idées sont même foutrement bonnes, mais souvent exploitées maladroitement. Puis bien entendu, sans doute la meilleure scène du métrage, les retrouvailles entre Luke et Leïa, moment de simplicité par excellence, mais qui fonctionne du tonnerre. Ce genre de moments éparpillés contenteront le fan, mais laissent un goût amer face à ce qui vient s’intercaler entre deux bons moments. Comme à chaque fois que l’on revient à l’arc narratif de Finn dans le casino. Limite je m’attendais à ce qu’il commande une Vodka Martini… au shaker, pas à la cuillère. Et surtout, arrivé au bout de ses 2h30 (le Star Wars le plus long), on reste avec une question aux lèvres : que va bien pouvoir raconter l’épisode IX ? Car là honnêtement, l’épisode IX pourrait se boucler en trois scènes. Les personnages sont établis, et soit peu intéressants soit déjà assez développés, il n’y a plus grand monde autant du bon que du mauvais côté. Non vraiment, courage Abrams pour le prochain.

Les plus

Somptueux visuellement
Quelques excellentes idées
Les retrouvailles entre Luke et Leïa

Les moins

De nombreuses incohérences et trous de scénario
Des intentions pas toujours parfaites
Quelques moments WTF
L’arc narratif de Finn

En bref : Star Wars 8 promettait beaucoup, surtout avec un réalisateur qui a un vrai style derrière. Malheureusement, son intention première semble être de démythifier le mythe, coûte que coûte, et c’est souvent mal amené.

6 réflexions sur « STAR WARS : LES DERNIERS JEDI (Star Wars: The Last Jedi) de Rian Johnson (2017) »

  1. « Il détruit mais ne crée pas grand chose » comme je suis de ton avis.
    Comme Rogue one, je n’ai pas détesté mais j’ai trouvé ça long, un peu comme les films de la deuxième trilogie sur fond vert. Ici la DA est plus chouette tout de même, mais ce scénario a vraiment un problème. Certes on a beaucoup reproché à Abrams de recycler les ficelles de la vieille trilogie mais il savait écrire un scénario dynamique, avec une progression, d’excellents choix d’intros des nouveaux persos, un humour sitcom efficace et bien géré (avec l’aide sans doute d’Ed Wright et Simon Pegg). Ici, comme dans Rogue one, ça marche beaucoup moins bien.
    Restent en effet des personnages principaux qui conservent un bon potentiel, heureusement.

    1. Ce qui est amusant, c’est que les critiques spécialisées, avec Rogue One puis ces Derniers Jedi, disent à chaque fois « le meilleur depuis l’Empire Contre-attaque »….
      Abrams, même si son épisode 7 est un remake quasi identique à l’épisode 4, a une bonne gestion du rythme et de son intrigue oui. Sans doute la qualité de son défaut. Alors que cet épisode 8 a les défauts de ses qualités. Maintenant je suis très curieux de ce que Abrams pourra bien faire avec l’épisode 9.

      1. Va falloir redresser le cap, surtout qu’entre temps un autre spin-off risque bien d’abîmer un peu plus l’image de marque.
        On dira ce qu’on voudra, Abrams avait fait le boulot plus que bien. Et c’est peu dire qu’il avait la pression. Je tiens son épisode pour ce qu’il y a de mieux dans la saga, pas loin derrière le IV et le V (parce que franchement, « le retour du Jedi », faut pas déconner, au secours).

        1. Ah oui… Le spin off sur Solo c’est ça ? Avec le changement de réalisateurs en cours de route ce qui en général n’est pas bon signe.
          Non clairement, je lui reproche le manque de prise de risques, mais en soit son film est bon, divertissant, rythmé. D’ailleurs, tu me donnes presque envie de le revoir !
          Par contre, tu me brises le coeur, même si Le Retour du Jedi a ses défauts qui passent moins quand on est adultes (mmmm les ewoks), ça reste un épisode carré, généreux. Pas le meilleur, mais loin d’être le pire.

          1. Hormis la partie chez Jabba et, à la rigueur, le duel final entre Luke et l’Empereur, il faut quand même accepter un plan plus foireux encore que celui de Poe Dameron dans le dernier épisode et le soutien des nounours insupportables. Quant à la réalisation de Marquand, désolé, mais si Abrams ou même Johnson avaient fait ça, on ne les aurait pas loupés.

            1. Haha possible pour la mise en scène de Marquand, il n’est pas un grand réalisateur, mais je pense que Lucas cherchait avant tout un réalisateur qui irait tout simplement dans son sens. Ça aurait été bien différent si Lynch avait accepté le film, mais sur ça aussi, je comprends parfaitement son refus.

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