PERSONAL SHOPPER de Olivier Asayas (2016)

PERSONAL SHOPPER

Titre original : Personal Shopper
2016 – France / Allemagne / Belgique
Genre : Drame
Durée : 1h46
Réalisation : Olivier Assayas
Musique : –
Scénario : Olivier Assayas
Avec Kristen Stewart, Lars Eidinger, Sigrid Bouaziz, Anders Danielsen Lie, Ty Olwin et Hammou Graïa

Synopsis : Maureen est une jeune américaine à Paris gagnant sa vie comme « personal shopper » pour une célébrité. Comme son frère jumeau aujourd’hui disparu, elle possède aussi une capacité aiguë à communiquer avec les esprits.

De base, j’aime bien le cinéma de Olivier Assayas. Irma Vep, Clean, Boarding Gate, ce sont des films pour lesquels j’ai de l’affection. Personal Shopper, malgré d’excellentes critiques en général dans la presse, et même un prix à Cannes (prix de la mise en scène), aura par contre divisé le public. Un budget réduit d’un peu moins de 6 millions, un tournage majoritairement à Paris, Kristen Stewart dans le rôle principal et présente dans 100% des plans, Personal Shopper nous propose un voyage souvent à la frontière des genres. On y trouve du drame, avec cette héroïne essayant de faire le deuil de son frère jumeau, du thriller avec ce stalker par sms, un petit peu de tranche de vie également avec le travail de notre héroïne, qui fait du shopping pour des célébrités, et même du fantastique avec des apparitions spectrales et des doutes constants. Un bien beau programme pour un film censé ne ressembler à aucun autre film donc. Sauf qu’au final, au bout de ses 1h45, Personal Shopper est une semi déception (ou une semi réussite, au choix), un film qui brasse une tonne de thèmes, une tonne de genre, pour nous dépeindre au final la solitude de Maureen, sa perte de repères, sa recherche de quelque chose de nouveau, mais qui en voulant en faire trop, ne boucle presque rien, et frustre. Pire en fait, sur ses 1h45, une bonne partie du métrage m’aura ennuyé. En fait, et c’est bête, mais toute la partie du film lorgnant vers le fantastique ne m’aura pas un seul instant intéressé.

Maureen essayant de communiquer avec son frère jumeau décédé, allant dans une maison pour essayer d’y rencontrer des esprits… les exemples ne manquent pas, mais soit le film se fait trop timide à ce niveau, soit il tombe dans un côté presque kitch. Qui semble être assumé certes, mais qui a du mal à passer lorsque des ectoplasmes blancs se dessinent doucement à l’écran. Ce n’est pas la première fois qu’Assayas flirte avec les genres, mais Personal Shopper échoue à mes yeux à ce niveau là. Par contre, il se rattrape clairement dans son aspect dramatique et thriller, malgré encore une fois quelques défauts, ou plutôt quelques éléments trop utilisés et qui lassent. Maureen donc essaye de faire son deuil, est la « Personal Shopper » d’une célébrité à Paris, choisissant ses vêtements, ses bijoux, sans jamais rien essayer. Mais au fond, elle le dit elle-même, elle rêve d’être quelqu’un d’autres. Ce qui petit à petit, avec un petit coup de pouce d’un inconnu via sms, va la pousser à essayer les vêtements et autres babioles de la célébrité en question. Le portrait de l’héroïne est en ce sens plutôt réussi et subtil, et fonctionne bien, surtout que Kristen Stewart est tout à fait convaincante dans son rôle. Assayas semble d’ailleurs s’appliquer, et il n’est pas surprenant de lire qu’il a écrit le rôle pour l’actrice en question. Il la met en valeur.

Quand au côté thriller de l’intrigue, si celui-ci reste la plupart du temps en retrait avant de prendre un peu plus d’importance dans le dernier acte, il ajoute un peu de rythme au récit (qui est très lent), et force un peu le personnage de Maureen à changer, à s’accepter, à tenter de nouvelles choses. Mais encore à ce niveau tout n’est pas parfait, et on pourra au bout d’un moment un peu pester contre ses trop nombreux échanges de sms entre Maureen et son stalker, surtout quand Assayas se contente alors de filmer simplement des écrans de téléphone portable. Alors certes au moins il évite les effets tape à l’œil, mais la simplicité de sa mise en scène devient alors un peu bateau. Par contre, le film m’aura convaincu lors de son dernier acte, et surtout en sachant couper pile au bon moment pour nous livrer une dernière image marquante et surtout convaincante. Personal Shopper est donc plutôt difficile à d’écrire. Loin d’être le chef d’œuvre que certains voient, loin d’être le mauvais film que l’autre partie du public voit, il reste un film intéressant, mais parfois maladroit. Parfois prenant mais parfois beaucoup moins prenant et du coup un peu longuet. Parfois sensible et intéressant, et par moment beaucoup trop mécanique ou peu convaincant. Un film où les genres se percutent, mais également où les qualités et les défauts se bousculent.

Les plus

Kristen Stewart
Quelques très belles scènes
Le côté dramatique

Les moins

Le côté fantastique du film
L’échange de sms, trop présent

En bref : Personal Shopper est bancal. Traversé parfois de très beaux moments, mais à force de vouloir être un drame, un thriller, d’être un peu fantastique, de mélanger les intrigues et les genres, il laisse beaucoup de choses en plan et déçoit sur pas mal d’aspects.

3 réflexions sur « PERSONAL SHOPPER de Olivier Asayas (2016) »

  1. Mouaif, je suis perso de moins en moins convaincu par le ciné qualité FEMIS de l’Assayas cinéaste (dans la famille je préfère le frangin musical). Je passerai peut-être un jour à « l’heure d’été », à la rigueur un des derniers qui me tente. Sinon j’aime bien Assayas quand il parle du ciné des autres.

    1. C’est vrai qu’en me repenchant un peu sur sa filmo, les films de lui que j’aime bien date des années 90/début 2000, après j’ai un peu perdu de vu son oeuvre ou alors les films ne m’intéressaient pas vraiment.
      Là Personal Shopper a mes yeux, c’est le genre de film qui a l’étiquette « film de festival » et qui s’assume. Au moins il s’assume comme tel mais bon, du coup pas spécialement ce que je recherche au cinéma.

      1. Je sais Assayas sincère dans ses choix et ses inspirations très variées par ailleurs (c’est un grand admirateur des films de Michael Mann donc forcément un gars bien 😉) mais pour moi la greffe ne prend pas dans ses films. « Après mai » c’était pas mal. Il faut que voie « Boarding gate » que j’ai en br depuis un bail.

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