88 MINUTES de Jon Avnet (2007)

88 MINUTES

Titre original : 88 minutes
2007 – Etats Unis
Genre : Policier
Durée : 1h48
Réalisation : Jon Avnet
Musique : Ed Shearmur
Scénario : Gary Scott Thompson
Avec Al Pacino, Alicia Witt, Leelee Sobieski, Amy Brenneman, William Forsythe, Deborah Kara Unger et Ben McKenzie

Synopsis : Expert universitaire en psychiatrie criminelle, le docteur Jack Gramm est aussi consultant auprès du FBI. Il a construit sa remarquable réputation sur ses « évaluations » infaillibles des individus et des facteurs de risque. C’est grâce à lui que le tueur en série Jon Forster a été arrêté et va être exécuté. Pourtant, des meurtres identiques sont à nouveau commis… Jack est convaincu qu’il a vu juste et que c’est un imitateur qui continue l’œuvre de Forster. Lorsque Jack se retrouve directement menacé de mort, il est lui-même condamné à prouver que ses théories sont justes parce que sinon, dans 88 minutes, celui qui le traque le tuera…

Sorti plutôt anonymement en 2008, 88 minutes n’a rien d’un grand film, malgré la présence d’un casting à la fois vieillissant et donc rassurant (Pacino, Forsythe) et jeune et montant (Witt, Sobieski). En fait, la production a été apparemment parsemée de problèmes. Jon Avnet, au départ producteur du film, se retrouve réalisateur, remplaçant James Foley (Comme un Chien Enragé, Fear, 50 Nuances Plus Sombres). Le film, ayant tout de même coûté 30 millions de dollars, fut tourné en tout cas bien avant sa sortie, puisqu’au départ, le film devait sortir en 2005, et ne débarqua aux Etats Unis qu’en 2008. Soit un an après sa sortie dans pas mal de pays d’Europe, dont la France qui eu droit au métrage en Mai 2007. Produit par Millennium Films, 88 Minutes représente plutôt bien la qualité des métrages de la société lors de sa « création ». Création entre guillemets, car avant d’être Millennium Films, il faut bien se rappeler que la maison mère de cette société est NU Image. Avant donc de tourner avec des stars dans des pseudos films d’action, c’était donc les Lethal Ninja et autres Cyborg Cop que la société produisait dans les années 90, avant de se lancer à la fin des années 90 dans le nanar animalier avec les Shark Attack, Spiders, Octopus, Crocodile et j’en passe. Mais à côté, la société voulait au départ s’essayer à un cinéma un peu plus prestigieux. Replicant avec Van Damne, ou Prozac Nation avec Christina Ricci, c’est donc eux aussi. Et après un nombre incalculable de métrages avec Steven Seagal, Mellennium Films est lancé. Et le souci au milieu des années 2000 de la plupart de leurs productions, c’est bel et bien que si l’on sent l’ambition, quelque chose coince. Le budget devient plus élevé, les têtes d’affiches impressionnent beaucoup plus, mais les films n’arrivent pas à convaincre, ou du moins jamais pleinement. Leurs débuts dans un cinéma plus prestigieux ? Edison (avec Morgan Freeman et Kevin Spacey), Zombies (avec Scout Taylor-Compton), The Wicker Man (avec Nicolas Cage) ou encore Le Dahlia Noir (de Brian De Palma). Pacino avait déjà pour eux en 2007 sur Righteous Kill, aux côtés de Robert De Niro, rien que ça. Bref, tout ça pour dire qu’ils rêvaient de grandes choses, mais qu’au début, ça a longtemps coincé avant que le succès n’arrive (avec The Expendables notamment).

Malgré l’ambition et le budget, leurs métrages gardaient un gros côté de série B, pas forcément assumé mais ultra voyant. 88 Minutes en souffre assurément, en plus d’afficher un côté classique ultra prévisible et qui ne dévie jamais vraiment de sa ligne directrice. Un film policier avec enquête et voulant jouer sur la tension et son twist final, il faut bien avouer que c’est un peu dommage quand l’ensemble est prévisible. C’est le cas ici. Jack, consultant au FBI, profiler, et prof dans une université, joué par notre bon vieux Al Pacino, se retrouve face à un souci lorsqu’il reçoit une menace de mort lui indiquant qu’il lui reste 88 minutes à vivre, pile le jour de l’exécution de Jon Forster, tueur en série condamné grâce à son évaluation. Pour ne pas aider, un imitateur tue les femmes de l’entourage de Jack de la même manière que ce fameux tueur, amenant donc la police après lui, et mettant son jugement dans la dite affaire en doute. Première chose qui frappe ici, oui le scénario est simple, plutôt prévisible et cousu de fil blanc. Même l’identité du fameux imitateur est facilement décelable. Bon, en chipotant un peu, on pourra se dire qu’avec son âge avancé, Pacino arrive tout de même encore à séduire un bon paquet d’étudiantes et de jeunes femmes diverses ! Car avouons le, le casting, en dehors de Pacino et de Forsythe dans le rôle d’un flic, est plutôt féminin. Et agréable pour les yeux d’ailleurs, avec Alicia Witt (Urban Legend pour son rôle le plus connu, mais elle jouait Alia, la petite sœur de Paul dans Dune de Lynch en 1984), Leelee Sobieski (Une Virée en Enfer, La Prison de Verre), Amy Brenneman (Fear, et déjà Heat avec Pacino) ou encore Deborah Kara Unger (The Game, Crash). On a vu pire en casting. Mais malgré un certain manque de subtilité, le casting n’est pas en cause dans le relatif échec de 88 Minutes.

