PASSENGERS de Morten Tyldum (2016)

PASSENGERS

Titre original : Passengers
2016 – Etats Unis
Genre : Science Fiction
Durée : 1h56
Réalisation : Morten Tyldum
Musique : Thomas Newman
Scénario : Jon Spaihts
Avec Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Michael Sheen, Laurence Fishburne et Andy Garcia

Synopsis : Alors que 5000 passagers endormis pour longtemps voyagent dans l’espace vers une nouvelle planète, deux d’entre eux sont accidentellement tirés de leur sommeil artificiel 90 ans trop tôt. Jim et Aurora doivent désormais accepter l’idée de passer le reste de leur existence à bord du vaisseau spatial. Alors qu’ils éprouvent peu à peu une indéniable attirance, ils découvrent que le vaisseau court un grave danger. La vie des milliers de passagers endormis est entre leurs mains…

J’ignore pourquoi, mais depuis quelques années, les films de science fiction se multiplient. Et la direction est toujours différente. Récemment, on aura eu l’excellent Premier Contact de Villeneuve, la science fiction intimiste et humaine avant tout, on aura eu le très bon Life, soit la science fiction horrifique de série B bien foutue, Alien Covenant soit le ratage catastrophe, Ghost in the Shell en adaptant le film culte, et ce Passengers, soit la science fiction tout public et un peu facile, divertissante, bien foutue, mais assez lisse et surtout à la morale discutable. Passengers part d’un bon sentiment en tout cas. 5000 passagers et 250 membres d’équipage sont endormis pendant 120 ans pour un voyage vers une autre planète à coloniser. Mais suite à un accident, voilà qu’une des capsules déconne et que Jim se réveille. Le premier souci, c’est qu’il est impossible de retourner dormir sans assistance. Le second souci, c’est qu’il reste encore 90 années de trajet. L’espace infini, les décors froids et métalliques, la solitude, voilà donc les thèmes que Passengers nous promet. Et pendant un temps, ça marche. La mise en scène de Morten Tyldum est appliquée, quelques bonnes idées et belles scènes visuelles se glissent là, l’influence de Kubrick se ressent. Oui, Kubrick est là ! L’influence ne vient pas que de 2001 en plus, mais également de Shining, avec ce barman joué par Michael Sheen, androïde avec qui Jim pourra parler, et boire sans jamais payer. Puis après 20 minutes, voilà que Jim tombe sur Aurora, endormie. Il se retrouve face à un choix. Et forcément, la solitude devenant pesante après une longue année seul, il fait le choix de la réveiller, de lui cacher la vérité, et de lui faire croire qu’elle a aussi été victime d’une mal fonction.

Passengers pose alors au personnage et aux spectateurs un dilemme moral. On parvient à comprendre le geste de Jim, mais celui-ci est-il pour autant excusable ? Non ! Il vient tout de même de se prendre dans un sens pour Dieu en décidant du sort d’Aurora, en la condamnant à vivre une vie de solitude, et inévitablement, à mourir durant le trajet. Et tant qu’il joue sur ce dilemme, peu importe que les deux s’entendent ou non, Passengers passionne. Les plans sont sublimes, quelques passages clairement beaux, la romance naissante fonctionne même plutôt bien, et les deux acteurs font du très bon boulot. Dans son genre donc, Passengers fait le boulot, et on pourra même citer un enrobage sonore plutôt intriguant et beau, avec une bande son signée Thomas Newman (American Beauty, Skyfall). Lorsqu’inévitablement, Aurora apprend le geste de Jim, il en paye les conséquences, la vie à bord du vaisseau devient alors beaucoup plus distante, grise. Et c’est à partir de là, malgré encore quelques beaux moments, que Passengers se mord la queue. La faute à son scénario. À savoir dans un premier temps son côté ultra prévisible, si bien que l’on a toujours une longueur d’avance sur l’histoire. Si quelque chose doit mal se passer, et bien c’est parti, cela arrivera. Mais cela fonctionne aussi dans l’autre sens, si un élément, même gros, doit arriver pour que tout finisse bien, cela arrivera. Passengers devient alors prévisible passé sa première heure, et par moment énervant, puisque l’on espère toujours que le film prendra la direction opposée.

Un problème, quelque chose à réparer sur le vaisseau, on se doute que ce ne sera pas aussi simple, et forcément, un autre problème débarque. Une situation trop dangereuse, un personnage en péril, mais on se doute bien qu’il s’en sortira in extremis car c’est ce que le public veut, du frisson, pleurer un coup, mais ne pas prendre de risque. Après tout, il ne faut pas vexer le spectateur venu voir là un film de science fiction tout public avec deux stars au casting comme Jennifer Lawrence et Chris Pratt (même s’ils jouent très bien tous les deux). Mais il est vrai, un film peut être prévisible et efficace, et dans son genre, Passengers est efficace. Sauf qu’il atteint sur la fin une limite qu’il ne fallait probablement pas atteindre, autant en terme de prévisibilité que de morale. Car plus le film avance, plus il nous dit qu’en fait, son dilemme moral, c’était juste pour faire passer le temps avant l’arrivée des grosses catastrophes, et que bon, face à l’amour, condamner une personne à mourir avec soit, c’est pas si grave… Et ce côté que Passengers nous envoie dans la face m’a dérangé. Niveau romance dans l’espace, il n’atteint pas le niveau par exemple de Solaris de Steven Soderbergh, et pour la solitude, de Moon de Duncan Jones par exemple. Mais grâce à un solide emballage visuel, son mix de romance, de film catastrophe et de survie dans l’espace au final marche plutôt bien dans l’instant. Et au moins, avouons le, le film ne cache pas ses influences.

Les plus

Visuellement intéressant
Pas mal de bonnes influences
Casting solide
Les idées de base

Les moins

Un traitement ultra prévisible
Une morale assez douteuse au final
 

En bref : Passengers est un film de science fiction tout public, avec ce qu’il faut de bons sentiments et de catastrophes. Prévisible, pas abouti, mais divertissant.

5 réflexions sur « PASSENGERS de Morten Tyldum (2016) »

    1. C’est bien le souci du film, il est dur à détester, il a des idées, mais ça ne dépasse jamais vraiment le stade d’idée, ça livre juste un petit produit lisse, pas détestable, mais oubliable.

      1. C’est un peu aussi ce qui s’est passé avec « Life » aussi, de bonnes idées mais finalement juste un « Alien » en un peu moins bien

        1. Par contre le film Life a parfaitement fonctionné pour moi. Il faut dire que je l’ai vu avec un peu de retard, genre, une semaine après la vision de Alien Covenant, donc forcément, même si Life a des défauts, j’ai sans doute manqué un poil d’objectivité tant le film m’a offert ce que j’attendais.

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