Non, c’est plutôt du côté du scénario et de la mise en scène que l’on trouvera à redire, puisque l’un comme l’autre ne parviennent jamais à sortir le métrage de sa routine. Jamais nous ne serons surpris. Il faut dire que Jon Avnet, le réalisateur et producteur du métrage, n’est pas franchement connu pour ses talents de réalisateur, ayant surtout œuvré sur quelques téléfilms et pas mal de séries TV que personne ne connaît. Sa réalisation n’a rien de transcendant, se contentant de filmer les indications du scénario, sans jamais oser quelque chose, prendre un point de vu, ni même sans jamais nous surprendre au final, puisqu’utilisant des filtres sur l’image lors des flashbacks pour bien nous indiquer de quoi il s’agît. Quand au scénario de Gary Scott Thomas, scénariste aujourd’hui oublié à qui l’on devait Split Second (Killer Instinct en 1992), mais également l’histoire de Hollow Man et le scénario du premier Fast and Furious, il accumule les clichés et facilités. Aucune surprise dans le déroulement, aucun personnage sortant du lot et amenant un poil d’ambiguïté ou de doutes. Néanmoins, 88 Minutes n’est pas non plus une bouse comme beaucoup le disent. Il ne surprend jamais, s’oubliera sans doute aussitôt vu, mais l’aventure se fait rythmée, et se suit sans réel déplaisir, sans accroches particulières venant nous sortir de l’aventure. C’est juste qu’il ressemble à tous ces DTV nous racontant une histoire que l’on connaît déjà à l’avance, et qui ne cherche jamais à s’éloigner de sa ligne directrice tracée d’avance. Ça n’en fait pas le film du siècle, pas le film que l’on voudra revoir (sauf 10 ans après, si l’on a complètement oublié le film), mais pas non plus la bouse de l’année. Juste un petit film policier comme on en voit tant au final.

Les plus

Un casting plutôt solide
Un film rythmé qui se regarde

Les moins

Prévisible sur toute la ligne
Un aspect DTV un peu bancal

En bref : 88 minutes a très souvent des allures de DTV au casting de luxe. Ça se regarde, le film étant rythmé et sans grosses fautes de goût, mais il est prévisible et pas franchement extraordinaire, en faisant le film parfait pour un samedi soir pluvieux, que l’on oubliera rapidement après.

6 réflexions sur « 88 MINUTES de Jon Avnet (2007) »

  1. De Niro et Pacino, à nouveau dans le même film après deux monuments tels que le « Parrain 2 » et « Heat » : l’attente fut aussi grande que la déception ! Retrouver ces deux géants (certes en perte de vitesse depuis un moment) dans un polar aussi quelconque que ce « 88 minutes » relève du pur gâchis ! Le prochain Scorsese, « The Irishman », devrait corriger le tire…

    1. Mais, De Niro ne joue pas dans 88 minutes… Par contre de Pacino, j’ai vu récemment un autre petit DTV, pas mauvais mais oubliable : Hangman.
      J’attends beaucoup du prochain Scorsese !

      1. Ah mince, toutes mes excuses, Rick : j’ai confondu ce « 88 minutes » avec un autre John Avnet produit par Millenium Films, « La Loi et l’Ordre » (2008)… Du coup, mon commentaire précédent n’a plus aucun sens ! Je vais vérifier que De Niro joue bien dans « The Irishman », ça m’évitera de raconter d’autres conneries à l’avenir… 😥

        1. Haha aucun souci ne t’inquiètes pas, ça arrive. Pacino comme De Niro sont un peu habitués aux petits DTV depuis un bail maintenant en même temps, et au moins tu avais le réalisateur et la boite de prod de bon 😉

    1. Pour la défense du film, je suis certain que Pacino a fait bien pire dans le milieu du DTV des années 2000 😉

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